Saïd Bouteflika : «Gaïd-Salah a forcé mon frère à briguer le 5e mandat»
Par Kamel M. – Tout n’a pas été divulgué aux médias lors du procès en appel du tribunal de Blida qui s’est tenu dimanche et lundi. Selon des indiscrétions, Saïd Bouteflika a fait des révélations qui ont «déstabilisé» les magistrats au regard de la teneur des propos graves que le frère de l’ancien Président a tenus et des accusations sérieuses qu’ils a portées contre l’ancien chef d’état-major de l’armée. «C’est Gaïd-Salah qui a forcé mon frère à briguer les quatrième et cinquième mandats», a affirmé le prévenu devant le juge militaire. «Mon frère avait décidé de ne pas rempiler dès 2013 mais Gaïd-Salah a refusé et l’a incité à se présenter à sa propre succession malgré sa maladie et sa volonté de se retirer du pouvoir», a assuré Saïd Bouteflika.
Selon les mêmes sources qui ont assisté au déroulement du procès en appel, Saïd Bouteflika a indiqué que Gaïd-Salah a, dans un premier temps, forcé l’ancien chef de l’Etat à aller vers le cinquième mandat alors que ce dernier avait pris la décision définitive et tranchée de ne plus se présenter dès le début du Mouvement de contestation populaire. Gaïd-Salah a alors pris l’ancien Président en otage avant de le jeter en pâture pour paraître aux yeux de l’opinion publique comme celui qui a débarrassé le pays de celui qui «voulait s’accrocher au pouvoir». L’ancien homme fort de l’armée a alors retourné la situation en sa faveur pendant un court laps de temps, avant que les citoyens ne se rendent compte de la supercherie et réclament son départ ainsi que celui de tous les symboles du régime.
Les aveux de Saïd Bouteflika rejoignent ceux du général Toufik, qui a rappelé qu’il a été le premier à s’attaquer à la corruption pendant que Gaïd-Salah servait de bouclier au clan contre lequel il s’est retourné après le soulèvement populaire pour détourner l’attention sur ses propres frasques. L’ancien patron du Département du renseignement et de la sécurité (DRS) avait, auparavant, fait savoir à l’ex-Président qu’il ne pouvait continuer de diriger le pays en raison de sa maladie handicapante. Ce à quoi Gaïd-Salah s’est opposé, en allant jusqu’à pousser Bouteflika à limoger le général Toufik. Il s’avère, plusieurs années plus tard, et au vu des révélations de Saïd Bouteflika, que le véritable maître du jeu fut Gaïd-Salah et non pas le frère du Président déchu.
Gaïd-Salah n’a pas pardonné au général Toufik la remarque qu’il avait faite à Bouteflika lorsqu’il était hospitalisé à l’hôpital militaire français du Val-de-Grâce, en réclamant son rapatriement immédiat car cela posait un problème de sécurité nationale, d’autant que l’ex-chef d’état-major y avait tenu des réunions avec l’ancien Président dans des conditions qui faisaient peser de graves risques de divulgation de secrets d’Etat.
K. M.
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