Bêtisier et lâcheté
Par Mrizek Sahraoui – Jusqu’à la dernière minute à la Maison-Blanche, Donald Trump ajoutera des pépites à son bêtisier déjà bien riche. Une collection de best of des moments burlesques, quand ils ne sont pas ineptes et ridicules, qui lui a coûté sa réélection à un second mandat. Et la dernière en date, comme chacun sait, n’est autre que son annonce en grande pompe sur son canal favori de communication, Twitter, de «l’accord historique» entre Israël et le Maroc, les deux derniers colons de la planète.
Cette normalisation des relations entre le royaume chérifien et l’Etat hébreu, qui n’est pas un coup diplomatique à l’actif de la diplomatie marocaine comme on le prétend, mais rien qu’un chef-d’œuvre de lâcheté, est commentée comme si celle-ci est le fruit d’un long processus d’âpres négociations ayant débouché sur une entente cordiale. Les relations entre ces deux entités ne datent pas d’aujourd’hui et n’ont bien évidemment jamais été rompues. Le seul élément nouveau, c’est l’intervention d’un président, désormais épave politique, qui devrait se préoccuper non pas de la géopolitique, mais de son propre sort. Il se dit dans les médias américains que la justice américaine serait devant le perron de la Maison-Blanche le jour de son départ, ses cartons emballés, le déshonneur en bandoulière.
Ce soi-disant accord, fait sur le dos du Sahara Occidental et dans le dos du peuple marocain, n’a pas suscité l’enthousiasme de ce dernier, lui qui souffre d’une misère et d’un chômage endémiques ; de la gestion chaotique de la pandémie par un pouvoir royal à mille lieues de ses préoccupations. Pas plus que celui-ci n’est dupe sur les vraies motivations d’une telle annonce et, surtout, sur le timing.
Deux éléments ont totalement et définitivement entamé la crédibilité d’un roi fainéant, mais surtout malade. D’abord l’achat par ses soins en octobre dernier d’un immense pied-à-terre à Paris, estimé à 80 millions d’euros, une luxueuse propriété située dans le 7e arrondissement près de la Tour Eiffel et de plus de 1 000 m2, disposant d’une vue imprenable sur le Champ-de-Mars, au moment où les Marocains peinent à boucler les fins de mois de plus en plus difficiles, cette acquisition immorale a achevé de convaincre les Marocains qu’ils ne vivent pas dans la même planète que leur roi vivant dans l’excès et la satiété.
Ensuite, le moment choisi pour déclarer publiquement le deal de la honte, contre-productif pour la paix dans la région, est loin d’être anodin. Le roi du Maroc est gravement malade. Les autorités marocaines viennent même d’annuler le sommet hispano-marocain, qui devait se dérouler le 17 décembre prochain, selon le journal espagnol El Confidencial, qui précise que le mauvais état de santé de Mohammed VI en serait la raison.
Qui mieux donc qu’Israël pour prendre soin du prince héritier, le cas échéant ? C’est tout le sens de la soumission du Makhzen à l’Etat hébreu.
M. S.
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