Modèle trompeur
Par Kamel M. – L’expérience de l’«islamisme modéré» mise en œuvre en Turquie comme alternative au projet porté par les démocrates et les patriotes dans la région, et qui a induit en erreur pendant un temps jusqu’aux laïcs dans les pays musulmans, intoxiqués par le marketing dont se sont chargés les Occidentaux, est en voie de perdre son rayonnement et d’achever les dernières illusions sur ce modèle trompeur.
On sait que les dirigeants islamistes de l’AKP, parti au pouvoir, ont bâti leur audience en Turquie sur une réputation de champions de la lutte contre la corruption dont ils accusaient le régime laïc kémaliste et particulièrement ses forces armées. Ils sont depuis quelques mois fortement éclaboussés par des scandales politico-financiers à répétition qui ont dévoilé à la fois leur hypocrisie et leur soumission totale aux milieux d’affaires. Les commissions qu’ils empochent se comptent en dizaines de millions d’euros et les preuves qui s’accumulent impliquant le fils du président Erdogan indiquent que la corruption chez les islamistes turcs est une affaire de famille.
Sur l’aspect politique, ils accusaient le pouvoir laïc en Turquie d’exercer une dictature et d’être antidémocratique, mais ils sont capables du pire comme le montre leur despotisme qui éclate au grand jour. Le Parlement européen, qui a été longtemps séduit par ce modèle, vient de dénoncer les récentes lois qui menacent l’indépendance des magistrats, engagés dans la lutte contre la corruption. Il a également dénoncé le contrôle exercé par le gouvernement turc sur l’utilisation d’internet.
Le peuple turc compte sur ses propres forces. La propagande démagogique de l’AKP aura du mal à passer à l’avenir, d’autant qu’un ancien collaborateur du sultan d’Ankara, l’ex-Premier ministre, Ahmet Davutoglu, attend Erdogan au tournant.
K. M.
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