Des aides-soignants au sujet du Covid-19 à Oran : «La situation est stabilisée»

Oran audes-soignants
De droite à gauche Sami Mahdjoubi, Mesai Mohamed El-Amin et Benkara Ahmed. AP

Par Bella Amirache d’Oran  Des aides-soignants dans la commune d’Aïn Turk, à Oran, sont mobilisés depuis des mois dans la lutte contre la pandémie du Covid-19.

Sami Mahdjoubi, infirmier, service Covid ; Mesai Mohamed-El Amin, biologiste dans la santé publique ; Benkara Ahmed, infirmier, service des UMC, tous de l’Etablissement EH Aïn Turc, debout depuis 8 heures du matin jusqu’au soir, dînaient à la pizzeria pêcherie Lacabane du Groupe Galion. Sami, Mohamed El-Amin et Ahmed se sont prêtés au jeu des questions/réponses de notre équipe au sujet de la situation sanitaire actuelle dans la wilaya d’Oran en ces temps de pandémie du coronavirus.

Selon Sami Mahdjoubi, la situation s’est stabilisée depuis les deux derniers mois. Comment ? «Nous recevions une vingtaine de personnes par jour, toutes positives au virus, mais ces dernières semaines, le nombre s’est réduit. Nous accueillons cinq à six personnes/jour.» Et d’ajouter : «Cela dit, nous appréhendons ce déconfinement décidé par les autorités du pays.» Une appréhension bien compréhensible, car nos trois valeureux aides-soignants venaient de perdre un patient d’une soixantaine d’années ce jour même.

Ils ont rappelé le cas de personnes susceptibles de contracter le virus, tels les sujets atteints de maladies chroniques (diabète, hypertension artérielle, pathologies cardiovasculaires, asthme…), notamment l’insuffisance rénale.

Une virée dans les rues d’Aïn Turc nous a renseignés quant à la démobilisation totale du citoyen par rapport aux mesures sanitaires : port du masque et  distanciation. Sami Mahdjoubi nous explique que les gens ne croient toujours pas à l’existence du Covid-19. «En général, les Algériens pensent que ce virus est juste une forte grippe, passagère et qu’elle ne touche pas les enfants et les jeunes. Oui, le virus ne touche pas les enfants mais ce sont des porteurs sains lesquels peuvent le transmettre aux personnes vulnérables.»

Nos trois interlocuteurs nous ont confié être fatigués de l’inconscience des citoyens. «Moi-même, j’ai posté deux vidéos sur les réseaux sociaux pour sensibiliser les citoyens aux méfaits du virus», a fait savoir Sami, précisant que lesdites vidéos n’ont pas suscité l’intérêt souhaité.

Sami et ses collègues sont fatigués, épuisés. Loin de leurs familles, l’idée d’une troisième vague les terrorise. «Nous espérons qu’il n’y aura pas de 3e vague car c’est nous qui sommes les plus touchés. Nous avons quitté nos familles depuis des mois. Nous sommes confinés dans l’établissement hôtelier du Groupe Galion, d’ailleurs on profite de cette occasion pour remercier son propriétaire.»

Pour Sami, la situation est plus sensible à Oran qu’ailleurs du fait des touristes. «Du fait des frontières fermées, les Algériens se rabattent sur les villes côtières telles qu’Annaba, Alger et Oran. Ce qui fait augmenter les risques», craignent nos trois aides-soignants. Ils ont appelé les citoyens à respecter les mesures sanitaires et à passer le test avant de se déplacer vers d’autres wilayas.

Sami, Mohamed El-Amin et Ahmed regrettent qu’un nombre non négligeable de la population n’ait pas respecté le hachtag «#resterchezvous», lancé à partir du mois de mars. Selon eux, si le confinement était bien respecté, on ne serait pas arrivé à cet état de choses. Pour les trois, «le Covid-19 ne disparaîtra pas, nous allons vivre avec».

B. A. 

Commentaires

    Anonyme
    28 août 2020 - 21 h 07 min

    Remerciements à ces soignants.

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