Les pâtes alimentaires subventionnées ne sont pas concernées par la hausse des prix

semoule retraite fortuite
La semoule occupe le ventre et attire les esprits sans vertus subversives. PPAgency

Les pâtes alimentaires, dont la matière première est subventionnée par l’Etat, ne sont pas concernées par la hausse des prix qui a touché certaines marques, a affirmé le directeur général de la régulation et l’organisation des marchés du ministère du Commerce, Sami Kolli.

«Nous avons remarqué une hausse des prix de certaines marques de pâtes qui ont connu une augmentation de 5 à 10 dinars le kilogramme, mais pas toutes», a fait constater Kolli dans une déclaration à l’APS, en précisant que les industriels qui importent par leur propre argent le blé dur, matière de base pour la fabrication de la semoule et des pâtes, fixent le prix de ce produit alimentaire en tenant compte des cours de cette céréale sur le marché boursier international (qui avoisine actuellement 212 euros la tonne).

La filière agroalimentaire des pâtes et semoule avait connu un certain dysfonctionnement après la parution, en septembre dernier, des deux décrets dans le Journal officiel (numéro 52) relatifs à la levée de subvention sur les blés tendre et dur destinés à la fabrication d’autres types de farine, de semoule de blé, de pâtes alimentaires et couscous.

Une décision qui avait pris les opérateurs de la filière au dépourvu, entraînant une tension sur le marché. «Mais tout est rentré dans l’ordre lorsque le ministère a annoncé, il y a une quinzaine de jours, le report de l’application de ce décret à une date indéterminée.»

En outre, le responsable de la régulation des prix a tenu à rassurer les citoyens sur «la disponibilité de la semoule et de ses dérivés sur le marché», réfutant les informations circulant sur les réseaux sociaux sur la pénurie de ces produits.

«Au terme de ce mois de novembre, les quantités de blé dur distribuées au profit des 135 unités industrielles de semoule et dérivés (couscous, pâtes…) dépasseraient 2 millions de quintaux», a-t-il prévenu.

Le responsable de la régulation des prix a tenu à rappeler que le ministère du Commerce travaille en étroite collaboration avec le ministère de l’Agriculture, qui est chargé de l’approvisionnement des minoteries et des semouleries en matière première à travers l’OAIC, et le ministère de l’Industrie, à travers le groupe public agro-industrie Agrodiv qui est considéré comme un groupe régulateur en matière de semoule et de pâtes.

Le président de l’Association nationale des commerçants et des artisans (ANCA), Hadj Tahar Boulanouar, a admis, pour sa part, une augmentation des prix de la semoule et dérivés chez «certains» industriels dès l’annonce du décret sur la levée des subventions sur le blé par le ministère du Commerce. «Il y a certains producteurs qui ont anticipé les choses par rapport à la publication de ce décret qui, pourtant, a été aussitôt gelé», a-t-il fait remarquer.

Boulanouar a relevé, par ailleurs, une baisse relative du rythme de la production, non pas à cause d’un manque de la matière première mais plutôt en raison du confinement imposé aux employés des unités agroalimentaires touchés par le coronavirus ou leurs familles. Il a également évoqué le problème de transport des marchandises à cause du couvre-feu sanitaire, notamment pour les gens qui travaillent dans l’informel. «Beaucoup de gens dans le secteur économique et les services des transports de marchandises travaillent en noir, ce qui les empêche d’avoir des autorisations pour circuler», a-t-il noté.

Ceci dit, estime-t-il, «rien ne justifie la hausse des prix des produits alimentaires par les producteurs, même pas la dévaluation du dinar et la hausse du coût de production invoquées par les industriels». Selon lui, les producteurs doivent faire preuve de solidarité envers les citoyens, surtout en ces temps difficiles marqués par la crise sanitaire mondiale.

R. E.

Commentaires

    BELAID Djamel
    7 décembre 2020 - 10 h 41 min

    En Algérie, la production de pâtes alimentaire concerne de nombreuses entreprises, petites ou grandes. Afin de se développer et de s’affranchir des subventions publiques en tout genre (blé, farine, semoule, eau, électricité, …) l’innovation est plus que nécessaire. Certes, il existe des niches telles le bio. Mais étant donné le réchauffement climatique et la baisse des ressources financières du pays, pour l’avenir nutritionnel du pays, les protéines végétales vont occuper de plus en plus une place stratégique. A ce titre, nous souhaiterions porter à la connaissance des industriels du secteur des pâtes alimentaires, de nouvelles possibilités d’investissement.

    LE PARCOURS D’UN ANCIEN GROSSISTE EN VIANDES
    Après toute une carrière dans la filière viande, l’ancien joueur de rugby français, Laurent Spanghero s’est rendu compte de l’aberration écologique que constitue l’accent mis en Europe sur les seules protéines animales. Il a donc décidé de se ré-orienter vers les protéines végétales. Au sein de sa société Nutrimat, il a décidé de produire une farine comportant des légumes secs dont des pois-chiche, des lentilles, des pois et du blé dur. En effet, le blé dur est pauvre en lysine et méthionine mais riche en isoleucine et en leucine. Et le pois chiche est pauvre en isoleucine et tryptophane mais riche en lysine et méthionine. Du point de vue de l’apport en acides aminés essentiels, ces deux plantes se complètent donc admirablement.
    Mais sur les conseils de laboratoires de recherche, afin de valoriser au maximum les protéines de ces produits, il a décidé de les faire germer puis après séchage de les moudre pour en faire des pâtes alimentaires. Les premiers tests ont vite montré une très bonne teneur en protéines ainsi qu’une excellente digestibilité. Plus d’irritations du tube digestif et d’accumulations de gaz provoquant de désagréables flatulences. L’ancien rugbyman aime à dire que pour 100 grammes de ses pâtes, il y a la même quantité de protéines que dans 100 grammes de viande.

    LES ETAPES DU PROCESS INDUSTRIEL
    Cette miraculeuse farine pourrait servir à confectionner des pâtes alimentaires mais également différents produits: pain spécial, biscuits, hoummous, chips …

    Un procédé en 7 étapes
    Face à la réduction des moyens financiers du pays, ce serait là un moyen de revenir à la diète méditerranéenne. Alors comment procéder? Dans différentes interventions publiques que l’on peut consulter sur les réseaux sociaux, Laurent Spanghéro détaille en 7 étapes le process industriel utilisé dans son usine. Les graines sont d’abord lavées puis mises à tremper. La germination dure de 48h à 72 heures. Cette phase semble courte, mais elle suffit à détacher l’enveloppe et surtout à activer des enzymes qui permettent de transformer les sucres complexes en sucres simples, d’où une meilleure digestibilité. Intervient alors une pré-cuisson à une température modérée de 65 degrés qui permet une diminution des inhibiteurs de trypsine et donc une meilleure digestion des protéines. Les graines sont ensuite mises à sécher à une température de 45°-50°C.

    L’intérêt du dé-pelliculage
    Intervient alors un dé-pelliculage qui permet d’enlever la pellicule des graines. Cette phase est capitale, car en enlevant la pellicule externe des graines, telle les lentilles, on enlève les tanins qui y sont présents et on permet une meilleure biodisponibilité des protéines. Intervient alors en dernier lieu le broyage qui permet d’obtenir de la farine.

    L’initiateur de ce type de produits souhaite faire connaître ce procédé en Afrique. L’occasion de lancer une affaire commune sur le territoire national. Avis aux investisseurs et aux universitaires désirant se lancer dans la création d’entreprises…
    nb: les coordonnées de cet industriel sont facilement disponibles sur les réseaux sociaux.

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