Espace et civilisation

bidonville lieux
2016. A la périphérie de la capitale. Ce genre de bidonville a longtemps terni l’image de la capitale. New Press

Par Nouredine Benferhat – Les lieux ont une grande importance dans la construction des identités. D’après les géographes, le rapport aux lieux et à l’espace en général est fondateur de ce que nous sommes. L’urbanisation a profondément bouleversé le paysage humain avec une prééminence de l’identité rurale au détriment de l’identité citadine.

Une des caractéristiques de la ville est de donner au citadin la possibilité de faire table rase de son passé, de se couler dans le creuset de la sociabilité et de s’extraire d’une généalogie – solidarité socio-agnostique. Un flux rural incontrôlé peut rompre l’harmonie citadine et empêcher la ville de jouer son rôle émancipateur et modifier profondément le rythme et la qualité du progrès social. Une inversion du flux migratoire au profit des zones abandonnées et des espaces inoccupés est une urgence stratégique de développement et de pérennité civilisationnelle.

Elle passe par un arrêt de l’occupation humaine et industrielle de la bande littorale d’Est en Ouest, par la création de pôles de développement dans les Hauts-Plateaux et une pénétration vers le Sud par le biais des fronts pionniers – agriculture, recherche minière, etc.

L’individu, mis en situation de se prendre en charge, va découvrir les vertus du travail et libérer les ressources qui doivent lui assurer son autonomie. Les compétences vont s’exprimer et contribuer à nourrir l’«imaginaire migratoire» dans toutes les couches de la population et dans les espaces du pays.

Des stratégies d’occupation spatiale vont se développer, l’espace devenant un bien comme un autre : on peut l’accumuler ou l’échanger. Un modèle culturel pourrait ainsi apparaître se traduisant par la préférence donnée à la relation avec tous les lieux, plutôt qu’à l’appropriation d’un seul territoire.

N. B.

Comment (14)

    DZA
    31 août 2020 - 14 h 34 min

    @ Mr Vieil Instituteur Pessimiste
    30 août 2020 – 23 h 22 min

    Votre commentaire va droit au but et met le doigt sur ce qui nous fait défaut dans ce pays que nous aimons et qu’on voit se dégrader à une vitesse hallucinante dans toutes ses dimensions qu’elles soient sociales, culturelles, cultuelles, identitaires et j’en passe. Qui mieux qu’un instituteur pouvait comprendre ou se niche le cancer qui ronge notre société.
    Il faut dire que l’argument soulevé par Mr Nouredine Benferhat, est tout un programme. Il soulève un des nombreux problèmes qui ont fait qu’aujourd’hui, 68 ans après l’indépendance, nous nous posons des questions devant une régression tous azimuts, dont peut-être la plus flagrante concerne l’homme d’aujourd’hui et l’espace où il évolue.
    De toutes façons, que l’on soit un campagnard ou un citadin, si l’école où on a été ‘’formé’’ ne nous a pas appris à être des hommes libres indépendants, responsables, cultivés, à être des CITOYENS, le résultat ne pouvait être différent que celui que nous connaissons actuellement.
    On récolte ce qu’on sème.

    Si j’avais le pouvoir de juger quelqu’un bien avant la bande mafieuse de Bouteflika. Je commencerais par tous ceux qui ont occupé le ministère de l’Éducation nationale, à l’exception de Mustapha Lachraf Allah yerhmou.

    Vieil instituteur pessimiste
    30 août 2020 - 23 h 22 min

    @DZA 26 août 2020 – 21 h 35 min

    La gestion d’un pays nécessite des compétences et une vision politique dans un cadre bien défini et respecté. Depuis 1962, en tant que simples citoyens, certains d’entre nous, assistent impuissants et désespérés à la semi faillite d’un état qui était en capacité de garantir à notre peuple un mode de vie digne d’une nation moderne.

    Deux aperçus importants illustrent les causes des problèmes actuels. D’une part, une absence flagrante de civisme de la part du peuple, lequel a perdu la cohésion, que l’année 1962 nous laissait espérer. Et en second lieu, une gouvernance « néo colonialiste » pendant ces 58 années d’indépendance et dont on mesure actuellement les ravages qu’elle a générée au sein de la population algérienne, tant sur le plan de la mentalité que sur son ouverture sur le XXI° siècle.

    L’Etat-FLN n’a pas été en mesure de construire une vraie nation car il n’a jamais voulu partager le pouvoir ni initier les citoyens aux responsabilités, et encore moins impliquer véritablement les hommes et les femmes dans la gestion de ce pays, au niveau communale entre autre. En les confinant dans le rôle de moutons suiveurs-consommateurs. Et surtout, en leur inculquant astucieusement l’idée, toujours présente, de l’ennemi de l’intérieur/extérieur, il a réussi la performance de faire croire que sans lui tout était perdu, mais que sous sa gouvernance nous étions dans le meilleur des mondes.

    Ces gouvernances successives et jusqu’à celle de Bouteflika, montrent que les intérêts de ce pays étaient gérés par des mafias qui n’avaient pour buts que de s’enrichir par la corruption et garder le pouvoir pour en exploiter les avantages en n’ayant que faire du citoyen lambda auquel on distribuait les miettes de la richesse que produisaient les hydrocarbures.
    Revenir sur ces considérations reconnues par le bon sens, c’est faire le constat que si nous nous trouvons actuellement devant d’énormes problèmes, il faut en rechercher la raison dans notre histoire récente et non ailleurs. Et la prise de conscience collectivement de cet état de fait est la condition première pour entrevoir une réelle transformation. Mais cette transformation est-elle possible en l’état actuel *?

    Comme vous, il est difficile d’être optimiste devant le constat que vous faites et qu’honnêtement, il est impossible de ne pas le partager. Optimiste on peut l’être devant son ordinateur, loin de la réalité quotidienne. Mais quand on vit au plus près du quotidien de nos villes, c’est une autre affaire.

    Le plus important c’est un Algérien NOUVEAU dites-vous en conclusion. Vous avez parfaitement raison, mille fois raison.

    Comme le rapporte Nouredine Benferhat les lieux ont une grande importance dans la construction des identités et le rapport aux lieux et l’espace en général est fondateur de ce que nous sommes. Et le moins que l’on puisse constater est que nous sommes dans une société où le sens civique semble absent pour beaucoup d’entre nous. Mais est-ce uniquement cette absence de civisme qui est cause de cette dégradation du milieu de vie de nos compatriotes comme de leur relations interrégionales ?
    Pour répondre à cette question, il est nécessaire de partir d’un fait concret qui pourrait résumer à lui seul la situation générale. En 1962, j’étais instituteur dans une petite ville du constantinois. La Délégation spéciale qui l’administrait avait à sa tête un homme qui n’avait pas fait d’études mais qui avait du bon sens et était doué d’intelligence.
    Du point de vue propreté, cette ville coquette était impeccablement tenue. Aucun papier ou objets divers ne traînait dans les rues ni aux abords. Les habitants assez nombreux étaient tenus de déverser leurs ordures dans un endroit bien précis que la commune gérait. Ce qui était fait consciencieusement.

    En tant qu’instituteur, nous avions été sollicités pour répercuter en classe ce que le responsable de la Délégation accomplissait au niveau des adultes. Tous les collègues de notre école, y compris les cinq coopérants enseignants, avaient accepté avec enthousiasme. Car pour nous, jeunes alors et plein d’espérance, nous avions senti instinctivement, que cette participation à la vie de la commune était fondatrice de la personnalité de nos élèves comme le dit si justement M. Benferhat. Surtout pour une majorité d’entre eux qui avaient connu ces affreux camps de regroupement dans cette Algérie colonisée.

    En tant que citoyen, je n’ai jamais douté que c’est à l’école que l’on construit patiemment l’identité d’une nation en faisant découvrir à l’enfant (futur citoyen) son environnement immédiat, puis son village ou sa ville, son terroir avec ses caractéristiques et enfin les différentes régions de notre pays et leurs spécificités. Ce qui lui permet de —comprendre— que l’Algérie est —Une— mais complexe et variée dans ses langues, sa population, ses paysages, son histoire, ses ressources et qu’ainsi notre pays possède une énorme richesse collective fragile que l’on doit protéger. Et qu’en particulier, nous enseignants, nous avons le devoir de transmettre à l’enfant l’idée de la préservation de son environnement par le développement du civisme parallèlement et en symbiose avec sa formation intellectuelle, son développement de l’intelligence, à l’apprentissage du raisonnement et à l’analyse logique, à la synthèse, à la déduction et à la critique constructive.

    C’est ainsi qu’en novembre 1962 quelques jeunes dont je faisais partie nous concevions former l’Algérien du futur. Peut-être est-ce celui auquel vous pensez, M. DZA? 58 ans après!

    Année 2010, retour dans le village de mes premières années d’enseignement devenu une très grande ville, pour l’enterrement d’un ami. Rien ne subsiste du village de l’époque coloniale. De grandes barres d’immeubles posées un peu partout séparées par des terrains vagues formant un ensemble confus. Ils ont été construits sur les bonnes terres agricoles. De tels immeubles de ce style j’en ai vus d’identiques dans d’autres régions du pays. Une bande de jeunes désœuvrés me regardent avec méfiance. La ville est d’une tristesse infinie et sans âme. Pas de place publique. Le domaine public parait à l’abandon.
    Une zone industrielle importante borde cette ville que je ne reconnais décidément pas. Je remarque qu’au pied des immeubles les poubelles débordent d’ordures comme on le voit partout ailleurs. Les habitants ont l’air de ne pas s’en apercevoir. Finalement, il semble bien que ce ne soit pas leur problème. Ces immeubles paraissent récents et pourtant les entrées sales ont été souillées par des graffitis. Renseignement pris, il n’y a aucune station d’épuration des eaux usées. Aucune bibliothèque ni de centre culturel digne de ce nom. Le désert intellectuel en quelque sorte. Bien entendu, il y a un stade et des mosquées.

    Deux questions simples à M. Nouredine Benferhat :
    Est-ce donc ce style de ville qui doit jouer un rôle émancipateur et modifier profondément le rythme et la qualité du progrès social ? Ou est ce que ce rôle doit être dévolu à l’Ecole publique algérienne réinventée (à laquelle on n’a jamais donné la possibilité de remplir sa mission éducative et libératrice) de prendre en charge le rôle émancipateur de notre peuple?
    Là est la question, depuis 1962.

    *Réponse à la question posée : Non, malheureusement, en l’état actuel de notre système d’enseignement cette transformation est impossible.

    Singapour, Dr Goh Keng Swee et S. Rajaratnam
    30 août 2020 - 19 h 26 min

    Une source interessante: les architectes du miracle Economique Singapourien ou la Diversité a été absorbée magnifiquement

    Elephant Man
    28 août 2020 - 17 h 39 min

    C’est plutôt l’inverse en France où le citadin fuit la ville pour retourner à la cambrousse d’ailleurs en Auvergne des subventions pour repeupler les campagnes villages à des familles parisiennes qui travaillent à domicile depuis leur village et se déplacent sur la capitale entreprise 2x/ semaine cf. cadres, du coup maintient de l’école du village de commerces bar du coin etc etc..
    Tout est fait en ville pour ramener à la cambrousse vente de produits locaux légumes fromages produits laitiers via des coopératives ou dans les magasins.
    Exactement « Une inversion du flux migratoire au profit des zones abandonnées et des espaces inoccupés est une urgence stratégique de développement et de pérennité civilisationnelle. »

      Anonyme
      30 août 2020 - 8 h 18 min

      Les français fuient les grandes villes pour aller dans les banlieues proches où le logement est moins cher mais pas vraiment dans la campagne où le mouvement est très minoritaire d’après l’Insee. Paris a perdu 40000 habitants mais l’île de France en an gagné…

      Le SECRET: MPHC
      31 août 2020 - 16 h 23 min

      Le secret est Simple: M P H C
      1. MERITOCRATIE: Sélectionner, Former et Promouvoir les Meilleurs dans les Postes a Responsabilité bilte.
      2. PRAGMATISME: Adapter les Meilleures Solutions aux Memes problèmes résolus ailleurs dans le monde loin des dogmes et ideologies.
      3. HONNETETE: Tolerance 0 a la Corruption et Tolerance ZERO au Népotisme.
      4. CIVISME: Développement du Sens civique a l’Ecole.Pour cela il faut Des Leaders exceptionnels par leurs Talents, leurs Formations, leurs VISIONS et leur Ouverture d’esprit au Monde confiants dans l’avenir.
      Note: Voici le Serment recite par les Enfants de Singapore et inscrit dans La constitution depuis 1966:
      « We, the citizens of Singapore, pledge ourselves as one united people regardless of race, language or religion, to build a democratic society based on justice and equality so as to achieve happiness, prosperity and progress for our nation. »

    DZA
    26 août 2020 - 21 h 35 min

    Malheureusement, le problème posé par cet article n’est pas seulement nouveau, mais il s’est amplifié. Les problèmes générés par l’afflux massif des populations rurales vers les grands centres urbains, sont irréversibles.
    Avec tout le respect que j’ai pour les populations rurales, et je comprends très bien qu’ils désirent s’installer et vivre dans les grands centres urbains, et c’est leur droit, seulement, ils sont très loin de comprendre et de se conformer à un espace qui a son histoire, ses règles, ses habitants qui ont leurs coutumes.
    La culture citadine est différente de la culture rurale. Toutes les deux ont leurs avantages et faiblesses. Mises ensemble, le résultat est catastrophique. Je ne citerais pas d’exemples, nous vivons presque tous dans des environnements urbains que ne reconnaissons plus.
    Les repères historiques, sociaux, culturels ont littéralement disparu. S’il est vrai que tout évolue, ce n’est pas pour autant qu’il faille perdre ses repères, ses coutumes, son identité.
    À l’origine de cette évolution décadente, l’absence d’une politique, d’une vision ample et lucide avec pour préoccupation première la promotion des hommes et la construction du pays du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest. Hélas, ce ne fut pas le cas.
    Nous sommes tous des ‘’rurbains’’ comme la dit si bien dit un sociologue Algérien. Nos villes évoluent, se remplissent de plastique, d’immondices et ressemblent à des favélas, à des bazars bizarres, nos rues chaotiques à celle du Caire, nos marchés à ceux de Kaboul, nos costumes quelconques, d’un autre âge. On a plus de trottoirs, et de moins en moins de rues, les marchés informels et leurs étalages abusifs ont pignon sur rue. Ect,ect..
    Mr Nouredine Benferhat conclue avec optimisme en citant des situations idéales, un avenir meilleur, une Algérie nouvelle, aussi faudrait-il également et c’est le plus important un Algérien NOUVEAU.

    Anonyme
    26 août 2020 - 19 h 06 min

    Si l’algériel rural ne sait toujours pas s’adapter à la ville depuis 50 ans comme le rural européen a su le faire, c’est qu’en Algérie comme dans tous les pays d’Afrique, l’état d’esprit clanique (et non pas national) subsiste encore.
    L’Afrique et la civilisation musulmane va mal non pas car elle a été occidentalisée mais au contraire car elle reste prisonnière de sa culture inadaptée au monde moderne ce qui les placent toujours dans le dernier wagon.
    Il fut un temps où le monde musulman était plus développé que le monde chrétien, à la Renaissance, les chrétiens se sont inspirés des peuples de l’Antiquité et des orientaux perses ou musulmans afin d’évoluer, ils ont pris la place des musulmans à l’échelle du développement car ils comprenaient qu’ils devaient regarder ailleurs pour apprendre et évoluer.
    Aujourd’hui le monde musulman à cause des idées véhiculées par les radicaux se considère comme le « peuple abrahamique » le plus proche de Dieu à qui on a rien à apprendre et refuse de comprendre qu’il doit regarder ailleurs pour comprendre ce qu’il ne va pas chez lui.
    Ainsi va le monde, chacun apprends des autres et on avance.

      Anonyme
      26 août 2020 - 20 h 30 min

      hors sujet.

        Anonyme
        26 août 2020 - 21 h 25 min

        Au contraire, voici une personne qui a bien compris le problème qui nous concerne tous.

        Anonyme
        26 août 2020 - 22 h 00 min

        C’est toi qui est hors temps mon ami.

          Krimo
          28 août 2020 - 10 h 40 min

          Entre un qui est hors temps et celui qui nie l’evidence meme, je dirais que le premier s’assume et par contre le deuxieme se consume.

      Anonyme
      27 août 2020 - 12 h 43 min

      Tu veux dire les musulmans simplement pas les musulmans de l orient j espère?

        Anonyme
        27 août 2020 - 15 h 45 min

        Par « orient », comprenez le monde musulman dans sa globalité qui est plus ou moins orientalisé.

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