Nation moderne
Par Nouredine Benferhat – En ce troisième millénaire, la somme de paramètres permettant de se prononcer sur l’état d’évolution d’une nation moderne intègre en bonne place, certes, le degré de bien-être et de prospérité matérielle de son peuple par une répartition équitable de ses ressources, l’importance de ses réserves naturelles, les performances de son appareil de production. En bonne place figurent également la rationalité de son réseau éducatif, l’efficience de ses structures de santé publique, la qualité de ses réseaux de transports ferroviaire, routier et urbain. Enfin, l’aptitude de son système de défense à assumer la sécurité de ses citoyens et l’intégrité de son territoire.
Cette liste, non exhaustive évidemment, englobe des éléments implicites mais non de moindre importance propres à rendre compte du niveau de civilisation. L’évolution de celui-ci prend en compte, non seulement le passé de la nation et l’enracinement qui le fondent dans son identité et sa personnalité, mais également, dans des critères actuels, tels que la créativité des femmes et des hommes qui constituent son intelligentsia, la vitalité de son élite artistique, le nombre et la qualité des productions de l’esprit.
Une nation moderne est perçue à la lumière des efforts qu’elle déploie pour s’ouvrir au monde en affirmant et actualisant sans cesse les instruments, à l’instar des institutions éducatives, des centres de recherches et autres foyers de diffusion de la culture et des connaissances grâce auxquelles elle peut tirer profit des savoirs accumulés par d’autres nations et rendre part activement au mouvement d’idées qui détermine et oriente le progrès de l’humanité.
La place de choix dans le concert des nations se mérite par la capacité à faire face aux défis de la modernité par les idées généreuses développées et mises en œuvre pour garantir la liberté de pensée et d’expression, le refus responsable et déterminé de l’obscurantisme, les facteurs de régression civilisationnelle, de l’archaïsme, de la médiocrité, du mépris et de l’intolérance.
De nombreux facteurs désignent notre pays comme étant en droit de prétendre à une position honorable dans le peloton de tête des nations avancées. Assumant un patrimoine civilisationnel et culturel dont la richesse n’a d’égale que l’extrême diversité, elle a également inscrit au florilège de la culture universelle des contributions majeures.
En dépit des vents contraires que l’histoire a fait souffler sur notre peuple depuis des décennies, l’Algérie peut se prévaloir d’un potentiel intellectuel dont la dispersion ne saurait signifier la disparition. Ces ressources, il convient de les rassembler et de reconstituer les liens grâce auxquels notre pays accélérera son élan vers le progrès, dans l’ambition légitime de ses enfants et sa richesse au niveau des exigences du nouveau millénaire.
Le champ culturel a besoin d’être réinvesti, exploré et remis en exploitation. Les femmes et les hommes de culture, quel que soit le domaine dans lequel s’exprime leur génie, leur savoir-faire et leur sensibilité, sont aujourd’hui interpellés afin de ne pas laisser trop longtemps le terrain livré à la friche.
N. B.
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