Le Libyen Ali Salabi : «Les propos de Haftar n’engagent que sa personne»
Par Kamel M. – Le leader islamiste libyen Ali Salabi a réagi à la déclaration hostile à l’Algérie de Khalifa Haftar, en affirmant que les propos de ce dernier «n’engagent pas le peuple libyen avec toutes ses composantes sociales et intellectuelles et qui veille au respect de nos frères algériens et au bon voisinage».
«Khalifa Haftar est devenu un véritable obstacle à la réconciliation nationale dans notre pays», a ajouté Salabi, qui a dénoncé des propos précédents de l’officier libyen qui dénotent «sa propension à l’effusion de sang à l’intérieur de la Libye» et qui «cherche désormais à porter la guerre à l’extérieur de nos frontières».
Pour le leader islamiste modéré, Khalifa Haftar représente une menace pour tout le peuple libyen dans la mesure où il concourt à l’instabilité de la situation dans le pays et à l’aggravation des conditions de vie des Libyens alors qu’il «ne jouit d’aucune assise populaire» et qu’il «ne sévit que grâce à ses milices soutenues par des organisations corrompues».
Salabi s’est dit convaincu que Khalifa Haftar sera remplacé au pied levé par un officier qui «veillera à la paix et à la stabilité nationales et régionales et aux intérêts de la Libye et de ses voisins». «L’appel de Haftar à porter la bataille en Algérie nous interpelle et nous oblige à faire savoir au vaillant peuple algérien que nous ne doutons aucunement dans son souci constant à préserver la sécurité et les intérêts de la Libye et à ne vouloir que le bien des Libyens», a souligné Ali Salabi qui a salué au passage «tous les efforts que l’Algérie consent pour le rétablissement de la paix en Libye».
Khalifa Haftar avait menacé l’Algérie dans une déclaration farfelue, amplifiée par la chaîne de télévision qatarie Al-Jazeera. La sortie de l’officier libyen intervient dans un contexte complexe marqué par des affrontements meurtriers dans la capitale libyenne, Tripoli, à la veille d’élections que Paris veut maintenir pour la fin de l’année, en dépit des profondes divergences entre les différents protagonistes de la guerre civile dans ce pays.
De nombreuses puissances étrangères se livrent une guerre par milices libyennes interposées. Khalifa Haftar, armé et financé par les Emirats arabes unis, est l’ennemi juré des Frères musulmans, appuyés par le Qatar. Le conflit entre ces deux monarchies du Golfe a déteint sur les efforts de paix engagés par l’Algérie.
A ce conflit entre bailleurs de fonds arabes est venu se greffer une guerre d’intérêts entre l’Italie et la France, Rome voulant récupérer sa «chasse gardée», alors que la France cherche à tirer les dividendes du renversement du régime de Kadhafi pour accaparer les richesses sous-terraines de la Libye, un des plus grands producteurs de pétrole et de gaz dans le monde.
K. M.
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