Un Algérien nommé président de la Bourse méditerranéenne du tourisme archéologique de Paestum

MB Paestum
L'archéologue algérien Mounir Bouchenaki. D. R.

De Rome, Mourad Rouighi – Le directoire de la Bourse méditerranéenne du tourisme archéologique de Paestum, en prévision de la XXIIIe édition, qui a été reportée cette année au mois d’avril en raison de la pandémie, a procédé à la nomination de l’Algérien Mounir Bouchenaki au poste de président de cette prestigieuse institution.

Une nomination, nous dit-on, en reconnaissance de son apport décisif au niveau de l’Unesco pour l’inscription du territoire de Salerne au patrimoine mondial en 1995 et en 1997 de la côte amalfitaine et en 1998 du parc national du Cilento, avec les zones archéologiques de Paestum et Velia et de la Chartreuse de Padula et pour son extraordinaire contribution au rayonnement de la Bourse de Paestum à toutes les latitudes et le rôle qu’il a joué dans sa reconnaissance par la communauté scientifique internationale.

Son engagement personnel envers la Bourse, qui lui vaut aujourd’hui d’être nommé président – récite la motivation – a beaucoup misé sur les bienfaits d’une bonne gouvernance internationale orientée vers un dialogue entre Etats, centré autour d’une meilleure valorisation du patrimoine archéologique et la promotion des destinations, ainsi que l’enrichissement du programme scientifique avec des contenus substantiels, en menant des initiatives annuelles avec l’Unesco et l’Iccrom, dont il a été le directeur général, des choix qui ont grandement facilité la participation d’institutions étatiques à Paestum, notamment à travers l’implication officielle de l’OMT, l’Organisation mondiale du tourisme, et ce, grâce à son amitié fraternelle avec Taleb Rifai, ancien ministre du Tourisme de Jordanie et directeur général de ladite organisation et des personnalités du monde du patrimoine culturel, comme Irina Bokova, directrice générale de l’Unesco, la présidente du Tatarstan et de nombreux ministres de la culture (d’Azerbaïdjan, du Bahreïn, du Cambodge, d’Irak et de Tunisie).

Cette nomination, qui sera entérinée par le ministre de la Culture, italien Dario Franceschini, dans les prochains jours, renforce la relation déjà forte qui lie désormais l’expert algérien avec cette région, depuis l’attribution de la reconnaissance de Paestum comme site du patrimoine mondial en 1998.

«Je suis honoré de recevoir cette reconnaissance de la part du plus grec des sites italiens», a déclaré Mounir Bouchenaki tout en s’engageant avec d’autres comme lui, à faire connaître à l’international des sites déjà connus au niveau national.

Une nomination qui renforce également, nous dit le directeur Ugo Picarelli, les projets de coopération culturelle que la Bourse entend promouvoir avec le ministère de la Culture et des Arts de la République algérienne et la ministre, Malika Bendouda, attendue pour la prochaine édition d’avril 2021, autour d’un programme ambitieux jetant les bases d’une collaboration fructueuse, visant à faire bénéficier les fonctionnaires ministériels et nos jeunes diplômés des compétences et formations requises, pour une synergie mettant en exergue des activités liées au volet archéologique dans notre pays.

«Et je puis vous assurer, a-t-il confié à Algeriepatriotique, que notre nouveau président aura à cœur de servir son pays, en faisant émerger davantage le richissime patrimoine de l’Algérie et son histoire prestigieuse.»

Une nomination, qui, disons-le, fait l’unanimité dans la péninsule, tant Mounir Bouchenaki s’est construit une solide réputation en Italie après une brillante carrière internationale, lui qui fut conservateur en chef et directeur du service des antiquités en Algérie, au début des années 1970, puis directeur adjoint du département d’archéologie, des musées et des monuments historiques et de 1976 à 1981 directeur du département du patrimoine culturel au ministère de la Culture et de l’Information.

A l’Unesco, à Paris en 1982, il rejoint la Division du patrimoine culturel en tant que spécialiste de programme, de 1990 à 2000 il fut directeur, de 1998 à 2000 il a été directeur du Centre du patrimoine mondial, de 2000 à 2006 directeur général adjoint à la culture et de 2012 à 2019 Conseiller spécial du directeur général.

Durant sa longue expérience à l’Unesco, il fut chargé de la rédaction du rapport sur la situation du patrimoine culturel au Liban et les actions de réhabilitation du musée de Beyrouth au terme de la guerre civile ; de 1993 à 1994, il assura la coordination des travaux de reconstruction du pont de Mostar, achevés en 2004, des efforts très appréciés par le gouvernement de Bosnie-Herzégovine qui lui accorda la citoyenneté d’honneur.

Enfin nommé directeur général de l’Iccrom de 2006 à 2011, en représentation de notre pays, il fut choisi en 2012 pour le poste stratégique de conseiller spécial du directeur général, un poste qu’il occupa jusqu’à cette date.

M. R.

Comment (4)

    DZA
    24 décembre 2020 - 18 h 52 min

    Cet archéologue qui a beaucoup fait avec peu de moyens en Algérie, où, il est tout aussi connu et apprécié pour son travail et sa rigueur, ce qui lui a valu d’être reconnu et apprécié par les organismes internationaux où il a passé une grande partie de sa carrière.
    Je pense que si notre pays avait eu une vraie politique et volonté de développement culturelle, il n’aurait pas échappé à nos décideurs de faire appel à nos meilleures compétences.
    Je dirais même plus, les meilleurs cadres algériens, ont de tout temps étés poussés à quitter le pays ou à rester à l’étranger, ceux qui ont préféré rentrer ou rester au pays, n’avaient pour choix que d’intégrer le système et le servir ou se contenter du sous-emploi. Sous Bouteflika, la seule chose qui intéressait les décideurs, c’étaient comment faire du business, tout le reste, c’était du folklore de mauvais goût, de l’activisme.

    La culture en Algérie est une urgence, mais hélas, elle attendra encore.
    Toutes mes félicitations à Mr Mounir Bouchnaki.

    Lynda Fenina
    24 décembre 2020 - 12 h 19 min

    Toutes mes félicitations pour la nomination de Mr Mounir Bouchnaki président d’une institution italienne !
    Par contre, je ne comprends pas la relation avec le patrimoine algérien?
    Mr Bouchnaki a occupé des postes importants et stratégiques à l’international (UNESCO, ICCROM…) et pourtant aucune répercussion sur l’Algérie et là, on veut que les italiens viennent chez nous pour nous montrer comment prendre soin de nos biens????
    Il faut d’abord que l’algérien reconnaisse ses richesses et que le politique sache quel en est l’intérêt pour s’enrichir davantage….

    Elephant Man
    23 décembre 2020 - 17 h 08 min

    Mabrouk Félicitations !!
    On attend de vous la préservation la protection et la réhabilitation des sites historiques archéologiques et patrimoine Algériens avec mise en place de structure high-tech de surveillance des sites pour éviter tout pillage vandalisme et retour des pièces archéologiques obtenues frauduleusement par les pays occidentaux.

    Merrikh
    23 décembre 2020 - 10 h 57 min

    J’espère qu’il aura, au coeur, la préservation et la protection des sites algériens (préhistoriques et antiques).
    Il y a un patrimoine richissime en Algérie lâchement abandonné à la prédation (pour plusieurs raisons) qui ont permis le « transfert » (vol ou non) de milliers d’objets en Europe et aux USA. Et cela continue. J’ai moi m
    même été approché par des proches qui avaient « récolté » des pièces romaines ou phéniciennes et byzantines
    pour la revente en France. Mon village natal possède un nom latin/romain jusqu’à aujourd’hui.
    Il y a énormément de sites romains encore non découverts (qui figurent sur les livres) et dès qu’on en découvre un, c’est la ruée pour son vandalisme à la recherche de statues,pièces de monnaie, … cela s’est encore passé i il y a quelques mois près d’El Kala (La Calle). Des sites/objets mégalithiques par milliers (menhirs, dolmens …).

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