Dialogue interreligieux : le pape François à nouveau en terre d’islam
De Rome, Mourad Rouighi – Confirmant que le dialogue interreligieux reste un axe fondant de son pontificat, le pape François s’apprête à être le premier successeur de Pierre à fouler le sol de la péninsule arabique et à effectuer une visite dans cette partie du monde. Il saisira, selon les observateurs, l’occasion de ce voyage aux Emirats arabes unis pour imprimer de manière franche sa volonté de jeter des ponts de dialogue avec plus d’un milliard et demi de musulmans.
Cette conviction, celle de l’Argentin originaire du Piémont, Jorge Mario Bergoglio, est ancrée dans une histoire personnelle faite de contacts, de rencontres, de témoignages mais, aussi, de prises de position courageuses, notamment en ce qui concerne la Syrie et la défense de la dignité des migrants ; elle est également abordée dans le cadre d’une longue démarche de synthèse, inscrite dans l’histoire avec un grand H, préférant les points communs à ceux de discorde et de friction.
En outre, ce chantier du dialogue, si cher à ce pape et que la ville d’Oran a pu vérifier récemment, se veut la pierre milliaire de ces retrouvailles entre la chrétienté et l’islam et une base pour l’avenir des rapports entre ces deux religions universelles.
Précisons tout de suite que le but n’étant point celui d’atteindre un improbable syncrétisme ou d’occulter les zones d’ombre, de part et d’autre, mais plutôt une adhésion conjointe à un élan qui prône la coopération et la compréhension entre ces deux blocs, constituant plus de 60% de la population mondiale et que d’aucuns voudraient condamnés à un choc éternel et inéluctable.
De même, cette visite, celle qu’il entamera demain aux Emirats arabes unis, permettra au pape François de réaffirmer certaines constantes de son magistère, à savoir une proximité et une amitié sincère envers les fidèles de la dernière religion monothéiste révélée.
Lui qui a plusieurs fois martelé lors de ses prêches que «nous avons beaucoup de choses en commun, la foi en un Dieu, l’Unique, le Créateur» et qui a noué avec d’éminents penseurs musulmans, dont le grand imam d’Al-Azhar, Ahmed Al-Tayeb, une relation amicale empreinte de respect et d’attention mutuels ; ce dernier, lors d’une récente visite du souverain pontife au Caire, lui a rappelé que «du point de vue musulman, ce Dieu commun a envoyé de nombreux prophètes à l’humanité dont Jésus, Messie et Verbe de Dieu, fils de la Vierge Marie, que le Saint Coran mentionne dans la sourate La Famille d’Imran».
De toute évidence, ce tronc commun autour duquel bâtir les fondements d’un dialogue, assurant, entre autres, la liberté de culte des fidèles chrétiens en terre musulmane et des musulmans en terre chrétienne est dans l’esprit de cette communion mise en avant par ces deux hommes.
Et, à cet effet, à la veille de cette visite, le pape François a tenu à remercier son ami et frère, le grand imam d’Al-Azhar, qui a tant fait pour faciliter la préparation de ce voyage et a souligné en langue arabe, au groupe de journalistes l’accompagnant, qu’il était heureux de rencontrer «eyal Zayed fi dar Zayed» (les fils de Zayed dans la maison de Zayed) en référence à feu Cheikh Zayed, fondateur de l’Etat émirati, une terre «de prospérité et de paix», «de soleil et d’harmonie», «de cohabitation et de rencontre», une terre qui accueillera demain cet homme de dialogue et de paix.
M. R.
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