Inquisition

Sud modernité
Au sud du pays où tout est régi par une pensée unique, même le vote. New Preww

Par Akram Chorfi – Dans l’Algérie profonde, là où les populations sont restées en décalage par rapport à une certaine modernité urbaine, les actes et les comportements de la foule, parfois mue par des frustrations cumulées, telles que le chômage, la mal-vie, la misère sexuelle, etc. sont de véritables actes inquisitoriaux.

Toutes les frustrations, ainsi conjuguées à un mode de vie plat comme un trottoir et une façon de penser commune à tous les habitants de la région, produisent fatalement une hostilité violente à tout ce qui vient bouleverser cette vie sans aspérité, où la jeunesse, sédentarisée par des «universités à domicile», ne peut plus s’évader de l’oppression familiale et sociale, en allant à la découverte d’autres expériences humaines.

Avant d’être les acteurs de cette inquisition, ces jeunes en sont d’abord les premières victimes car forcés, dès leur jeune âge, à vivre, plus qu’ailleurs, sous le joug d’une société où les interdits structurent la vie quotidienne et les relations humaines.

Toute cette énergie libidinale contenue, déroutée, mal investie, incapable de se transférer – du fait de sa faible portée sociale – vers le champ du savoir ou, à tout le moins, vers le domaine artistique frappé à son tour par les fetwas qui diabolisent toute pratique créatrice et créative, est fatalement déversée, sous sa forme exaltée, dans la ferveur religieuse et le zèle moralisateur.

L’Etat et ses institutions ont souvent été complices ou complaisants vis-à-vis d’une certaine forme d’inquisition sociale, en n’essayant pas d’imposer un mode de vie républicain qui libère les individus du carcan communautaire, maintenant des villes de l’Algérie profonde sous le statut de grands villages dont les habitants se guettent, se jaugent et se jugent à chaque instant.

Dans certaines villes et wilayas, des communautés demeurent encore sous le régime tribal, réfléchissant comme un seul, votant comme un seul, vénérant les mêmes walis, reconnaissant les mêmes personnalités historiques, ruant, à l’unisson, dans les mêmes batailles, sans qu’il y ait, entre tous, un lien de rationalité qui justifie ce ralliement irréfléchi, sinon, peut-être, un gourou, par trop vénéré, qui empêche la citoyenneté d’advenir dans ces contrées et la modernité.

A. C.

Comment (4)

    Slam
    4 août 2018 - 20 h 54 min

    Ces énergumènes en claquettes et qamis sont la base même de l’électorat de ce Pouvoir. Un troupeau fourré à la religion jusqu’à l’os, qui votera le temps venu pour celui qu’on leur indiquera. Faire des prières contre la musique est l’invention du siècle. Parfois la religion rend vraiment débile. Et ne comptez pas sur ce Pouvoir pour éduquer le peuple et lui apprendre à être citoyen. Non il a besoin de ces « lumières » pour survivre. Entre débiles on se comprend.

    MELLO
    4 août 2018 - 19 h 37 min

    Mr Akram Chorfi , votre vision du terrain est tellement vrai ,que j’ai envie de deverser toute ma haine sur ce pouvoir inique qui eloigne deliberement, il faut le dire, des populations entieres , loin de toute notion d’existence « normale » , loin de toute notion de liberte individuelle. Mr Akram Chorfi , votre vision est loin , tres loin de cette «  vie capitaliste qui est un long fleuve de guerres tranquilles » de votre collaborateur Mesloub Khider. Cette population la ,ne comprent pas ce que sont les mots: rationnalite, lutte de classe, independance , jusqu’a ignorer ce droit d’avoir des droits. Rapprocher cette population du centre de decision , c’est envisager une decentralisation de responsabilites. Themes de ma proposition , redistribuer ce territoire immense en Etats federaux.

    GHEDIA Aziz
    4 août 2018 - 13 h 35 min

    Il y a plus d’une vingtaine d’années maintenant, le sociologue algérien Houari Addi avait parlé de « la régression féconde »; c’était alors l’âge d’or des « fréros » algériens avec comme corollaire la décennie noire qui a marqué les algériens à jamais. Les naïfs d’entre-nous l’avaient cru et avaient pris pour de l’argent comptant sa fameuse théorie. Nous pensions qu’effectivement cette régression, ce retour à la barbarie, allait nous donner quelque chose de nouveau, une nouvelle société plus instruite et plus tolérante. Nous avions attendu vainement. L’on constate aujourd’hui, avec ce retour… j’allais dire triomphal des salafistes, que finalement la régression n’est point féconde et que, bien au contraire, de son ventre, elle n’a engendré que régression.

    LOUCIF
    4 août 2018 - 10 h 27 min

    Moi, je n’ai pas trop envie de faire encore de commentaires concernant l’utilisation de l’islam à des fins politiques, la violence de l’islam envers les femmes, l’inquisition, l’apostasie , l’intolérance religieuse ou autre ! Mais je me permets simplement de faire remarquer que le pouvoir ne prend aucune précaution à violenté toutes les autres manifestations ou occupations rues sauf celles décidées par les islamistes … , les fous de Dieux, … les envoyés spéciaux de Dieu et du Prophète !

    Ce pouvoir a tabassé, violenté, blessé, saigné des médecins, des chômeurs, des retraités de l’armée , et sans pitié, mais il ne touche jamais aux fanatiques du Coran !!! Dès qu’on entend de sourdes voix récitaient des versets coraniques, on se couche, on se prosterne, on s’aplatit !! Les islamistes sont-ils des alliés comme le FLN, le RND, le TAJ, l’UGTA ….? La réponse coule de source. Ouallah mou3hdjiza 3hadjiba !!!

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