Mercenariat

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Influence diplomatique, présence sécuritaire, intérêts économiques, la Centrafrique, pays en conflit depuis 2013. D. R.

Par Sadek Sahraoui Le débat prétendument de haut niveau initié, lundi, par le Conseil de sécurité de l’ONU sur les activités de mercenariat en Afrique centrale relève la suprême hypocrisie.

La majorité des membres de cette vénérable assemblée a traité de la question de long en large sans pour autant poser la question de savoir pour qui roule exactement la foultitude de mercenaires qui activent dans cette région.

Or, la question est cruciale. Les mercenaires n’existent que parce qu’il y a des gens qui les emploient ou qui font appel à leurs services. C’est élémentaire. Dans cette partie de l’Afrique comme dans beaucoup d’autres tout le monde sait que les mercenaires ou les «acteurs non étatiques», pour reprendre le jargon des politologues, ne sont généralement que les bras armés d’acteurs étatiques, autrement dit de pays. Des pays qui ne veulent pas apparaître au premier plan dans le cas de certains conflits.

L’exemple de la Centrafrique est à ce propos très édifiant. Tout le monde sait qui fait quoi et qui paye qui dans ce pays. A l’inverse, personne, pas même l’ONU ou l’Union africaine, n’a le courage de désigner les véritables coupables de l’instabilité chronique dans laquelle est plongée la République de la Centrafrique depuis maintenant de longues décennies. Entretenue sciemment, cette instabilité favorise bien évidemment le pillage des ressources minérales de cette très riche contrée africaine. C’est certainement l’objectif recherché.

Malheureusement, le débat du Conseil de sécurité de l’ONU n’a pas voulu abordé la question sous cet angle. Et il est aisé de comprendre pourquoi.

Dans le cas de l’Afrique centrale, en particulier, et du continent africain, de manière générale, il est à craindre donc que les activités de mercenariat connaissent encore de beaux jours. La crainte est d’autant plus fondée que l’on assiste aujourd’hui à l’arrivée de nouveaux acteurs étatiques sur le continent qui veulent aussi leur part du gâteau. Il est certain qu’ils recourront eux aussi à des sous-traitants armés si leur quête d’enrichissement est contrariée. C’est malheureusement ça aussi l’Afrique.

S. S.

Comment (2)

    Elephant Man
    6 février 2019 - 8 h 43 min

    Excellent article Mr Sahraoui.
    Je complète et l’UA qu’attend-elle pour enfin s’imposer.
    Et surtout comme l’a déjà fait remarquer le pays à quand un pays africain membre permanent de l’ONU : injustice flagrante.

    Elephant Man
    5 février 2019 - 20 h 19 min

    Le problème de l’Afrique c’est déjà la Françafrique.
    Sans oublier l’assassinat du Guide le Colonel Kadhafi Allah Yarhmou par le couple de criminels sanguinaires Sarko/ BHL.
    La Centrafrique est le pré-carré français.
    Sauf que la Russie développe les relations diplomatiques politiques économiques militaires avec Bangui sans néocolonialisme : la Russie a équipé et former les FACA forces armées centrafricaines, les 2 pays Russie et Centrafrique développent leur coopération économique cf. SPIEF 2018 (forum international économique de Saint-Pétersbourg) au cours duquel le chef d’État centrafricain était présent en qualité d’invité spécial de Poutine.
    Moscou apporte également une aide humanitaire : livraison de médicaments et d’hôpitaux mobiles y compris dans les zones qui étaient sous contrôle de groupes armés mercenaires. Et enfin la Russie fait un travail de médiation pour la réconciliation nationale et un retour à l’ordre constitutionnel sur l’ensemble du territoire Centrafrique.

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