Selon une étude africaine : «L’Algérie nouveau pôle de transit de la cocaïne»
Par R. Mahmoudi – Une enquête sur le marché de la cocaïne, réalisée par des chercheurs de l’Institut d’études de sécurité ISS Today et reprise par le quotidien français Le Monde, affirme que l’Algérie tend à devenir «une nouvelle étape sur la côte de la cocaïne» et «un nouveau pôle de transit» pour le marché européen.
Pour cette organisation africaine spécialisée dans la criminalité transnationale, la saisie, en mai dernier, de 701 kg de cocaïne dans le port d’Oran démontre indiscutablement que les trafiquants ont bien voulu transformer l’Algérie en zone de transit, après avoir sécurisé les itinéraires et testé le terrain au préalable par de petites transactions. Ils expliquent que cette saisie suggère que la cocaïne transite de plus en plus par la côte nord-ouest, alors que, d’habitude, les stupéfiants d’Amérique du Sud arrivent en Afrique par la côte ouest avant d’être distribués en Europe et au Moyen-Orient.
«Avant d’envoyer des quantités aussi importantes, affirme l’étude, les cartels de drogue sécurisent généralement les itinéraires et disposent de solides partenaires locaux ainsi que sur les marchés finaux». Pour eux, «ce n’est pas un hasard si Oran a été utilisé comme port de transit». Etablissant la responsabilité du Maroc dans ce trafic de cocaïne, les auteurs de l’enquête expliquent que cette tendance nouvelle s’appuie sur les routes historiques du cannabis qui prolifèrent au Maroc. «Il existe des liens anciens entre les cartels de la drogue sud-américains, les trafiquants de cannabis marocains qui s’appuient sur des réseaux solides du nord-ouest de l’Algérie. Ces ramifications font de l’Afrique du Nord un pôle de transit « prometteur » pour le trafic de cocaïne. La côte entre Casablanca et Alger, qui passe par Oran et Rabat, est un « arc d’or » pour les trafiquants de drogue. Il offre une fenêtre sur trois continents en étant à proximité des marchés de consommation européens».
Par ailleurs, ce qui prouve que cette quantité – il y en a eu une deuxième, saisie cette semaine au large de Skikda – n’est pas destinée à l’Algérie, c’est que le marché national, selon cet institut présent dans quatre pays africains, se trouve «trop étroit pour permettre d’écouler une telle quantité de stupéfiants». A cela s’ajoute le prix très cher de la cocaïne en Algérie, «puisqu’elle se vend entre 145 et 290 euros le gramme». Ce qui l’amène à en conclure qu’«il est donc bien plus probable que la marchandise ait été en transit en Algérie, prévue pour être livrée sur les marchés européens et au Moyen-Orient».
Autres signes confortant cette hypothèse selon laquelle l’Algérie aurait été choisie pour être une zone de transit de ce stupéfiant, au moins depuis 2015 : la découverte d’autres quantités, notamment au port sec de Baraki (156 kg), où la cocaïne était dissimulée dans un conteneur alimentaire transportant du lait en poudre importé de la Nouvelle-Zélande et transitant par l’Espagne vers l’Algérie.
Aussi le choix des zones portuaires algériennes pour l’acheminement de ces drogues s’expliquerait-il par «la montée en flèche» des importations algériennes ces deux dernières décennies, grâce à la hausse de la rente pétrolière. L’enquête rappelle que ces importations étaient passées de 15,25 milliards de dollars en 2005 à 48,6 milliards en 2016, soit une croissance de 318%.
R. M.
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