Rapport Stora : l’historien qui nous cherche des histoires

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Le rapport de Benjamin Stora continue de susciter des remous. D. R.

Contribution de Saadeddine Kouidri – Si les victoires de notre peuple ne sont pas enseignées dans nos propres écoles, on ne peut pas en vouloir à ceux qui les ignorent sauf aux historiens et particulièrement à l’historien chargé par son Président de faire un «Rapport sur les questions mémorielles portant sur la colonisation et la Guerre d’Algérie». Ce qu’il appelle la «Guerre d’Algérie» et qu’il nommait «les évènements d’Algérie» s’est terminé en 1962 par la victoire des anticolonialistes menés par le peuple algérien. Une victoire actée à l’ONU. Elle est universelle et devient naturellement un acquis de toute l’humanité.

Le vaincu qui ne reconnaît pas sa défaite est comme un animal blessé. Il n’a que du ressentiment envers le vainqueur à ce sujet. C’est par le billet de l’histoire et des mémoires qu’il tente de se venger et cherche toujours à nuire aux peuples qui l’ont vaincu.

Le peuple algérien ne peut être qu’heureux d’être toujours vivant grâce à la résistance de ses aïeux contre l’extermination coloniale française qui a duré de 1830 à 1860. A l’unanimité, il est fier de sa victoire sur la colonisation française de 1954 à 1962 quand le FLN/ALN lui avait appris, entre autres, dès le 1er Novembre à distinguer entre le colonialisme français et le peuple français. L’autre victoire du peuple algérien, et qui ne fait pas l’unanimité, est sa victoire sur le terrorisme islamiste. Sa dernière victoire qui, elle aussi, fait l’unanimité, est celle du mouvement citoyen du 22 février 2019 qui a enterré le 5e mandat et dégagé les frères Bouteflika et leur bande.

Qu’est-ce que cet historien qui, en parlant de mon pays, ne retient pas ses victoires et qui n’arrive même pas à s’élever au niveau de son Président pour qui la colonisation est un crime contre l’humanité et non seulement une critique du système colonial comme il le prétend dès les premières lignes de son rapport ?

Bouteflika a fait la réconciliation avec les islamistes sans les nommer. Avec qui la France veut-elle se réconcilier ? Les vainqueurs n’en ont cure d’un vis-à-vis qui ne respecte pas ce qu’il aime par-dessus tout, leur mère patrie qu’ils viennent de récupérer des entrailles du monstre colonial, où elle échoue après tant d’occupations, presqu’en entier, après tant de siècles. Dans ce cas, il n’y avait que la Révolution pour la sortir indemne et la remettre à jour, après ce temps abyssal. Le mouvement citoyen en est le dernier témoin, et nous restons, bien sûr, demandeurs de nos biens dont les archives et autres objets d’art, d’histoire et d’objets de souveraineté selon les lois universelles. Devant tant de contradictions nourries par le dénie, Stora finit par avouer : «On ne peut pas réconcilier l’irréconciliable.» Ses contradictions ne sont pas dénudées de malice. En clair, il cherche à se réconcilier mais pas avec un vainqueur, d’une rive qu’il a déserté lui et ses coreligionnaires !

La lecture du rapport destiné à Macron m’a donné l’impression que Benjamin Stora est installé dans un gourbi abandonné aux environs de Mélouza avec les harkis ou, sans honte bue, traîne leurs enfants, comme les fantômes du Musée où il travaille, celui de Vincennes, qui servait jadis l’histoire de la coloniale. Il cultive les anecdotes comme des outils qui servent sa profonde conviction, celle de faire de l’éclatante victoire du peuple algérien, non seulement une défaite au passé mais aussi du présent, qui justifierait les problèmes actuels. La mission de faire un rapport sur les questions mémorielles portant sur la colonisation et la Guerre d’Algérie que lui a fixé le président Macron lui a permis de relater encore une fois ses histoires qu’il rabâche depuis des lustres pour influencer le récit commun des relations qui se font naturellement entre les peuples et qui s’écrivent librement sans le consentement d’autorités quelles qu’elles soient.

La réponse à sa question «comment comprendre l’âpreté de ce conflit ?» nous oblige à une longue citation de Mostapha Lacheref qui explique le mieux ce qu’est la colonisation de peuplement, synonyme de génocide du peuple algérien que Macron, le premier président français, a eu l’opportunité de reconnaître : «La France trouve en face d’elle une société bien organisée, à la civilisation propre, parfois comparable à celles du Bassin méditerranéen, peut-être imparfaite dans son développement, mais dans l’amour de la liberté, l’attachement à la terre, la cohésion, la culture, le sens patriotique, les ressources et les idéaux communs à défendre contre l’ennemi national, donnent leurs preuves tout au long d’une guerre de conquête de près de 40 ans. Cette société dont les cadres et les élites de valeur avaient été décimés pour être remplacés par des féodalités mercenaires et dynastiques est, de plus, systématiquement détruite ou appauvrie ; on entreprend, dans le dernier tiers du siècle, de la submerger sous le poids d’un peuplement européen seul détenteur du pouvoir politique, seul maître des richesses nationales ; elle résiste désormais par tous les moyens, surtout pacifiques, subit les ravages des famines, des épidémies et des lois d’exception, colmate ses brèches grâce à l’effort conjugué d’à peu près tous ses groupes sociaux et, vers les débuts du XXe siècle, la partie est gagnée puisque l’extermination, objectif avoué ou inavoué par lequel le colonialisme visait à substituer au peuple algérien un autre peuple est conjurée.

Il est d’ailleurs vraisemblable (et en grande partie prouvé) que cette extermination directe et indirecte du fait de la guerre de conquête et de ses conséquences se soit soldée entre 1830 et 1860 environ par plusieurs millions de morts dans un milieu rural acculé aux famines par destruction, décimé par les combats et l’exode, et un milieu citadin contraint à l’exil.» Cela en ce qui concerne la colonisation, quant à la Révolution, que l’autorité française continue à qualifier de «Guerre d’Algérie» malgré le scepticisme de Macron à ce sujet, j’invite le lecteur à se remémorer ou à prendre connaissance d’extraits de la déclaration du GPRA en 1960 à l’adresse des pieds-noirs : «La conquête coloniale vous a ouvert les portes de notre pays. Elle vous a donné des droits exorbitants dont elle nous a systématiquement privés.

Les patriotes algériens qui ont accepté de mourir pour vivre libres, ne vous marchandent pas le droit d’user de la même liberté… C’est la terre qui façonne l’homme. Et la terre algérienne nous a façonnés.» Des milliers d’autres actes du passé glorieux du peuple algérien ne peuvent tous être cités. Certes, mais de là à les enterrer par ce «consulaire», le canon de Baba Merzoug, dont l’obus est porté par des tortionnaires, des harkis, relève d’une autre guerre. En sus, il cite un mort qui disait : «J’ai toujours ressenti mon départ d’Algérie comme injuste.» Cet homme avait plus de vingt-deux ans en 1962. S’il ne se sent pas coupable et s’il n’attribue pas la faute à l’OAS, l’auteur laisse sous-entendre que l’injustice est celle des dirigeants de la Révolution.

Pour Stora, l’histoire commune est dans la continuité de la guerre pour transformer la défaite de sa nouvelle mère patrie en victoire, et rabaisser le caquet aux courageux et fiers anticolonialistes qui ont contribué à sauver l’honneur du peuple français. Il fuit cette vérité en rusant, et pour rendre son récit vraisemblable, il affirme que «la guerre d’indépendance algérienne semblait ne pas finir tant elle était devenue un réservoir inépuisable d’arguments pour les jeux politiques du présent».

Benjamin Stora propose à son Président des actes dans le futur pour embrouiller davantage la cuisante défaite du colonialisme français et déculpabiliser le système politique des génocidaires et leurs acolytes. L’acte principal du travail de mémoire doit avoir comme préalable de mettre en exergue la victoire des anticolonialistes et afficher les vaincus, qui, en dernier, était de Gaulle dont le seul génie est d’avoir recyclé des résistants antinazis en tortionnaires, tout en transformant des pro-nazis en hauts fonctionnaires de l’Etat français pour arriver à ses fins. Autrement, ceux qui, en parlant d’histoire, veulent des actes et non des mots nous cherchent des histoires. Le défi de Stora est de faire de la guerre anticoloniale une guerre fratricide. Il n’est pas le seul à le tenter, malheureusement.

Toute la droite s’y attelle et, dans ces cas, nous répondrons, comme l’a souhaité le jeune dirigeant de la Révolution Didouche Mourad, mort le 18 janvier 1955, à l’âge de vingt-sept ans, lors d’un accrochage face à l’armée française avec six de ses compagnons. Toutes les productions qui nient les victoires des peuples plongent l’historien dans l’anecdotique. Pour terminer, où a-t-on vu un vainqueur demander des excuses à un vaincu ? Il faut être un adepte du 5e mandat pour oser le penser. Un autre écueil : la France s’appelait la Gaule et les Français les Gaulois. Vient-il à l’idée à la droite française et ses valets d’ici et de là-bas que l’Algérie s’appelait la Numidie et les Algériens les Numides, à l’instar de Saint-Augustin que Joe Biden vient de citer dans son discours d’investiture.

S. K.

Comment (22)

    Abdel
    27 janvier 2021 - 10 h 14 min

    Pour ma part, je crois de l’historien ne s’est pas occupé à écrire l’histoire réelle, mais à écrire une histoire voulue pas ses commanditaires moyennant quelques centaines de milliers d’euros;
    Comme un couturier fait un costume selon la demande du client, c’est ce qu’il a fait et il connait parfaitement l’histoire, il s’est salie pour la propagande officielle.
    Il n’y a qu’à lire les écrits de certains de leurs officiels, ils ne condamnent pas les causes, mais les effets (il faudrait condamner les résistants pas le nazis), il paraît pour eux, notre terre était un champs de ruine inhabité avec un peuple de monstres et venu certainement d’une autre planète, et qu’ils ont fait de notre pays un paradis sur terre (en effet, pour nos parents, ils vivaient dans l’abondance et la joie par leur grâce).
    Certains d’eux disent qu’ils ont des problèmes qu’avec nous, et ont d’excellentes relations avec le pays voisins de l’ouest, seulement, ils ne disent pas qu’ils assistent ce pays dans tous les domaines (économiques, militaires, diplomatiques et j’en passe) parfois rien que pour nous narguer et créer un climat d’instabilité et de guerre dans la région pendant qu’ils créent dans leur région un climat de paix, de prospérité et fraternité avec leurs frères de religion.

    Abou Stroff
    27 janvier 2021 - 7 h 09 min

    je constate que, concernant l’écriture d’une histoire « apaisée » des relations algéro-françaises, Macron a désigné B. Stora, un chercheur éminent en histoire de l’Afrique du nord dont les publications constituent une référence incontournable tandis que tebboune a désigné a. chikhi qui n’a rien écrit sur le sujet (ni sur un quelconque autre sujet) et dont le cv est aussi épais qu’un papier à cigarettes (« massa »).
    j’ajoute, que si nous faisons abstraction des envolées lyriques de l’auteur, il n’y a rien d’essentiel (de l’essence par opposition aux apparences) dans sa démarche.
    je réitère donc ce que j’ai déjà avancé sur le « thème-fond de commerce » qu’est la colonisation de l’Algérie:
    l’histoire de l’algérie est une partie intégrante de l’histoire du capitalisme en tant que système dont la colonisation, sous différentes formes, n’était qu’une phase historique incontournable qui a débouché sur la phase impérialiste pour aboutir, au moment présent, à la soi disant mondialisation.
    en d’autres termes, si l’algérie n’avait pas été colonisée par les frenchies, elle l’aurait certainement été par un autre pays où le capitalisme avait pris racine et où la dynamique de ce dernier aurait inéluctablement débouché sur un processus de colonisation (la question qui mérite d’être posée est celle qui consiste à s’interroger sur le fait remarquable que, malgré une accumulation de richesses palpable et quantifiable, le système dominant l’empire ottoman n’ait pas été dépassé, d’une manière endogène, par le système capitaliste, dépassement qui nous aurait permis de coloniser l’europe, en particulier et le reste du monde, en général.
    en fait, la colonisation et les guerres d’extermination qui l’ont accompagnée n’ont pas uniquement eu lieu en Algérie. les amérindiens, les aborigènes d’australie et les maoris de nouvelle zélande, entre autres, pourraient nous en raconter de bien plus moches que celles qui se sont déroulées sur la terre algérienne.
    PS1: l’histoire est, contrairement aux idées puériles en vogue, le produit de contradictions, et de conflits permanents. les diverses invasions dites « barbares » qui ont jalonné l’histoire de l’europe, par exemple, montre que le colonialisme (l’expansion de l’europe capitaliste vers tous les continents) ne fut qu’une étape dans le processus de construction de l’économie-monde du moment présent.
    PS2: après avoir exigé des excuses de la france colonialiste, un ex ministre des moudjahidines n’a pas trouvé mieux que de s’installer définitivement chez fafa tandis que l’actuel ministre des moudjahidines se fait soigner, depuis plusieurs mois, à l’étranger.
    moralité de l’histoire: il n’y en a aucune à part le constat indéniable que la majorité des algériens lambda ont compris que le nationalisme à deux doros qu’exhibent nos augustes dirigeants et leurs idéologues attitrés n’est que de la poudre aux yeux, sans plus.

      Abdel
      27 janvier 2021 - 19 h 57 min

      @ Abou Stroff
      27 janvier 2021 – 7 h 09 min
      Vous avez tout dis cher ami.
      Pour ne prendre que l’exemple de notre pays, combien de fois avons nous été colonisé, que même aujourd’hui qu’il n’y a plus de colons physiques, nous sommes encore colonisés psychologiquement avec l’assistance de nos illustres pontes et hommes de religion auto-proclamés, et nous sommes les rois dans ce domaine au point que nous voulons ressembler à des être humains ou pays bien inférieur à nous dans tout les domaines (excusez moi du terme employé, ce n’est pas péjoratif).
      Le problème pour nous, je crois que nous avons de gros dysfonctionnement de la perception de la réalité chronique.
      Quant ‘à nos pontes, ils brillent par leurs médiocrités à faire rougir les barbares.
      Il paraît même que pendant le colonialisme, certains de nos pontes interdisaient nos enfants d’aller à l’école pour encore les maintenir dans l’ignorance et rester maniable comme de la pâte à modeler selon leurs délires du jour pendant que leurs rejetons allaient faire leurs études dans la langues du colons,
      rien n’a changé sous notre soleil, on a seulement changé d’employeur.

    TOLGA - ZAÂTCHA
    26 janvier 2021 - 18 h 21 min

    MR. Saadeddine Kouidri, pouvez-vous S.V.P., m’expliquer la finalité de votre écrit ci-après, je vous cite :

    « Le peuple algérien ne peut être qu’heureux d’être toujours vivant grâce à la résistance de ses aïeux contre l’extermination coloniale française qui a duré de 1830 à 1860… ». Moi, qui pensais que LA RÉSISTANCE DE NOS GLORIEUX AÏEUX avait duré de 1830 à 1962 !!! Je ne comprends pas. D’autant plus qu’il me semble que vous ayez « oublié » la fameuse résistance du – 26 AVRIL 1901 – qui est le PREMIER SOULÈVEMENT du 20éme siècle à AÏN TORKI (ex-MARGUERITE) contrée clouée au pieds du ZACCAR et dont feu l’intellectuel LAÂDI FLICI a retracé l’épopée de la bravoure de nos ANCÊTRES COMBATTANTS dans son admirable ouvrage « QUI SE SOUVIENT DE MARGUERITE ? » dont je vous reproduis cet écrit en vous souhaitant bonne une très bonne lecture. Moi, qui ai pensé comme beaucoup de mes compatriotes que la RÉSISTANCE DE NOS ANCÊTRES FACE AU COLONIALISME français AVAIT DURÉ – DE 1830 A 1962 !!! Que stora aurait pu limité la RÉSISTANCE DE NOS GLORIEUX ANCÊTRES de 1830 à 1860 (???) j’aurai parfaitement compris car c’est son rôle de TRAVESTIR NOTRE HISTOIRE et ce n’est pas la première fois qui le fait, voir ses écrits sur l’affaire MELOUZA vous serez édifié !!! Mais quand c’est – VOUS – en tant qu’ALGÉRIEN qui délimitez la période de RÉSISTANCE DE NOS GLORIEUX ANCÊTRES de 1830 à 1860….. JE ME POSE, ALORS,DE SÉRIEUSES QUESTIONS QUANT À VOTRE « crédibilité » EN LA MATIÈRE….
    En toute Amitié.
    TOLGA – ZAÂTCHA.

    Voici le texte en question qui relate les faits historiques – VÉRIDIQUES – de la Révolte de NOS GLORIEUX ANCÊTRES à AÏN TORKI (Marguerite). Bonne lecture, cher Monsieur.

    27 Avril 2013 Publié par Saoudi Abdelaziz
    Margueritte, 26 avril 1901 : Le premier soulèvement du 20ème siècle

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    Aïn Torki (ex-Margueritte): panneau commémoratif de la révolte de 1901

    Premier soulèvement du mouvement national moderne en Algérie ? Au tournant du nouveau siècle, la révolte de Margueritte fut vécue par la société coloniale comme un véritable traumatisme. La colonisation pensait vivre dans la stabilité. Une nouvelle classe sociale créée par la colonisation entre en scène. Ce sont les ouvriers agricoles qui montent sur le devant de la scène, dirigés par des leaders issus de leurs rangs. Dans sa préface au livre de Christian Phéline, Les Insurgés de l’An 1, présenté par Kaddour M’hamsadji, Mouloud Achour écrit : «La révolte d’Aïn Torki, ex-Margueritte, aura été le premier coup de semonce tiré, au XXe siècle, à l’encontre du statu quo colonial enAlgérie”. Le site miliana.comuv.com consacre à l’insurrection de Margueritte, dossier magnifiquement illustré où sont retracées les péripéties du mouvement et de ses conséquences.

    EXTRAIT

    Margueritte (aujourd’hui Aïn Torki), cette contrée clouée au pied du Zaccar dans des zones arides, dépendait administrativement de la commune mixte de Hammam Righa, jusqu’en 1956, lorsqu’elle fut promue au rang de commune. Sa population d’alors en 1954, à la veille du déclenchement de la révolution du 1er novembre, fut de 5237 habitants, soit 5030 musulmans et 207 européens. En 1960, sa population atteignit 5387 habitants (339 agglomérée au chef lieu, 5036 en éparse, 135 européens, 5236 musulmans, 3 étrangers nom musulmans, 01 étrangers musulman et 12 habitants comptés à part). Au lendemain de l’indépendance, elle fut rattachée à la commune de Hammam Righa, puis en 1984, elle fut rétablit de nouveau avec le statut de commune à part entière.

    Les causes majeures d’une révolte.

    Les insurgés impliqués dans l’affaire dite de « Margueritte » avaient été durement frappés par la colonisation, en application du sénatus-consulte d’avril 1863. Dès 1868, et en application de ce texte de la honte, 1463 ha leur avaient été enlevés. Au moment de la délimitation effectuée sur le douar d’Adelia, il ne restait encore que 9.323 ha de terre melk aux 2194 habitants. Des expropriations successives effectuées en 1877 et 1881, leur enlevèrent une superficie évaluée à 1.799 ha de terres fertiles. Puis vint le temps des licitations (cessions aux colons européens pas moins de 3.329 ha). Avant le déclenchement de l’insurrection du 26 avril 1901, il ne restait plus que 4.066 ha en tout et pour tout, pour les 3.206 habitants.

    Monsieur Jenoudet, un monstre, disposait à lui seul de plus 1000 hectares de bonnes terres qui lui revenaient généralement de 22 à 27 Fr. l’hectare (lorsque le principal accusé dans l’affaire, Yacoub ibn El Hadj prié par le président de la cour d’assises de Montpellier le 22 janvier 1903 (quarante-troisième journée du procès –audience de l’après-midi), de faire une déclaration aux jurés, il disait vrai lorsqu’il déclara en substance :

    « Maintenant, laissez-moi vous dire que nous avons été dépouillés de nos terres: les unes prises par M. Jenoudet, les autres par différents colons et que nous avons été obligés de travailler pour vivre. Quand un de nos mulets s’égarait sur la propriété d’un colon, nous étions obligés de verser 15 à 20 francs pour rentrer en possession de la bête; quand notre troupeau pacageait dans les broussailles, on n’hésitait pas à nous faire des procès-verbaux (Les procès-verbaux forestiers étaient très nombreux dans le douar Adelia: 132 en 1899, 219 en 1900, sur les 15.000 ha du douar, 4912 ha de terres domaniales relevaient du régime forestier). Nos terres, autrefois, nous permettaient de vivre ; aujourd’hui, nous sommes obligés de vivre avec un franc ou un franc cinquante de salaire. Que peut faire un homme avec un pareil salaire, quand il a une nombreuse famille à nourrir, à vêtir, à subvenir à tous les autres besoins ? Quand nous avions besoin d’argent, la caisse de prévoyance ne prêtait pas à de simples journaliers comme nous; il fallait être aisé pour emprunter. Alors nous étions obligés de nous adresser à M. Subreville, qui nous vendait le sac de grains 25 à 30 francs »…

    CHRONOLOGIE

    1901

    26 avril au 01 mai : Soulèvement des habitants Aïn-Torki et Miliana « incidents de Margueritte » (selon la presse algéroise de l’époque) dirigé par Yacoub ibn El Hadj. (cf. Chronologie algérienne 1830-1962, T1 ; p 158/159)

    02 mai: Arrestation de Yacoub Ibn El Hadj par l’autorité coloniale près de Djendel par l’administrateur de la commune mixte Mr. Diard.

    1902

    Janvier : Arrêté du gouverneur général de l’Algérie, portant séquestre des biens de 87 indigènes, impliqués dans les évènements de Margueritte (commune mixte de Hammam Righa). (cf. Chronologie algérienne 1830-1962, T1 ; p 160).

    11 décembre : Comparaison devant les assises de Montpellier (France), de 87 fellahs accusés d’avoir participé aux pillages de Margueritte (Miliana). Verdict : plusieurs peines de prison et 52 acquittements. (cf. Chronologie algérienne 1830-1962, T1 ; p 161).

    1903

    08 février : Verdict de l’affaire de Margueritte : 21 condamnations et 81 acquittements.

    09 août : Arrêté du gouverneur général de l’Algérie (Mr. Jonnart), relatif à l’exonération des 52 indigènes du séquestre imposés dans l’affaire de Margueritte, après avoir été acquittés par la cour d’assise de Montpellier.

    1905

    Yacoub Ibn El Hadj et son second Thaalbi EL Hadj ben Aïcha, moururent au bagne dans des conditions étranges.

    LES INSURGÉS DE L’AN 1 DE CHRISTIAN PHÉLINE

    Un des chefs-d’oeuvre de résistance identitaire

    Par Kaddour M’hamsadji , 24 avril 2013.

    Les insurgés du 26 avril 1901, à Margueritte, illustrent cette vérité définitive que le peuple algérien n’a jamais renoncé à lutter contre tous les envahisseurs depuis des millénaires.

    Ainsi que je l’ai annoncé mercredi dernier, j’aborde mon second rappel d’événements historiques, en ce mois d’avril. Il a pour objet la révolte de Margueritte (auj. Aïn Torki) que Christian Phéline a essayé d’instruire, à nouveau, dans son livre Les Insurgés de l’An 1, Margueritte (Aïn-Torki), 26 avril 1901 (*), – en couverture, est reproduite une photo subjective du «Marabout Yacoub [Mohamed ben el Hâdj Ahmed], instigateur des troubles de Margueritte, au moment de son arrestation, en 1901».

    Ce fait historique du vendredi 26 avril 1901 aura 112 ans, après demain, vendredi 26 avril 2013! (Remarquons le jour: vendredi.)

    Notons que Aïn-Torki (La fontaine du Turc), située à 40 km du chef-lieu de Aïn Defla et relevant de la daïra de Hammam Righa, a, vers 1885, porté le nom de Margueritte (sic). Ce dernier, commandant en Algérie la subdivision militaire de Miliana, s’est illustré contre les populations civiles, lors du soulèvement des Ouled Sidi Cheikh, en 1864. Six ans plus tard, nommé à la tête des 1er et 3e Chasseurs d’Afrique, Jean-Auguste Margueritte – étant alors le plus jeune général de division – meurt de ses blessures dans la bataille de Sedan contre la Prusse en 1870.

    «Qui se souvient de Margueritte?»

    J’ai dit «à nouveau», parlant du livre de Christian Phéline, car il existe un ouvrage intitulé Qui se souvient de Margueritte? de notre regretté et ami Laadi Flici, éd. ÉNAL, Alger, 1984. 124 pages. Dans la même année, j’ai eu le bonheur de le présenter dans le grand quotidien national El Moudjahid (où il a été publié précédemment en 22 parties du 10 mars 1983 au 27 août 1983 sous le titre général «Chronique du temps qui passe») et dans mon émission Le Temps de lire (déjà) à la radio Chaîne III, le 14 juillet 1984. J’y ai lu cette observation de Flici, extraite de son livre: «Un article de M. Dumont dans ´´La Libre Parole´´ consacrée au procès de Montpellier: ´´Si nous perdons un jour l’Algérie, soyez sûrs, que le procès des accusés de Margueritte, tel qu’il a été compris aura contribué pour une large part à ce résultat.» Laadi Flici a donné toute la lumière sur ce petit village de Margueritte qui fut entièrement décimé par l’armée coloniale. J’ai terminé l’émission par cette autre citation-conclusion au style particulier, alerte, plein d’humour et de colère de Laadi Flici: «Nous avons voulu tout au long de ces épisodes vous dire Margueritte le plus simplement possible. Puissent les enfants de Margueritte, aujourd’hui, se rappeler que leurs parents furent d’authentiques héros. Gloire éternelle aux martyrs de Margueritte.» La dernière phrase a été reprise par Christian Phéline dans son livre Les Insurgés de l’An 1, p. 221.

    Un des chefs-d’oeuvre de résistance identitaire

    Quant au livre de Christian Phéline, Les Insurgés de l’An 1, il bénéficie d’une préface d’une grande utilité, rédigée soigneusement par Mouloud Achour qui écrit: «La révolte d’Aïn Torki, ex-Margueritte, aura été le premier coup de semonce tiré, au XXe siècle, à l’encontre du statu quo colonial en Algérie. […] Les Insurgés de l’An 1, dont la publication intervient tout juste 111 ans après le soulèvement du 26 avril 1901, rend ainsi hommage à la mémoire de Yacoub et de ses compagnons dont l’action toute spontanée préfigure celle que les mouvements nationalistes allaient engager, quelque trente ans plus tard, au plan politique, puis militaire, jusqu’au recouvrement par l’Algérie de son indépendance en juillet 1962.»

    Pour tenter de clarifier l’«affaire de Margueritte», Christian Phéline s’est évertué à produire un travail de recherche, d’analyse, de vérification et de mise au point. Digne de sa qualité personnelle d’homme de conscience et de sa formation intellectuelle (membre de la Cour des comptes à Paris, a été coopérant distingué dans le domaine de l’agriculture en Algérie à la fin des années 1960 et a contribué aux débats autour de la «voie algérienne» de développement) et certainement digne «arrière-petit-fils du magistrat colonial qui avait été chargé des premiers constats, il n’a pas hésité à plonger jusqu’au coeur de la vérité historique de la tragédie révolutionnaire de la population algérienne de «Margueritte». Il faut lui reconnaître son honnêteté, son courage, son audace et sa persévérance dans sa quête de la vérité et son habileté à remettre à l’endroit un point d’histoire longtemps méconnu, longtemps ignoré, presque complètement occulté en France.

    Dans le vif du sujet
    Les documents utilisés sont tirés d’archives authentiques confirmées par des études et analyses très détaillées par Christian Phéline et comparées, encore par lui, aux articles de presse de l’époque et aux écrits d’auteurs de haute compétence dont onretrouvera les noms et les oeuvres dans la volumineuse bibliographie. De plus, un grand nombre de ces documents ont été judicieusement exploités sous la forme d’intéressants commentaires dans le corpus. Les notes qui suivent les chapitres excellemment structurés et dont les paragraphes sont titrés, incitent à poursuivre la lecture pour savoir et comprendre tout en procurant un bien-être immense à vivre l’événement en continu et à partager la passion des personnages en lutte pour leur liberté. Toutefois, j’ai à dire, par parenthèse, que l’on aura beau «avertir» (p. 11), il reste encore difficile de transcrire, d’expliquer ou de donner un sens aux mots de langue arabe si, indépendamment du non respect des règles phonétiques, la prononciation ou l’écriture est fautive du fait d’une totale ignorance de la variance du signifié. Simple exemple: p. 256, n. 1, «… moukhama (sic) ne serait-ce pas plutôt «mouhâmâ»? Autrement, doit-on comprendre (révolution, conflit)? De même, p. 251, n. 13: «… le nom de ´´Kaddour´´, doublet de ´´Kader´´ qui n’évoquerait plus puissance et richesse que sous la forme ironique d’un diminutif.» Il y a, semble-t-il, contradiction, car chez le musulman le puissant c’est Dieu, il est le Tout-Puissant, le Kader, plus précisément Al Qâdir. Le prénom admis est Abd El Qâdir, couramment. «Abdelkader» et «Kader». On emploie des diminutifs pour ne pas «profaner» le nom divin El Qâdir, tout en sous-entendant (Abd = créature de ou serviteur de), soit Qouwaydîr, Kouider ou le diminutif-intensif Qaddoûr, plus simplement Kaddour. Bref…
    Ainsi entrons-nous dès les premières lignes du livre Les Insurgés de l’An 1, dans le vif du sujet: «Soulèvement des indigènes dans la commune de Margueritte». «Il y a une révolution!» Le récit commence. L’enquête établit la chronologie des faits. L’inquiétude, l’angoisse, la stupeur donnent tour à tour la gradation du drame. Des Algériens («indigènes» à l’époque coloniale), journaliers, maltraités, chez les colons se révoltent. «Le groupe caracole alors vers le village.

    Yacoub Mohamed ben El Hadj Ahmed, un jeune journalier usuellement employé à la taille des piquets de vigne et connu pour son zèle religieux, a pris sa tête avec rang de ´´Sultan´´. Progressivement grossie d’ouvriers quittant les champs sur son passage, la bande dépasse bientôt la centaine. Rencontré dans son champ, le colon Pierre Gariot est le premier à avoir la gorge tranchée, le visage tourné vers l’Orient.» (Un encart présente des photographies d’époque…) L’armée intervient. Le massacre de la population est sans répit. Des questions se posent (pourquoi?) et réclament des réponses (parce que!) à ceci: spoliation, injustice, révolte (ou intifâda), fanatisme, assaut, représailles, accusation, débats (surenchères, réaction), détention, la presse («Les troubles de Margueritte», le procès, le verdict, acquittement? (non pas, plutôt, bagne!)…

    La Mémoire n’est pas vide, des mémoires se rappellent: celle de Laadi Flici («Qui se souvient de Margueritte?»), des stèles à Miliana, des images (la revue L’Illustration s’intéresse «au départ d’un détachement pour une battue dans la montagne,…», fictions, réinterprétation,… répétition mai 1945, rupture. Oui, ainsi que l’écrit Christian Phéline: «C’est donc aussi en creux que le 26 avril représente un jalon, discret mais décisif, vers ces formes ultimes de la lutte contre l’émancipation nationale.» Et l’auteur termine son livre en reprenant le pronostic prémonitoire de Louis Braud (La Dépêche, Toulouse, 9 février 1903) au lendemain du procès de Montpellier: «Si la France laisse subsister ce régime, elle perd l’Algérie ou elle aura fatalement à réprimer des insurrections encore plus terribles que celle de Margueritte.»
    Vous lirez Les Insurgés de l’An 1 (la symbolique est claire) de Christian Phéline avec la passion indispensablement soulagée…

    Kaddour M’hamsadji, 24 avril 2013. L’Expression-dz

    (*) Les Insurgés de l’An 1, Margueritte (Aïn-Torki), 26 avril 1901 de Christian Phéline, Casbah Éditions, Alger, 2012, 270 pages.

    Pour ultime rappel :
    LA RÉSISTANCE DE NOS ANCÊTRES CONTRE LE COLONIALISME FRANÇAIS BESTIAL S’EST POURSUIVIE BIEN AU-DELÀ DE LA PÉRIODE QUE VOUS INDIQUEZ – 1830 à 1860 -.

    Algerien Pur Et Dur
    26 janvier 2021 - 16 h 33 min

    Je n’ai cesse de le repeter, moi et tout ceux qui pensent comme moi, tournons la page franca er regardons ailleurs. Comme l’a si bien dit l’article, un vainqueur ne demande jamais un pardon au vaincu. Ce pays ne nous veut aucun bien a l’image de deGaule qui nous a promis des notre independance qu’on regretterai le depart de la France. Ils ne se sont pas arrete la. Ils ont tout fait depuis pour nous faire regretter leur depart. Ils ont use de tous les coups, bas et hauts. Mais n’ont toujours pas appris une verite absolue. On est des numides commenle dit l’article. On plie peut etre mais on ne casse pas. Je suis d’accord avec Kateb Yacine qui s’est referre a la langue francaise comme etant un butin de guerre. Mais je crois aussi que c’est l’un des moyens sur par lequel la france diffuse son poison depuis notre independance. Le Vietnam s’est mis a la langue anglaise et il ne s’en porte que mieux. Qu’on ne me sorte surtout pas son occupation par les yankees comme ayant facilite cette transition. Malgre sa brutalite que personne ne peut contester, cette occupation etait breve dans le temps et loin d’avoir touche le pays dans le temps et en profondeur comme l’a fait l’occupation du Vietnam par la france. Le Vietnam est un pays qui rivalisera avec la Chine et le Japon dans quelques petites annees. Il est en bonne voie. Il faut donc considerer le choix de se detourner de cette langue serieusement si on veut se desamarrer d’un pays qui continue a ne nous vouloir aucun bien et fait tout pour nous freiner y compris corrompre les couloirs du pouvoir dans notre pays. On parle de harkis. Les harkis encore plus virulents que ceux d’hier sont ceux qui vivent en algerie et sabotent le pays au quotidien.

    On connait notre histoire par coeur
    26 janvier 2021 - 16 h 03 min

    C’était prévisible de la part de ces falsificateurs !

    Brahms
    26 janvier 2021 - 15 h 43 min

    STORA = Rien de bon

    Ce sont les victimes qui doivent faire un rapport avec preuves à l’appui et porter l’estocade contre la France. Il y a un très grand travail à faire mais comme la France garde nos archives, tout est biaisé.

    Il faut donc embaucher des étudiants en histoire entre 20 et 35 ans près à relever le défi et monter des requêtes en indemnisation avec des juristes contre l’État Français, seul responsable.

    Mais, si rien n’est fait, les autres français minimiseront toujours leurs actes et feront diversions vers des statues, des dessins, du vivre ensemble, tourisme ou autres afin de nous éloigner de notre objectif.

    karimdz
    26 janvier 2021 - 13 h 07 min

    Je vous le redis, stora est un faux ami de l Algérie, ce rapport est à mettre dans la poubelle.

    L Algérie n a besoin ni de macron ni de stora pour faire reconnaître le génocide commis par l Etat français durant l occupation de notre pays, qui a exterminé 5 à 8 millions d algériens sans compter les crimes de guerre qui ont suivi lors de la lutte de libération nationale.

    Le président Tebboune doit convoquer le parlement, les deux chambres, pour reconnaitre ce génocide qui nous rappelle à bien des égards ceux commis par le nazisme, puis d agir auprès de l ONU pour soumettre une résolution actant ce génocide pour lui donner une dimension mondiale, et pour que tous les peuples le sachent. La France sera du coup mis devant ses responsabilités.

    At Dahman
    26 janvier 2021 - 13 h 04 min

    L’historien Benjamin Stora, écrit l’histoire de l’Algérie comme il la perçoit, et qu’il l’a vécue, du point de vue de ce qu’il est, c’est-à-dire un français d’Algérie, issu de cette partie de la population indigène naturalisée collectivement par le décret Crémieux en 1871. Si nul ne doute qu’il ait, comme de nombreux juifs d’Algérie, gardé des attaches culturelles et affectives, avec la population indigène, voire même une certaine sympathie à l’égard de son combat libérateur, Benjamin Stora s’assume, comme le français d’Algérie qu’il est. Il va même jusqu’à proclamer son appartenance à la communauté des « pieds noirs ».
    Benjamin Stora a, certes, accompli durant ces cinquante dernières années, un travail considérable de recherche et de documentation sur l’Histoire de l’Algérie, dont chaque algérien devrait lui être redevable. Il est, en revanche, temps que nos propres historiens s’attachent eux-mêmes a écrire notre propre histoire, en revisitant les faits et en se faisant leur propre lecture de la littérature produite ailleurs à partir de visions qui ne sont pas nécessairement les leurs. Car si l’histoire objective est un leurre, son écriture à quatre mains est un non sens! Il ne s’agit pas ici de divergences d’interprétation, qui sont courantes entre historiens, mais de la perspective donnée à l’Histoire elle-même , comme roman national. Ainsi, en lisant la Tribune de Benjamin Stora, publiée hier par le « Quotidien d’Oran », j’ai relevé que pour Stora, Messali Hadj, Ferhat Abbas et Abdelhamid Benbadis seraient, en quelque sorte, la trinité du Mouvement national algérien, là ou j’aurais tendance à voir plutôt, à l’exception peut-être de Ferhat Abbas, l’impasse qui a conduit à la Révolution du Premier Novembre!
    Il n’y a donc bel et bien conflit de mémoires entre l’Algérie et la France, des mémoires différentes, souvent contradictoires, voire inconciliables. Nous avons donc plus urgent à faire : régler nos contentieux historiques, dans l’intérêt de nos deux peuples et de leurs relations futures.
    Je suis de ceux qui pensent, que nous algériens, devrions nous en tenir à deux exigences, sine qua non :
    1- La reconnaissance de tous les faits historiques, y compris ceux qui sont de nature à être caractérisés de crimes de guerre ou de crimes contre l’humanité.
    2- La restitution de toutes nos archives nationales et objets de toute nature, sans exception, détenus par la France et susceptible de revenir au patrimoine national de l’Etat Algérien.
    En revanche la question des excuses ou de la repentance ne concernent pas l’Algérie : c’est un problème interne à la France qui a des difficultés à assumer son héritage multiple et contradictoire, du Code noir à la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen, en passant par les conquêtes coloniales, la Commune et la glorification de l’Empire colonial martelée par l’Ecole de Jules Ferry, les bienfaits de la colonisation et l’adoption d’une Loi reconnaissant le génocide du peuple arménien! Pour nous la raison est simple et évidente : ces crimes ne sont ni excusables, ni pardonnables!
    Il va, bien sûr, de soi que les crimes en question sont imputables à l’Etat français et ses dirigeants au moment des faits, dont le Peuple français ne saurait porter la responsabilité.
    La question des harkis relève de la politique coloniale classique du « diviser pour régner », à l’image des unités du même type créés au Vietnam. Les harkas ont été, pour l’essentiel, créés par recrutement, souvent forcé, par l’intermédiaire d’agents coloniaux, caïds et bachaghas, et placées sous commandement de sous-officiers et officiers français, avec pour mission explicite de servir d’exécutrices des basses œuvres de l’armée coloniale et, notamment, de terroriser la population civile algérienne. La guerre finie, ces hommes se sont retrouvés dans la position peu enviable de traitres aux yeux de leurs frères, et d’indésirables aux yeux de leurs maîtres, pour lesquels ils ne sont plus d’aucune utilité. Si drame il y a, et il y en a sûrement un pour leurs familles, femmes et enfants, il revient à celui qui l’a crée d’en assumer les conséquences! Dans toutes les langues, se joindre à l’ennemi pour combattre par les armes son propre pays porte un nom : celui de traitre. Mais la trahison n’est pas une malédiction qui se reporte du père aux descendants. Les enfants de harkis ne sont donc pas responsables des crimes de leurs pères et ne devront donc pas être ostracisés par l’Algérie.
    Il existe, en revanche, des cas connus, mais dont on parle très peu, où des algériens, tout à fait honorables, furent victimes du zèle, de l’abus de pouvoir, voire de vindicte arbitraire de chefaillons de l’ALN ou de l’OCFLN, ont dû, pour sauver leur tête ou protéger leur famille, se rendre à l’ennemi qui les a, le plus souvent, incorporés de force dans des unités de harkis. Je pense qu’il est de la responsabilité morale de l’Algérie de réhabiliter ces hommes, lorsqu’ils n’ont pas commis de crimes de sang, leurs épouses et leur descendance pour le tort qui leur a été injustement infligé.
    Restent enfin des problèmes de mémoire qui ne concernent que notre peuple, qui grandirait notre propre pays. Le plus urgent est la reconnaissance officielle des crimes de guerre caractérisés et documentés, commis durant la guerre de Libération Nationale, parmi lesquels celui du massacre de la population civile de Melouza, par des unités de l’ALN ainsi que les trop nombreuses liquidations physiques internes, telles que l’assassinat de Abane Ramdane, du Colonel Chaabani, Mohammed Khider, Krim Belkacem et de tant d’autres.

    BECAUSE
    26 janvier 2021 - 12 h 53 min

    Qu ‘ avons nous réalisé de bien et de sérieux après 58 années d ‘ indépendance ?
    Cette question , redoutable et terrible de sincérités , nous devons tous nous la poser .
    Oui , je suis de ce qui pensent , que le départ des Algériens d ‘ origine européenne et des Algériens de confession israélite , a été profondément préjudiciable à cette terre d ‘ Algérie .

    la redj'laa !
    26 janvier 2021 - 12 h 32 min

    Si les algériens qui ont choisi après l’indépendance d’aller s’exiler et d’y vivre vivre en France, mais qui continue de rester river sur leur position qui consiste à refuser une réconciliation intelligente et apaisée (car ils parlent d’impossibilité de réconcilier l’irréconciliable), la moindre des choses c’est qu’ils quittent la France et reviennent fissa fissa au pays ! C’est ce qu’on appelle chez nous la redj’laa , chiche !

      Anonyme
      26 janvier 2021 - 16 h 11 min

      Il y a aussi en Algérie des gens qui pensent la même chose !
      L’apaisement ne concerne que la jeunesse d’origine algérienne qui a du mal à vivre en adéquation avec l’histoire comme la racontent leurs parents et le pouvoir algérien. Les autres (adultes, élites, …) s’en « foutent » royalement sauf en comités de nostalgiques, de journalistes en mal de production, … ou d’opposants professionnels à distance.
      C’est davantage encore le pouvoir algérien pour justifier un certain discours et maintenir sa population à l’écart de la vie politique démocratique et qui se prend encore pour celui qui « protège » sa diaspora ! Boumédienne avait affirmé qu’il fera rentrer la communauté algérienne de l’étranger dans les années 80. C’est un discours de propagande qui est servi comme produit de commerce comestible en permanence. Le pouvoir politique en a besoin, l’économie aussi.
      Depuis l’accession de l’Algérie à l’indépendance, attentats et autres agressions ont été commis contre les algériens, le pouvoir n’a jamais pu (voulu ?)faire quelque chose.
      Lire : https://fr.wikipedia.org/wiki/Agressions_racistes_de_1973_en_France
      Le décès de Boumédienne (qui n’a pas fait grand chose pour l’émigration algérienne) et la suppression de l’autorisation de sortie a ensuite provoqué des départs massifs et réguliers après 1978.

    Anonyme
    26 janvier 2021 - 12 h 14 min

    On verra ce que Chkhi « répondra » à Stora à travers le rapport qu´il aura finalisé pour Tebboune.

    Dahman
    26 janvier 2021 - 11 h 54 min

    Grand merci pour votre article qui ne fait que rappeler des vérités algériennes… malheureusement ,actuellement,les rapports de pays à pays ,de gouvernants à gouvernants pour être plus precis,sont soumis aux règles des forum de gladiateurs .C’est les forts du moment qui ont raison…Et ils se mettent à rêver …

      Anonyme
      26 janvier 2021 - 22 h 05 min

      Moi je comprends pas un truc, la France elle a colonisée l’Algérie, et elle doit s’attendre à ce que le colonisés enfin les ex-colonies lui rétorquent « Pourquoi tu m’as maltraités comme ça ? », en gros on attend des réponses, des questions sans réponses, il faut que sa parle, ça doit se discuter avec intelligence et pragmatisme. La guerre est derrière nous, une nouvelle page s’est ouverte ce qui est bien, mais on a l’impression qu’il manque quelque chose pour clôturer cette période sombre franco-algérienne

    Karamazov
    26 janvier 2021 - 11 h 15 min

    Ah j’tijore , j’ai l’impression de lire Shéhérazade qui nous raconte l’Algérie d’avant 1830.

    Tout allait bien dans le meilleur des mondes jusqu’à l’avènement de la colonisation. Mais , non Tovarich l’exploitation de l’homme par l’homme n’existait pas. Il n’y avait pas de guerre entre les peuples européens, ni rivalité, et les peuples musulmans eux étaient d’un humanisme paradisiaque.

    je ne dis pas que Benjamin Stora m’a convaincu , puisque de toute façon je fais partie de ceux qui pensent que son travail est aussi vain qu’inutile . Du moins pour l’insta à cause de la férocité des gardiens du temple.

    A lire cet article , en 1830 c’était l’Algérie qui devait coloniser la France. Nous étions une société tellement organisée et avancée que ce fut une erreur de l’histoire si les rôles fussent inversés. Et Tovarich Abou stroff ne disconviendra-pas. Et pourquoi nous n’avions pas pensé à coloniser la France ? Dites-le me trach ! Parce que .. parce que ??? Parce que c’est des kouffars ! Yakhi quand on l’avait voulu on a été jusqu’à Poitiers , non ? Ipi nous allahou karamana bi elmouhariqète et les matières premières . Ou est-ce parce que vu que c’était nous qu’avons le pétrole on n’en avait pas eu l’idée.

      Anonyme
      26 janvier 2021 - 12 h 00 min

      « Son travail est aussi vain qu’inutile » je te rejoins 5 sur 5!! Faire tomber d’accord les agresseurs et les agressés est au mieux de la naïveté, au pire de la stupidité. Quand de salive et d’encre perdus pour un retour à la case départ!!

        Anonyme
        26 janvier 2021 - 14 h 41 min

        Erratum. Que au lieu de quand…

    ACHNIT
    26 janvier 2021 - 10 h 21 min

    Que de victoires et tant d’amalgames
    tout cela ne semble pas avoir suffit si l’Algérie se trouve aujourd’hui
    dans une situation trèes délicate

    Anonyme
    26 janvier 2021 - 9 h 56 min

    Stora représente la partie française. C’est Chikhi qui représente l’Algérie car certains semblent l’oublier. Chacun donne son rapport de son côté

      Anonyme
      26 janvier 2021 - 16 h 41 min

      J´attends toujours le rapport de notre Chikhi qu´il remettra á notre président. Et s´il n y a du côté de la france ni repentance, ni excuse, je lance un grand ouf! Les algeriens sont sortis vainqueurs, quoique au prix d´énormes sacrifices, et ne veulent ni d´excuses ni de repentances. la page est tournée (mais pas arrachée, bien sûr) et que nos dirigeants arrêtent de faire leur commerce avec la guerre d´algerie, d´autant que la plupart d´entre eux finissent leur vie en france et la liste de ces énergumènes est bien longue: ex ministres, ambassadeurs, hauts responsables en retraites et même des militaires (!)

        Anonyme
        26 janvier 2021 - 20 h 24 min

        Comme tu l’a dit certains n’ont pas fini avec ce commerce de la guerre. Les Boudiaf, Ait Ahmed et tous les autres survivants de la guerre n’ont jamais parlé de repentance ou d’excuses

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