Polémique sur la façon dont la France se débarrasse de ses terroristes en Irak
Par Saïd N. – De nouvelles révélations retentissantes jettent une lumière crue sur la conduite des services de renseignements français vis-à-vis des djihadistes partis combattre au Moyen-Orient.
Après le témoignage d’un membre de la famille d’un terroriste français d’origine tunisienne, arrêté et condamné à mort en Irak, qui avait affirmé que les autorités françaises n’avaient rien fait pour empêcher ce dernier de quitter le territoire français pour gagner la Syrie via la Turquie, le quotidien Le Monde vient de révéler le contenu de quelques enregistrements de terroristes islamistes arrêtés en Irak, adressés à leurs familles, qui lèvent le voile sur la méthode des services secrets français pour s’en débarrasser et éviter leur rapatriement en France.
Dans des conversations téléphoniques, d’anciens membres de Daech dénoncent clairement la présence de «Français» au cours de leur transfert vers Baghdad où ils sont détenus à ce jour. «On a été transportés, le 26 janvier, en voiture. Les Kurdes, ils nous ont emmenés à la frontière, et à la frontière ils nous ont passés aux Irakiens. Il y avait des Français, des autorités françaises qui étaient là. On les a entendus parler. Après, ils nous ont emmenés de la frontière à Bagdad», assure Bilel Kabaoui, un des onze Français condamnés à mort en Irak pour appartenance à l’organisation terroriste autoproclamée «Etat islamique» (Daech), entre fin mai et début juin. Ces révélations démontent le discours de la diplomatie française, qui a toujours nié avoir été impliquée dans le transfert de ces onze Français des autorités kurdes syriennes aux autorités irakiennes.
Dans un autre enregistrement audio, un deuxième Français condamné à la peine de mort en Irak, Vianney Ouraghi, originaire de la région de Lille, affirme, lui aussi, à son père au téléphone : «Les Kurdes, ils nous ont fait passer en Irak. A la frontière en Irak, il y avait des Français qui étaient là, on les entendait parler.»
Outre le fait que la France enfreint les principes du droit européen, ainsi que la jurisprudence européenne, comme l’expliquent des juristes, l’attitude des services secrets français démontre qu’ils sont présents dans toutes les phases du processus qui mène les djihadistes français, recrutés comme des mercenaires, en Syrie et en Irak. Une attitude qui prouve, de façon irréfutable, leur responsabilité dans la violence terroriste qui sévit dans ces deux pays à ce jour encore.
S. N.
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