Qui se cache derrière le démantèlement du tissu industriel privé national ?
Par Mohamed K. – Les industriels nationaux du lait n’ont pas digéré la virée de Tebboune à Riyad. Le recours des autorités à l’importation de cette denrée alimentaire de base d’Arabie Saoudite, auprès d’Almarai, pour transcender l’insolvable crise qui touche ce secteur sensible depuis de longues années, sans qu’aucune solution sérieuse ait été envisagée, a provoqué la colère de nombreux citoyens qui dénoncent une «nouvelle opération de destruction du tissu industriel national au profit des grands groupes mondiaux».
Une campagne de solidarité avec les producteurs locaux de lait a été lancée sur les réseaux sociaux pour empêcher la mort programmée d’une autre industrie après celle naissante de l’automobile et de l’électronique, qui commençait à prendre son envol, après que de nombreuses marques eurent pénétré les marchés africain et européen. Toutes ces entreprises sont aujourd’hui en situation de quasi faillite, et l’effort qui avait été entamé il y a quelques années pour sortir de la dépendance aux hydrocarbures ont été réduits à néant. Les errements politiques ont sonné le glas d’une réorientation de l’économie nationale vers la production locale qui, bien qu’ayant enregistré de nombreuses failles, ne préludait pas moins une embellie économique à terme si des ajustements adéquats avaient été opérés.
La vague d’arrestations de patrons de l’industrie embryonnaire, dans le cadre de règlements de comptes entre les clans au pouvoir, a gelé toute l’activité économique dans le pays. A cette stagnation périlleuse qui présage une grave crise sociale dans les semaines et les mois à venir est venue s’ajouter un retour qui ne dit pas son nom vers l’import-import, à travers l’accord que le successeur de Bouteflika vient de signer avec les Al-Saoud. Une fuite en avant qui ni ne réglera la crise du lait ni n’aidera les producteurs locaux, publics et privés, à se relever de ce choix impertinent qui traduit la crainte des dirigeants actuels d’affronter une rue déjà très remontée au cas où la pénurie de ce produit de première nécessité viendrait à perdurer.
Les gesticulations du clownesque ministre du Commerce étaient un signe avant-coureur de cette solution de rechange, le gouvernement étant incapable de résoudre des problèmes autrement moins complexes, la machine économique étant enrayée et l’administration paralysée.
M. K.
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