Presse : les imprimeries publiques dans le rouge

presse Kaouane
Djamel Kaouane, ministre de la Communication. New Press

Sadek Sahraoui – En Algérie, il n’y a pas que les titres de la presse privée qui éprouvent des difficultés à joindre les deux bouts. C’est le cas aussi des entreprises publiques relevant du secteur de la communication.

Le ministre de la Communication, Djamel Kaouane, vient d’admettre que certaines imprimeries relevant de son secteur ne sont pas loin du dépôt de bilan. Il a ainsi affirmé, jeudi, devant les membres du Conseil de la nation que le lourd déficit financier dont souffrent les imprimeries publiques, notamment dans le Sud, a amené son secteur à intervenir pour l’impression des titres publics, et ce «pour faire prévaloir le droit du citoyen, dans cette région, à l’information».

Répondant à la question d’un sénateur, Abdelkader Salem, sur «la non-exploitation optimale» de l’imprimerie de Béchar, alors que sa création «a été une décision courageuse de la part des pouvoirs publics», Kaouane a indiqué que la conjoncture économique de 2013 «était propice et marquée par la prospérité du marché des journaux», cependant, a-t-il expliqué, la situation a changé aujourd’hui, avec un marché «morose, ne générant aucun profit dans cette région».

Le ministère de la Communication a ajouté que l’Etat «a dû intervenir pour maintenir l’impression des titres publics dans les imprimeries du Sud, en dépit de l’incompatibilité de cette décision avec la logique économique», rappelant que cet investissement a été consenti sur la base de deux facteurs, à savoir l’étude de faisabilité économique et la garantie du service public au citoyen. «Nous avons choisi de faire prévaloir l’intérêt du citoyen», a néanmoins assuré Kaouane, selon l’APS qui rapporte l’information.

A l’occasion, il a fait savoir que «toutes les imprimeries publiques sont confrontées à la même situation, notamment les deux imprimeries du Sud (Ouargla et Béchar), qui enregistrent actuellement d’importantes pertes», dues en grande partie, a-t-il dit, au recul du tirage des journaux et l’arrêt de plusieurs des titres privés outre les conséquences de la crise économique. Ces imprimeries publiques, a-t-il assuré, selon la même source, sont aujourd’hui non seulement pas en mesure de réaliser des profits mais incapables de couvrir leurs frais.

Kaouane a fait savoir, en outre que l’activité commerciale parallèle, c’est-à-dire l’impression des livres et autres publications, est «devenue le levier principal permettant la survie de ces imprimeries».

S. S.

Comment (8)

    Noureddine
    6 octobre 2018 - 18 h 12 min

    Voilà des sociétés d’imprimerie qui ne répondent à aucune règle commerciale et ce depuis longtemps et qui aujourd’hui enregistrent des créances irrécupérables. On va encore essayer de les assainir : plan de sauvetage avec des décisions draconiennes réduction des effectifs ,réorientation de l’activité et le pire serait la fermeture ou leur vente au privé. Tout le monde sait que les imprimeries de l État sont un instrument pour étouffer la presse libre et la parasiter par deS journaux qui n intéressent personne sauf leurs promoteurs qui se sucrent sur le dos du contribuable et du tresor

    Yes
    6 octobre 2018 - 2 h 04 min

    M Kaouane ,les imprimeries publiques impriment les journaux pro pouvoir gratis,c pour ça qu’elles coulent. Elles impriment gratis des journaux bidon pour contrer les titres privés contre pouvoir,et vous leur donnez des pages de pub publiques à perte. Des journaux qui ne sont meme pas diffusés sont imprimés gratuitement.

    Lady Faria
    5 octobre 2018 - 15 h 53 min

    Pas que dans le Sud et pas qu’en Algérie. Partout dans le monde, les imprimeries s’essoufflent. Il se peut même qu’elles disparaissent complètement à moyen terme. Et si la presse papier est en perte de vitesse, c’est que l’heure est au numérique. Tout le monde ou presque préfère lire la presse en ligne.

      Karamazov
      5 octobre 2018 - 20 h 31 min

      En plus du numérique il y a la disponibilité de l’information partout en ligne ( en dehors des journaux). De nos jours les journalistes travaillent comme n’importe quel internaute. Ils cherchent eux aussi l’info en ligne. Il n’y qu’à voir comment les télés sautent sur l’info. Le moindre événement elles en font des masses. Est-ce qu’on n’est mieux informés qu’avant? je n’en suis pas si sûr.

        Lady Faria
        5 octobre 2018 - 21 h 43 min

        Karamazov, ce qui est sûr, c’est qu’on a un plus large accès à l’information, à charge pour nous de faire le tri. . Entre les non événements présentés comme du lourd, les banals faits divers propulsés en une, l’intox, les fake news, les polémiques, les rumeurs et quelques bribes de véritable info, il y a de quoi perdre complètement le nord.

          Karamazov
          6 octobre 2018 - 10 h 12 min

          Surtout que l’information n’est qu’une marchandise comme les autres, vendue concomitamment avec de la pub. « La télé c’est pour vendre de la pub à des cerveaux disponibles », il a dit lui. On ne fait que meubler entre deux pub.

          Ce n’est pas tant les mœurs journalistiques qui ont changés, la technologie n’a pas tué tous les bels-amis ou les cytizens kane du journalisme, et la société du spectacle n’est pas née de la dernière pluie.

          J’ai posé un jour une question à un publicitaire qui travaillait pour les industries tabagières : comment vous réussissez à vendre vos produits avec des pubs aussi débiles ? Il m’a dit : tu n’as rien compris, On ne s’adresse pas aux cerveaux conscient et récalcitrants, nos cibles étaient les 5 à dix pour cent de gogos qui nous rendre leur « cerveau inconscient » disponible ( pub subliminale).

          En clair, ils s’en fichent de ceux qui trient l’info et qui l’analyse ou même qui réagissent un instant, tant qu’il y aura des cerveaux compliants.

          Lady Faria
          6 octobre 2018 - 11 h 04 min

          Une vaste fumisterie en somme!

        Lady Faria
        6 octobre 2018 - 7 h 25 min

        J’ajouterai que si une proportion minime d’info est ainsi noyée dans une mare de cancans, c’est pour mieux nous leurrer. Mis à par quelques rares médias plus ou moins indépendants, la presse n’est qu’un outil de contrôle des masses qui regardent la scène audiovisuelle (à la télé ou sur le web) comme une émission de télé-réalité et qui gobent naïvement le flot incessant de pseudo informations diffusées en continu pour mieux les distraire du peu de véritable actualité distillée au compte-goutte.

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