Les trois dossiers que le Premier ministre italien voudra aborder avec Joe Biden

Conte Biden
Giuseppe Conte, le Premier ministre italien. D. R.

De Rome, Mourad Rouighi – Avec l’arrivée de Joe Biden à la Maison-Blanche, une page mouvementée se tourne et une autre plus apaisée devrait voir le jour, sitôt portée à terme cette phase de transition.

De fait, nombre de pays, qui vécurent avec Donald Trump quatre longues années, se mettent soudain à espérer en une relance de la coopération et du dialogue et en une gestion inclusive des relations et des dossiers internationaux.

L’Italie, qui a eu, elle aussi, son lot d’excès d’humeur de Donald Tump, perçu à Rome durant son mandat comme une source potentielle d’instabilité internationale, et qui s’est vue contrainte à un subtil exercice d’équilibre entre obligations européennes et engagements transatlantiques, appréhende aujourd’hui avec un certain optimisme l’arrivée de Joe Biden et se dit prête à saisir toutes les bonnes occasions pour en souligner les aspects positifs sur les dossiers stratégiques qui tiennent à cœur à la diplomatie italienne.

C’est qu’au cours des quatre dernières années l’Italie s’était retrouvée, comme beaucoup d’autres pays européens, à payer le prix de la désinvolture avec laquelle le président américain faisait et défaisait le système traditionnel des relations entre les grands blocs mondiaux, avec, en prime, aucune autre alternative !

Avec Joe Biden, le Premier ministre, Giuseppe Conte, tire discrètement un ouf de soulagement et voudra très rapidement normaliser la relation avec Washington et obtenir une adhésion de sa part à la projection italienne sur trois dossiers stratégiques :

En premier lieu, le positionnement de l’Italie au centre de la Méditerranée la prédispose tout naturellement à participer à la stabilisation de la région Mena, se voyant jouer un rôle premier sur lequel elle pourra s’appuyer pour construire une nouvelle architecture de sécurité qui s’étende de la Libye à la Turquie, en passant par la Syrie et le Liban.

«Ceci dit, souligne une source proche du Mouvement des 5 étoiles, ce rôle devra prendre en compte les spécificités de la région et les besoins des pays concernés, qui portent sur plus de développement et moins d’improbables révolutions colorées, répondant à des considérations aux antipodes des attentes de ces peuples.»

Exemple, nombre d’experts nous ont assuré que les récents accords de normalisation signés par des Etats arabes sont bons tant qu’ils ne sont pas conclus contre quelqu’un ou pour isoler un ou plusieurs acteurs régionaux et, à cet effet, le ministre des Affaires étrangères, Luigi Di Maio, a été on ne peut plus clair, en affirmant que la nouvelle administration pourra contribuer à une meilleure définition du sens de la paix, tant convoitée.

De même, que pour ce qui est du dossier libyen, Rome souhaite un plus grand engagement de la nouvelle administration américaine pour faciliter une solution au conflit qui divise ce pays si proche et stratégique pour les intérêts italiens.

Deuxième chantier de cet aggiornamento, le gouvernement italien, favorable au retour des Etats-Unis à l’approche multilatéraliste, voudra orienter cette nouvelle dynamique pour une gestion concertée des énormes défis mondiaux auxquels tous les gouvernements sont appelés à faire face en ce moment : la pandémie du Covid-19, le changement climatique et la lutte contre les inégalités.

Car le climat de confrontation continue a fini, selon certains diplomates italiens, par créer un climat malsain, chargeant la coopération internationale d’énergie négative, annihilant tout élan de partage et de concertation.

Enfin, dernier volet et non des moindres, celui relatif aux sanctions américaines à l’endroit de pays avec lesquels l’Italie entretient des rapports traditionnels et développe des échanges commerciaux très importants, la Russie, le Venezuela, l’Iran et d’autres encore… Rome voudra sur ce point précis obtenir auprès de la nouvelle administration un assouplissement du régime des sanctions et une adhésion à sa vision, selon laquelle ce système punitif n’a jamais produit de résultats probants faisant avancer les divers dossiers ; en revanche, les synergies commerciales facilitent l’ébauche de solutions de compromis et hâtent le règlement de conflits nouveaux et anciens.

On le voit, que d’idées et d’esquisses de projets, sur fond de sérénité retrouvée entre alliés et partenaires américains et européens. Le tout bien sûr en attendant le dénouement définitif du feuilleton électoral américain.

M. R.

Commentaires

    Elephant Man
    13 novembre 2020 - 10 h 11 min

    Biden est connu pour être un russophobe.
    Dans un entretien avec le Council on Foreign Relations (CFR), Biden a appelé à des sanctions plus sévères contre le Venezuela. Il a rappelé qu’il était parmi les premiers à reconnaître le renégat de droite, Juan Guaido sioniste par excellence, comme leader légitime du Venezuela tout en poussant à la destitution du président socialiste Nicolas Maduro legitimement et LÉGALEMENT, qu’il a qualifié de tyran.
    Je dis ça je dis rien….

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