Menace de conflagration : jusqu’où ira le chef d’état-major dans son diktat ?
Par Houari A. – La réponse des citoyens, ce vendredi, à l’escalade verbale de l’octogénaire chef d’état-major de l’ANP est sans appel. Le peuple, qui manifeste pour le changement du système et le départ de tous ses symboles militaires et civils, menace de recourir à un autre mode de contestation si le pouvoir actuel ne suit pas l’exemple de l’ancien président Bouteflika qui a déposé sa démission pour, avait-il expliqué, éviter le pire.
Le mot d’ordre était clair et son apparition en ce début du mois d’août n’est pas fortuite. La rentrée sociale est proche et elle s’annonce explosive. L’économie est en berne et les premiers contrecoups du dangereux ralentissement de la machine industrielle se feront sérieusement ressentir dès la fin de la saison estivale.
Le flou qui entoure les affaires de justice aidant, les administrations sont à leur tour bloquées, les responsables à différents niveaux répugnant à signer quoi que ce soit par crainte de se voir inquiétés. De nombreux administrateurs subalternes se sont, en effet, retrouvés en prison pour avoir exécuté des ordres venant de leur hiérarchie. Cette peur bloque toute la machine et vient s’ajouter au nombre effarant de désinvestissements de nombreuses firmes étrangères, selon des sources concordantes.
La crise s’installe définitivement et les citoyens sont conscients que la situation socio-économique du pays ira en se dégradant si les décideurs actuels persistent dans leur entêtement à sauver l’ancien régime, en sacrifiant des pions pour tenter de garder le pouvoir.
Depuis ce vendredi, un nouveau pas a été franchi et, comme l’annonçait Algeriepatriotique voici plusieurs semaines déjà, le divorce entre le peuple et le chef d’état-major de l’armée en tant que voix exclusive de l’institution militaire est consommé. Répondant aux millions de manifestants – qui réclament son départ avec véhémence et en des termes acerbes – par des menaces et des mesures hasardeuses et irréfléchies qui exacerbent à chaque fois la colère des citoyens, le chef d’état-major de l’ANP a poussé ces derniers à passer à la vitesse supérieure dans leur mouvement lancé en février dernier mais qui peine, après cinq mois de marches hebdomadaires, à déboulonner les caciques du régime Bouteflika encore en poste.
Le rejet de ce qui est qualifié de «parodie de dialogue» par le hirak et par la majeure partie de l’opposition sonne le glas du pouvoir actuel, prolongement naturel de l’arrière-garde, qui n’a d’autre choix que d’emboîter le pas à Abdelaziz Bouteflika qui doit sa longévité à El-Mouradia – puis à la résidence-hôpital de Zeralda – à celui qui prétend aujourd’hui faussement l’en avoir délogé.
H. A.
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