Pensée dominante

pensée Voltaire
La liberté de pensée est un acquis. D. R.

Par Mrizek S. – Quand c’est nécessaire ou, même, de temps à autre, pour un rappel à l’ordre salutaire, il faut faire sienne cette citation apocryphe : «Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’au bout pour que vous puissiez le dire», attribuée, à tort, à Voltaire, des sources l’ayant prêtée à la célèbre femme de lettres britannique, spécialiste de Voltaire justement, Evelyn Beatrice Hall, qui en aurait revendiqué la paternité.

Peu importe qui l’eût dite, mais le but de la convocation de cette célèbre et non moins percutante citation, pouvant être le compendium de tous les combats pour toutes les libertés malmenées – de penser, de presse, d’expression, etc., – menés partout dans le monde et à travers l’histoire.

La revendication du droit de jouir pleinement de la liberté de parole, ce qui, bien évidemment, ne veut absolument pas dire jeter l’anathème ni se répandre en invectives, la forme d’argument la plus ignominieuse, cette demande doit échoir en partage équitable et ne saurait être l’apanage de ceux-ci, de ceux-là, ou d’une élite, fût-elle intellectuellement outillée, voire héritière d’une quelconque autorité apostolique.

Les libertés de parole et de penser autrement se doivent d’être un acquis et, surtout, un droit pour tous, sans distinction ni discrimination d’aucune sorte. Sauf que l’appropriation qui devait, par principe, être collective de cet enjeu fondamental s’avère être un privilège exclusif d’une élite, et n’est effective que dans un seul et unique camp, presque jamais dans l’autre. Voilà une tautologie que dire que l’on a substitué à la libre-pensée la pensée dominante dans tous les domaines, politique, économique, social et, singulièrement, intellectuel, laquelle pensée dominante a conduit le monde là où il est aujourd’hui, c’est-à-dire dans un cul-de-sac.

M. S.

Comment (3)

    TOLGA - ZAÂTCHA
    7 juin 2020 - 14 h 34 min

    Votre article est très intéressant Mr. M.S. et à plus d’un titre, surtout dans sa conclusion. En effet, « La revendication du DROIT de JOUIR PLEINEMENT de la LIBERTÉ de parole… » ne peut se faire malheureusement « en dehors » de la PENSÉE DE L’OLIGARCHIE DOMINANTE, la DOXA actuellement en place qui dirige le monde. Pour pouvoir penser « LIBREMENT », il nous faudra, tout d’abord et avant tout, nous LIBÉRER de la pensée dominante de cette oligarchie mondiale qui imprègne et domine le monde qui nous maintient fermement dans ses serres d’Aigle. Le pouvons-nous ? Là, est toute la question….. Pouvons-nous émettre – LIBREMENT – la moindre idée CONTRAIRE que celle de la doxa de l’oligarchie mondiale actuelle ? Avant de pouvoir émettre une opinion contraire – EN TOUTE LIBERTÉ – dans nos propres pays….

    lhadi
    7 juin 2020 - 11 h 47 min

    Ne pas laisser dire. Ne pas laisser faire, sans réagir est une façon de se battre autrement contre le mensonge, contre le renoncement, contre l’abandon.

    Il est temps d’essayer de convaincre les Algériens qu’il n’y a pas qu’une seule politique possible, qu’on peut faire une autre politique, qu’on peut gouverner autrement, qu’on n’a pas tout essayé, que la fracture sociale, le chômage, l’insécurité, la stagflation et tous les maux qu’endurent le peuple, le pays, ne sont pas des fatalités, que l’Algérie n’est pas finie, qu’il n’est pas vrai que tous les experts sont d’accord avec la doctrine officielle.

    « La politique est l’art de rendre possible ce qui est nécessaire ». Les Algériens en ont assez qu’on leur fasse des promesses et qu’on fasse le contraire le lendemain. C’est une erreur de croire que le peuple ne comprend rien et qu’il est versatile. L’hypothèse inverse serait plus juste. Si le peuple sanctionna l’ancienne gouvernance, c’est peut-être moins parce qu’il a été incohérent, instable et qu’il n’a rien compris que parce qu’il a trop bien compris.

    Aujourd’hui, les anciens cabinets s’en vont, les nouveaux arrivent. Ce sont les mêmes, ou presque. Tout change en apparence. En réalité, dans la machinerie du pouvoir rien ne change. Mauvais présage. Je vois fonctionner, au jour le jour, la machine du pouvoir tout en rencontrant les forces vives de la nation. J’y ai mesuré mieux qu’ailleurs la crispation de la société algérienne, le fossé qui se creuse entre ceux qui sont en haut et ceux qui sont en bas et la dérive intellectuelle et morale d’un système de castes. J’y ai mesuré aussi la distance entre l’idée élevée que je me faisais encore de l’Etat, et la réalité de celui-ci avec ses citadelles inexpugnables, ses solidarités de corps, ses allégeances, ses jeux de pouvoir.

    En réalité, l’Etat ne manque pas de fonctionnaires compétents, il ne manque pas de bons techniciens. L’Etat se délité parce qu’il manque de stratégie, de dessein, de vision. Toute organisation dans laquelle la question « quelle mission ? » reste sans réponse est condamnée au déclin. C’est exactement la situation dans laquelle se trouvent la plupart de nos institutions.

    Dans l’Etat, le sens de l’Etat se fait rare. La pensée unique en revanche est de plus en plus pesante. Depuis vingt ans, elle façonne l’économie et la société, fabrique de l’insécurité, de la précarité, du chômage, de l’exclusion, de la ségrégation, et impose l’idée qu’il n’y a pas d’autre politique possible.

    La pensée unique dit : »Il n’y a qu’une seule politique possible. » A cause du principe de réalité. En réalité, la pensée unique est une idéologie qui se moque bien du réel, qui voit le réel comme çà l’arrange, qui poursuit ses propres fins et qui oriente tout l’effort collectif dans une seule direction.

    La pensée unique n’offre pas de prise, c’est une idéologie qui ne s’avoue pas, elle n’a pas de parti, et les hommes politiques qui déroulent son programme ne savent pas toujours ce qu’ils font, ni les conséquence de ce qu’ils font.

    Pour verrouillé qu’il soit, le système du pouvoir actuel avec ses citadelles et sa pensée officielle n’est pas plus éternel que les autres. Jusqu’à présent sa force lui est venue de ce qu’il ne disait pas où allait. Mais sa légitimité s’effondre au fur et à mesure que son projet de société se dévoile, que l’imposture intellectuelle et morale devient plus flagrante, que la distorsion entre ce qu’on ressent et ce qu’indiquent les faits. La pensée unique bute sur les réalités économiques, sociales, humaines…La conjoncture n’y peut rien. « On ne peut pas mentir tout le temps à tout le monde… ».

    En démocratie, il y a toujours une autre politique possible.

    Fraternellemet lhadi
    (lahdi24@yahoo;fr)

    Elephant Man
    7 juin 2020 - 11 h 16 min

    Effectivement dans les états pays dits démocratiques développés la liberté de penser d’expression bref le libre arbitre est un mythe, c’est le culte de la pensée unique de la pensée dominante.
    La Boétie : Discours de la servitude volontaire : « Il est incroyable de voir comme le peuple, dès qu’il est assujetti, tombe soudain dans un si profond oubli de sa liberté qu’il lui est impossible de se réveiller pour la reconquérir : il sert si bien, et si volontiers, qu’on dirait à le voir qu’il n’a pas seulement perdu sa liberté mais GAGNÉ sa servitude …. »

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