Qui peut se targuer de ne pas souffrir d’une moindre légitimité ?
Contribution de Bachir Medjahed – Quand une «légitimité» sans faute et sans reproche a-t-elle pu voir le jour quelle que soit cette élection ? Jamais, y compris les premières élections dites multipartites. Les partis étaient absents dans les bureaux de vote. C’était peut-être un bon début. Les autorités du moment considéraient que les élections étaient propres du côté du pouvoir où, pour la première fois, l’administration n’avait pas manipulé les résultats.
Pouvons-nous dire qu’aujourd’hui les élus locaux et les parlementaires sont vraiment choisis par le peuple ? Ce sont les partis qui ont choisi qui sera maire et qui sera élu au Parlement par le rang qu’ils occupent dans les listes.
Quelle légitimité en découle alors ? On a décidé que c’est le passage par les urnes qui confère la légitimité même si le candidat est des plus nuls et qu’il ne comprend même pas comment faire un budget.
Légitimité par la compétence et non par la place sur la liste ?
Qui des hommes politiques, civils et/ou militaires, pourrait se targuer de soutenir qu’il possède une légitimité absolument sans faille d’engager l’avenir du pays et de faire accepter le risque de ne pas voir loin et donc de gaspiller le «choix» futur des futures générations ?
De toute façon, le caractère de choix des hommes et de la décision également de choix des règles du jeu politique sans ne rien mettre en débat ont toujours été frappés du sceau de l’unilatéralisme.
Maintenant qu’il est connu qu’aucun itinéraire proposé ne pourra être emprunté sans la mobilisation de toutes les forces disponibles, de quelle légitimité pourrait se prévaloir tout gouvernement pour plomber l’avenir des futures générations en engageant des politiques qui pourraient impliquer des trajectoires politiques et économiques sur un horizon de très long terme dont personne ne peut en cerner les contours ?
Déjà qu’il est difficile dans les temps présents de se prévaloir d’un consensus pour légitimer toutes les décisions qui n’engagent pourtant que le moyen terme, et qu’en faudrait-il en termes de consensus pour engager le futur des générations à venir ?
La question se pose davantage qu’il n’y a aucune prise sur l’évaluation des tendances lourdes du sens de l’évolution de la situation politique actuelle.
B. M.
Ancien conseiller à la présidence de la République (HCE), ancien analyste à l’Institut national des études stratégiques globales (Inesg)
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