Comment Gaïd-Salah a voulu diviser les Algériens depuis l’usurpation du pouvoir
Par Mohamed K. – Jamais l’Algérie n’aura connu un tel degré de division que depuis la prise du pouvoir par la force par le général Gaïd-Salah. Ses discours provocateurs et bellicistes ont laissé des traces indélébiles dans les relations devenues tumultueuses entre enfants de la même patrie : panarabistes contre défenseurs de l’identité amazighe, socle de l’unité nationale, régions contre régions, civils contre militaires, gendarmes et policiers, etc.
Les termes insultants utilisés par l’ancien chef d’état-major dans ses discours consacrés à partir des casernes et les qualificatifs racistes (les «zouaves») inventés dans les laboratoires de ses services contre les millions de manifestants, qui continuent de battre le pavé pour le changement de régime, ont trouvé preneurs chez les gens crédules, manipulés par les mercenaires qui infestent les réseaux sociaux où ils déversent leur rhétorique haineuse contre le peuple majoritaire qui aspire à une nouvelle Algérie, débarrassée de l’idolâtrie et de l’archaïsme.
En face, les millions d’Algériens qui ont prouvé leur force en faisant capoter la présidentielle du 12 décembre, quand bien même le siège vide d’El-Mouradia est à nouveau occupé, répondent par des qualificatifs tout aussi virulents, en accusant les partisans du pouvoir d’être des «lèche-Rangers» et des «vendus».
La différence est criante entre les citoyens qui manifestent les mardis et les vendredis et ceux à qui les chaînes de télévision à la solde du pouvoir font faire des gymnastiques invraisemblables pour louer l’immobilisme et le conservatisme voulus par les tenants du régime pour détenir les rênes du pouvoir à vie. Une Algérie qui avance et une autre qui vit dans l’idée que toute volonté d’en finir avec le système anachronique représente une menace sur la sécurité du pays, une idée ancrée dans les esprits de cette catégorie de citoyens peu instruite et attachée au mode de gouvernance fondé sur la dépendance envers l’Etat providence.
La «réconciliation» sera difficile. Ce mercredi, au lendemain des manifestations des étudiants et à la veille de celle de vendredi prochain, qui s’annonce gigantesque pour marquer la poursuite de la révolte pacifique après l’avènement de Tebboune et la mort de Gaïd-Salah, les outils de propagande du régime montreront les images d’un cortège funèbre «digne de celui de feu le président Boumediene», annonce déjà un média connu pour ses positions politiques versatiles.
Il est à craindre qu’il faille des années pour arriver à combler ce large fossé provoqué par les instigateurs de la discorde dont les conséquences ont été limitées grâce à la conscience et au sang-froid du peuple majoritaire qui a choisi la voie pacifique pour faire aboutir ses revendications légitimes.
N. K.
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