Justice privée ?
Par Mrizek Sahraoui – C’est connu, l’absence de justice met la justice au ban des accusés. Alors que les magistrats et les avocats partagent la même crainte, affirmant de concert :«On nous prépare une justice privée», d’autres voix s’élèvent pour dénoncer la célérité avec laquelle sont traités les actes de violence imputés aux manifestants des Gilets jaunes et la lenteur du traitement judiciaire d’autres affaires, celles concernant notamment les violences des services de sécurité et l’usage, tous les samedis, de la force et de moyens disproportionnés par les policiers à l’encontre des marcheurs inoffensifs pour la très grande majorité d’entre eux.
A cela s’ajoute l’affaire Benalla du nom du membre de la «police parallèle», ont accusé d’aucuns, qui a «travaillé» jusqu’à l’éclatement de l’affaire éponyme aux côtés du chef de l’Etat, Emmanuel Macron. Beaucoup s’étonnent que la justice ne se soit pas autosaisie à la suite des nouvelles révélations accablantes à travers des enregistrements rendus publics, jeudi dernier, par le site Mediapart. De nouvelles informations qui confortent ceux qui, dès le début de l’affaire, étaient convaincus de la culpabilité du vigile de la République et ont, aussitôt, dénoncé un scandale d’Etat.
De paisibles Gilets jaunes sont fouillés, interpellés – plus de 4 200 interpellations en onze journées de protestation – en amont des manifestations puis aussitôt présentés devant un juge et, pour certains, mis sous mandat de dépôt. Alexandre Benalla, lui le grand petit homme qui rêvait de jouer dans la cour des grands, court toujours, bien qu’une multitude de charges pèsent sur lui. Il est accusé de faits d’usurpation de fonction et usurpation de signe réservé à l’autorité publique, il a molesté un manifestant, menti sous serment devant une commission sénatoriale, un parjure qui devrait lui coûter cinq ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende, gambadé avec deux passeports diplomatiques en poche sur les chemins tortueux de la France-Afrique, pour ne pas dire la farce-Afrique, revendiqué le soutien du «patron», comprendre Emmanuel Macron, une fanfaronnade que l’on retrouve dans la retranscription des enregistrements révélés par le site d’Edwy Plenel.
Pendant ce temps, la justice en France s’est endormie sur ses lauriers, dit-on craindre.
M. S.
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