La médaille du revers
Par Mouanis Bekari – On lit dans la presse que le personnel de la Présidence qui avait servi l’ancien Président jusqu’à la dernière épître est congédié comme de la vulgaire domesticité qui aurait chapardé l’argenterie à la fin des agapes. Mais, au lieu de l’opprobre qui sanctionne l’inconduite des gens de maison, les scribes qui consignaient les sentences de l’autocrate grabataire s’en repartent munis de recommandations qui les prémuniront, sinon contre les huées de ceux qui les reconnaîtront, au moins contre les affres de l’insécurité professionnelle.
C’est ainsi qu’ils s’en vont rejoindre, qui son corps d’origine, qui un asile accueillant, en attendant que le tumulte qui a mis fin à leurs fructueuses sinécures prenne fin. Ils pourront alors revendiquer ce qu’ils considèrent comme un dû, c’est-à-dire une charge prestigieuse dans un havre gratifiant de la République. Non pas dans cette République vertueuse à laquelle les Algériens aspirent et pour laquelle ils se mobilisent avec une exemplarité sans faille depuis deux mois. Non plus que dans une de ces institutions dont la charge exige des aptitudes avérées et des dispositions morales élevées.
Enfin, nulle part où les honneurs se méritent et où les médailles ont des revers pour rappeler à leurs récipiendaires que l’élévation sociale est un fardeau autant qu’une dignité. Non. La gratification qu’ils revendiquent est prodiguée par la république qu’ils chérissent et qu’ils ont servie. Celle des prébendes et des pourboires. La République des copains et des coquins, celle où les dignités s’achètent par la courtisanerie et la prosternation, celle enfin où les revers valent à leurs auteurs des médailles.
M. B.
Ndlr : Les opinions exprimées dans cette tribune ouverte aux lecteurs visent à susciter un débat. Elles n’engagent que l’auteur et ne correspondent pas nécessairement à la ligne éditoriale d’Algeriepatriotique.
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