Le ministère des Télécoms est-il dédié au secteur ou à un seul opérateur ? (II)

Feraoun Poste et des Technologies
L'ex-ministre de la Poste et des télécommunications Houda-Imane Feraoun. New Press

Dans cette deuxième partie du dossier paru en juillet 2015, des experts expliquaient que le département des Télécommunications, qui avait connu un nombre incalculable de responsables à sa tête depuis l’avènement de Bouteflika au pouvoir en 1999, agissait directement en faveur de l’opérateur historique comme s’il était le ministère d’Algérie Télécom et non celui de tout un secteur, et comment les opérateurs privés ont été «tués» les uns après les autres par les pratiques anticoncurrentielles.

La loi 2000-03 du 5 août 2000, fixant les règles générales relatives à la poste et aux télécommunications, a confié au ministère de la Poste et des Technologies de l’information et de la Communication, outre la mission de mener à bien le développement du secteur par l’élaboration d’une réglementation adéquate, encourageante pour les investisseurs et rassurante pour les opérateurs, celle de veiller au respect de la législation et de la réglementation régissant ce secteur, le respect d’une concurrence loyale entre les opérateurs et à l’égard des usagers et le respect par les opérateurs des obligations contenues dans leur cahier des charges.

Dans les faits, «la réalité est tout autre», font remarquer des experts dans le domaine : «Le ministère de la Poste et des TIC ne donne pas l’impression de se conformer aux missions qui lui ont été assignées.» Nos sources, qui constatent que ce département ministériel, qui a connu un nombre incalculable de responsables à sa tête durant ces quinze dernières années, «agit directement en faveur de l’opérateur historique comme s’il était le ministère d’Algérie Télécom et non celui de tout un secteur, de surcroît stratégique et névralgique pour le développement de l’économie nationale».

Enumérant un certain nombre de dossiers relevant du ministère et qui ne sont pas pris en charge ou sont négligés, nos sources évoquent notamment l’accès à Internet. Bien que le gouvernement fasse actuellement de l’économie numérique sa priorité, conscient que le développement de l’économie nationale passe obligatoirement par un accès généralisé et à haut et très haut débit à Internet, cette mission est confiée à Algérie Télécom dont le modèle économique est inadapté du fait d’une situation quasi monopolistique, et malgré des défaillances nombreuses qui font subir au pays un grand retard dans le domaine des télécommunications en dépit des moyens gigantesques mis par l’Etat à la disposition de cet opérateur incapable de valoriser ces investissements colossaux et qui offre une piètre qualité de service. «Cette situation résulte essentiellement de la mauvaise gestion des ressources par les managers d’Algérie Télécom», signalaient d’autres sources à notre site, mettant en avant la contradiction flagrante entre les équipements d’accès et de transmission de dernière génération acquis par l’opérateur et son incapacité à offrir un débit de qualité satisfaisante.

Dans le même temps, s’étonnent nos sources, «les opérateurs nationaux privés qui se sont aventurés dans l’offre de services internet, encouragés en cela par les pouvoirs publics, sont en train d’être tués par les pratiques anticoncurrentielles et l’abus de position dominante d’Algérie Télécom», une entreprise considérée comme une espèce d’appendice du ministère. Pour illustrer cette asphyxie, nos sources citent l’exemple des dizaines de fournisseurs d’accès à Internet qui se sont vu retirer leur autorisation par l’ARPT, l’autorité de régulation, sans que le ministère en charge du secteur bouge le petit doigt. Sur 98 ISP, 94 ont, en effet, cessé leur activité, alors que les quatre entreprises restantes se démènent pour se maintenir dans un climat d’affaires malsain.

Les experts dans le domaine des télécommunications, qui précisent que le développement de l’accès à Internet «doit passer par le dégroupage de la boucle locale(*)», s’interrogent pourquoi aucun ministre n’a, en sa qualité d’Assemblée générale unique d’Algérie Télécom, instruit cet opérateur à l’effet de procéder au dégroupage comme stipulé dans la Déclaration de politique sectorielle qui a prévu cette opération pour l’année 2004 – soit depuis onze ans – de sorte à permettre l’accès par les autres opérateurs aux installations de l’opérateur historique et casser ainsi ce monopole qui fait peser une chape de plomb sur ce secteur qui peine à avancer à un rythme normal.

La situation n’est pas meilleure dans le domaine de la téléphonie fixe. Là aussi, le ministère entretient une situation de monopole bien que prohibée par la nouvelle loi relative aux télécommunications. Nos sources ne comprennent pas pourquoi ce département n’a, à ce jour, pas lancé un nouveau processus d’octroi de licence de téléphonie fixe : «Veut-on protéger Algérie Télécom en transgressant des dispositions légales ?» s’interrogent nos sources qui soulignent que cette situation «aberrante» pénalise les usagers et notamment l’administration «qui a grandement besoin de lignes téléphoniques fixes fonctionnant correctement, selon les normes fixées par l’Union internationale des télécommunications».

Les mêmes anomalies sont relevées dans le domaine de l’assignation des fréquences, «une ressource rare mal utilisée», selon nos sources qui estiment que le ministère doit procéder à une nouvelle planification, par le biais de l’Agence nationale des fréquences, relevant de son autorité, «pour permettre aux opérateurs autres qu’Algérie Télécom de bénéficier d’autres assignations de fréquences et libérer la place spectrale pour les nouveaux investisseurs». Ce qui permettrait la disparition des brouillages fréquents, source de conflits entre les opérateurs. Bien que des solutions à tous les problèmes qui entravent le développement rapide des télécommunications en Algérie existent, le ministère de la Poste et des TIC se confine dans la «e-dormance».

L. S.

Prochaine partie : L’ARPT perçoit 2 100 millions de dinars par an pour un travail qu’elle ne fait pas

(*) L’installation qui relie le point de terminaison du réseau dans les locaux de l’abonné au répartiteur principal ou à toute autre installation équivalente d’un réseau de communications électroniques fixe ouvert au public.

Comment (10)

    Le pire ! C'est que...
    24 septembre 2020 - 8 h 52 min

    …tant que les « Bourouroux » planqués dans la pénombre continueront d’intimer par téléphone, une justice censée être normalement indépendante, le pétrole va fuir dans les profondeurs de notre terre et le blé ne repoussera plus jamais à sa surface, en Algérie !
    Et contrairement aux pieds noirs qui ont choisi la valise plutôt que le cercueil ; ces prédateurs qui nous tiennent à la gorge n’ont que cercueils à offrir en perspective à leur peuple !
    Il ne reste qu’à espérer que la providence déjoue leurs calculs machiavéliques.

    Anonyme
    23 septembre 2020 - 7 h 00 min

    Et dire que j’étais sous le charme de cette femme ministre présentée par d’ailleurs votre journal comme la nouvelle génération d’intelligence Algérienne.
    Cette fille d’un général à fait ses études au Usa avec des diplômes dans chaque pays

      Anonyme
      25 septembre 2020 - 8 h 08 min

      Faire des études aux usa ou ailleurs sans autant avoir l expérience est un désastre. Ne croyez pas qu avoir un diplôme de grande école ou universités équivaut à avoir les connaissance de faire les choses. Avoir un diplôme accompagné d une expérience équivaut à de l or . Cette femme n as aucune expérience sauf l arrogance…je l ai toujours dit qu elle sera bien en tant qu instituteur d une école primaire dans un village lointains ou l eau arrive que trois fois par semaine.

    Blida
    22 septembre 2020 - 21 h 01 min

    Que de temps perdu !!!
    Quand cette personne a été nommée minstre, je suis allé consulter son ‘CV’.
    Aucune expérience managériale même de niveau intermédiaire !!!
    Peut-être qu’elle aurait fait un assez bon ‘ptit’ chef de service mais définitivement pas ministre.
    La suite, nous la connaissons : une cascade d’erreurs à la tête d’un ministère très sensible et surtout aucune vision ni projet.
    Il faut croire qu’elle devait avoir d’autres atouts qu’un simple citoyen tel que myself n’est pas capable de comprendre !

    Le pire est qu’elle était loin de représenter l’exception. Bien au contraire.
    Et le show continue avec d’autres têtes d’affiches mais nullement meilleures.

    On appele cela un ‘Méta-Problème’.

    awres
    22 septembre 2020 - 18 h 06 min

    Il faut nationaliser ou renationaliser tous les biens de production (sol compris), toutes les ressources naturelles et tous les services publics (eau, électricité, gaz, télécommunications). La privatisation nous rendra dépendants des pays impérialistes ou des multinationales.Nous serons à nouveau colonisés (la colonisation économique est plus insidieuse et plus sournoise, donc difficilement !) et nous finirons comme le Maroc : un pays qui appartient à un roi et à des intérêts étrangers.

    SaidZ
    22 septembre 2020 - 17 h 26 min

    C’est la châsse aux petits lapins, Houda, amara benyounes, Sellal and co. Benbouzid, 20 ans comme ministre de l’éducation….il touche présentement 100 millions par moi comme sciennateur, chercher l’erreur?

      Merrich
      24 septembre 2020 - 7 h 14 min

      Evitez-nous toutes ces erreurs de français merci.
      Même si ce n’est pas votre langue usuelle, vous pouvez faire mieux en prenant un dictionnaire pour rédiger vos commentaires.

    Anonyme
    22 septembre 2020 - 16 h 17 min

    On arrete les jourmalistes et on laisse libres ceux qui ont vendu le pays et ses institutions.

    Belka
    22 septembre 2020 - 8 h 27 min

    A mon avis pour l’ex ministre de télécommunications Nour Hodda normalement elle va joindre l’émeute au prison d’ELHARACHE plus saisies tout ses biens immobiliers et autres….

    Anonyme
    22 septembre 2020 - 5 h 58 min

    Il ne s’agit pas de monopole, c’est une privatisation d’une société nationale au profit d’une oligarchie. A partir de là il est facile de comprendre qu’ils n’avaient pas envie de partager le gâteau…

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.