Epidémie du coronavirus : nous sommes tous sur le même bateau

médecin coronavirus
La lutte contre cet ennemi invisible nécessite la mobilisation de tous. PPAgency

Par Houria Ait Kaci – Des images hallucinantes du monde terrorisé par un ennemi invisible, un virus incolore et inodore, le Covid-19, montrent des milliers de personnes gisant dans les hôpitaux surchargés avec un personnel médical peu équipé – pas de masques, pas d’appareils respiratoires, pas de gel désinfectant. Des scènes de rue avec des armées déployées pour combattre la pandémie du coronavirus qui continue de faire chaque jour des victimes partout dans un monde tétanisé.

Il est difficile de venir à bout de cette épidémie, surtout dans les pays comme le nôtre où le système de santé publique s’est détérioré avec l’absence d’investissements durant les vingt ans de règne de Bouteflika et où les hôpitaux existants sont devenus des «mouroirs», faute de moyens et de maintenance, malgré le maintien de la gratuité des soins.

Le caractère inattendu d’une pandémie d’une telle ampleur qui a pris de court même les pays occidentaux, Europe et Amérique, où le nombre de victimes est le plus élevé jusqu’à présent, a vu l’Etat algérien mobiliser ses moyens pour faire face à l’épidémie, même si on observe des imperfections et des erreurs dans la gestion de cette crise par les autorités sanitaires qui doivent les corriger.

Mais il faut se demander aussi quelle aurait pu être la situation si notre Etat-nation s’était complètement effondré durant la crise politique et si notre peuple ne s’était pas mobilisé de façon collective et solidaire comme il a toujours su le faire dans les moments les plus difficiles de son existence.

Le travail de notre personnel médical et paramédical, ces soldats de première ligne qui affrontent cette épidémie avec peu de moyens et comptant déjà parmi eux les victimes tombées en héros, comme l’éminent professeur en chirurgie à l’hôpital de Blida, suscite admiration et considération.

Le travail de ces groupes de jeunes bénévoles qui désinfectent, de ces femmes qui fabriquent de façon artisanale des masques qu’elles offrent gratuitement, de ces travailleurs qui maintiennent l’activité économique malgré les risques, suscitent tout aussi l’admiration de tous les citoyens.

Mais il faut aussi s’interroger sur l’absence de la classe politique et des personnalités nationales qui avaient pour habitude d’occuper l’espace médiatique. Ou êtes-vous messieurs les politiciens ? Le confinement vous a-t-il rendu muets ? A moins d’être un adepte de la politique de l’autruche, il faut se rendre à l’évidence que nous sommes, tous, Etat et citoyens, embarqués sur le même bateau, le bateau Covid-19, s’il coule, nous coulons tous. Si vous ne faites rien maintenant, ne venez pas chercher nos voix lors des prochaines élections car nous serons peut-être déjà morts.

Il serait temps aussi que nos médias ouvrent davantage leur espace à nos experts et analystes pour nous éclairer sur cette pandémie, au plan médical, mais aussi au plan économique, financier et géopolitique. Des analystes étrangers qualifient cette pandémie de «guerre bactériologique», désastreuse ; d’autres estiment que c’est le signal de la fin de la mondialisation et le retour aux frontières et aux Etats-nations. Quelle sera la nouvelle carte mondiale et la place de l’Algérie ? Quelles alternatives pour l’Algérie post-coronavirus après la faillite du système capitaliste mondial ?

H. A.-K.

Comment (5)

    Zaatar
    2 avril 2020 - 16 h 44 min

    C’est la chine qui tombe malade en premier du coronavirus. C’est elle qui a connu en premier cette crise sanitaire. La première conséquence fut la dévaluation de sa monnaie. Chute libre. Conséquence immédiate le commerce chinois s’effondre et les sociétés étrangères, basees en chine, principalement européennes et américaines voient également leurs actions s’effondrer de plus de 40%. Ensuite le virus se propage en Europe et ailleurs et c’est toute la planète qui est malade. Et que fait la chine? Eh bien elle achète 30% des actions de sociétés européennes et américaines à bas prix. Entre-temps, la chine pour combattre le virus fait construire deux hôpitaux en 2 semaines. 12 000 lits prêts à accueillir les malades. Elle réussit à maitriser l’epidemie et se retrouve en possession de sociétés américaines et européennes et décide que ces sociétés restent en chine. On remarquera au passage que la russie et la coree du nord ont été faiblement impactées par le covid-19. Mais ce n’est pas le cas de l’Europe et des états-unis. La c’est une véritable catastrophe. Et dire que Pekin n’a presque pas été touchée. Et l’épicentre originel de la pandémie Wuhan est maintenant ouvert au commerce. Alors que celui des états-unis et de l’Europe est en train de toucher le fond.

    Anonyme
    2 avril 2020 - 11 h 24 min

    Quant à conclure que c’est « la faillite du système capitaliste mondial » c’est aller un peu vite dans cette analyse quelque peu superficielle. Après la seconde guerre mondiale on le disait aussi que le capitalisme était mortifère (comme le répète sempiternellement elephaltemane qui vit pourtant dans un pays capitaliste) et qu’il allait disparaître de la carte du monde.

    Et puis, non. C’est justement les régimes dits socialistes qui ont disparu au cours du XX° siècle. Le capitalisme s’est adapté pour repartir de plus belle au point qu’un régime communiste comme on le suppose pour la Chine applique les règles du capitalisme pur et dur!

    Tout arrive à son heure, il suffit d’attendre.
    Ce qui est remarquable c’est que toutes ces nations, la nôtre y compris, qui alignent de belles armées avec du beaux matériels sophistiqués capable d’anéantir « l’ennemi » se retrouvent complètement dépourvues devant cette pandémie d’un autre âge. La logique voudrait qu’on se pose la question suivante pourquoi dépenser des milliards de dollars dans un budget militaire susceptible de garantir nos vie et notre indépendance alors que c’est avant tout quand la société repose sur des bases sociétales fondamentales telles un excellent système de santé, une éducation performante, une justice intègre que n’importe quel état moderne est en capacité de réagir. A partir de là, toute nation peut construire son système de gouvernance qu’il soit fondé sur le capitalisme « mortifère » (la France d’elephantemane) ou le capitalisme d’état (Chine).

    Cette catastrophe actuelle qui détraque la monde entier en préfigure-t-elle pas une autre qui, prévisible celle-là mais que tout le monde remet à plus tard ou ignore délibérément va arriver ? Il s’agit bien évidemment du dérèglement climatique. Et là encore, c’est la terre entière qui devrait se sentir concerné. Et chute ou non du capitalisme mortifère, peu importe, le résultat sera à la mesure des dommages de l’inconscience humaine de toutes ces nations d’obédiences diverses et variés.

    De grandes civilisations bien avant notre capitalisme mortifère se sont éteintes et ont disparu à jamais. On peut espérer qu’à l’issue de cette épreuve tous les terriens prennent conscience que nos sociétés basées sur les sciences, la technologie et l’économie nous ont rendus interdépendants. La sagesse voudrait que l’on mette de coté les affrontements idéologiques, politiques, religieux. La raison recommande de commencer à gérer la terre intelligemment en fonction de la mondialisation que nous vivons de fait. Dans tous les cas nous ne pourrons jamais revenir en arrière. Tout arrive à son heure. Et nous sommes dans l’attente de ce qui va nous arriver pour nous-mêmes, notre famille nos amis, notre nation. Et aussi à tous ces pays qui affrontent la pauvreté et le dénuement.

    Quant à nous quelque soit l’issue de cette pandémie, il nous reviendra, si nous sommes encore de ce monde, de redéfinir le fonctionnement de l’état algérien.
    La gouvernance de Tebboune affronte donc cette pandémie avec des moyens que des personnes du corps médical jugent très insuffisants. Elle va devoir aussi affronter, dans très peu de temps, les problèmes économiques conséquemment à la chute du brent qui s’établit à 27.17 $ à ce jour. Et cette chute du prix du baril ne va donc pas lui permettre de relancer la machine économique comme la Loi de Finance 2020, établie sur la base d’un baril à 50 $, le prévoyait. Le pays risque donc de se retrouver en récession sinon en faillite avec, dans les deux cas, les conséquences prévisibles sur notre niveau de vie. La conjonction épidémie/virus/gouvernance faillible rend donc notre pays extrêmement fragile

    A partir de ces données, il serait bon de se poser quelques questions.
    Ainsi,
    — une gouvernance qui n’a pas le soutien ni la confiance de la majorité de la population, est-elle apte à prendre des mesures économiques qui seront nécessaires, mais surement impopulaires, pour redresser la nation et lui rendre confiance en elle-même ?
    — une gouvernance qui n’est que le paravent d’un pouvoir militaire qui ne veut pas montrer son vrai visage, peut-elle inspirer une nouvelle constitution rendant le pouvoir à la société civile?
    — une gouvernance qui serait dans l’incapacité de gérer la révolte populaire dans le cas d’approvisionnements alimentaires défaillants ne serait-elle pas obliger de laisser le pouvoir aux militaires pour rétablir « l’ordre »?
    — une gouvernance qui ignore délibérément les préconisations de bon nombre d’économistes algériens et étrangers sur les solutions que l’état algériens doit (et aurait dû depuis longtemps) mettre en place pour sortir du « tout pétrole », peut-elle être capable de mener cette révolution industrielle et économique plus que nécessaire?
    — une gouvernance qui s’est toujours contentée de gérer notre pays avec une économie informelle représentant 50% de l’économie globale, est-elle compétente à combattre la corruption et le népotisme ?
    — une gouvernance qui n’a pas de solutions viables et visibles pour la rénovation complète de notre système scolaire dans les domaines de la pédagogie, de la formation des professeurs, dans les contenus des programmes, a-t-elle conscience que le développement de l’Algérie passe par la culture, les sciences, une éducation qui forme des citoyens qui pensent et réfléchissent.
    — une gouvernance qui, pour des considérations religieuses, n’a pas de réelle politique de planification familiale et de régulation des naissances a-t-elle vocation a gouverné ? Sachant qu’à court terme, cela pèsera lourdement sur les capacités à satisfaire les besoins qui se poseront en termes d’éducation, de santé, d’emploi et de création de richesses.
    — une gouvernance qui maintient depuis 1984 un code de la famille plaçant la femme algérienne sous la tutelle du père et du mari alors que la Constitution algérienne fait d’elles, les égales de l’homme… Cette gouvernance sera-t-elle capable de mettre un terme à cette injustice et à rendre à la femme algérienne son rôle capital dans toute société moderne?

    Là est le problème de notre pays. Redonner le sens des responsabilités, le sens de la rigueur (merci elefentemane), l’esprit d’initiative, le désir d’entreprendre, le sens civique, la solidarité… ces vertus qui fabriquent de l’espoir et engendre un certain bonheur.

    Quelle sera la nouvelle carte mondiale et la place de l’Algérie ? se demande Houria Ait Kaci. Bonnes questions mais posons-nous d’abord les questions qui nous concernent au premier chef afin que nous soyons en mesure de répondre à celles que vous posez.

    Le Chant Des Cygnes
    1 avril 2020 - 21 h 17 min

    Certes nous sommes tous dans des bateaux, pas le même !
    Y’en a qui ont des moteurs, d’autres des rames, et nous…..

    Elephant Man
    1 avril 2020 - 13 h 49 min

    Excellente conclusion.
    Les médias doivent faire effectivement des campagnes de prévention avec des expertises médicales.
    Enfin, le capitalisme est mortifère.

    Zaatar
    1 avril 2020 - 13 h 43 min

    Les politiques c’est connu. C’est comme a la guerre de libération. Ils ont attendus l’indépendance pour rentrer au pays de l’étranger, soit disant qu’ils accomplissaient leurs devoirs depuis l’étranger. La suite on la connait. C’est un peu ce qui est en train de se répéter avec la guerre contre le Covid-19. Ca a marché une fois, pourquoi pas deux.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.