Message intrigant sur des «menaces déjouées» : alarmisme ou raison d’Etat ?
Par Saïd N. – Le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Salah-Eddine Dahmoune, a jeté un pavé dans la mare, en révélant, samedi à Blida, que les marches pacifiques «ont fait l’objet de sérieuses menaces qui ont été déjouées par les services de sécurité».
Le ministre promet que ces menaces «seront dévoilées ultérieurement par le directeur général de la Sûreté nationale», en expliquant, à ce propos, que le non-dévoilement de ces faits graves est justifié par la crainte d’être «accusé de vouloir alarmer les citoyens», soulignant, néanmoins, que le récapitulatif de ces menaces «sera rendu public ultérieurement», sans fixer aucune date.
Il se contentera de dire que «viendra le jour où toute la vérité sera dévoilée», laissant croire que ces faits relèveraient de la raison d’Etat dont la mise à nu devrait avoir l’autorisation des plus hautes autorités politiques ou sécuritaires du pays. Auquel cas, il appartiendrait au chef de l’Etat, à son Premier ministre ou, surtout, au chef d’état-major de l’ANP de s’expliquer officiellement. Ce dernier a pris l’habitude de s’adresser au moins deux fois par semaine aux Algériens pour les haranguer sur la situation politique et sécuritaire du pays.
Cela dit, le timing choisi par le ministre de l’Intérieur pour faire de telles révélations laisse penser que le gouvernement cherchait, en même temps, à soigner l’image des services de sécurité au lendemain de la diffusion, à grande échelle, d’images peu valorisantes montrant des policiers en train de tabasser violemment des manifestants à Alger. Des images qui ont grandement écorné l’esprit de fraternité né de ce mouvement populaire. C’est pourquoi, d’ailleurs, le ministre de l’Intérieur n’a pas manqué, lors de son intervention à Blida, d’insister sur le fait que les forces de l’ordre demeuraient «à pied d’œuvre» pour parer à tout risque menaçant l’action pacifique du hirak.
S. N.
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