Un nouvel essai avorté de pousser la Tunisie dans les bras de l’entité sioniste
Par Houari A. – Il a suffi d’un sourire de courtoisie échangé entre le président israélien, Isaac Herzog, et la Première ministre tunisienne, Najla Bouden, pour que les réseaux sociaux s’enflamment et que les normalisateurs l’exploitent pour faire accroire à un rapprochement entre Tunis et Tel-Aviv dans la perspective de l’établissement de relations diplomatiques. D’ailleurs, ironise-t-on ici et là, c’est à partir du sommet sur le réchauffement climatique au Caire que certains ont tenté, de nouveau, de jeter la Tunisie dans les bras d’Israël. En vain.
Les Tunisiens, qui rejettent tout rapport direct avec l’Etat hébreu tant que celui-ci occupe des terres arabes illégalement et opprime le peuple palestinien dont il spolie les territoires, ont à l’esprit la poignée de mains entre l’ancien président Abdelaziz Bouteflika et l’ex-Premier ministre Ehud Barak à Rabat, à l’occasion des obsèques du roi du Maroc, Hassan II. «Cela n’a pas donné lieu à une normalisation», se rassurent-ils.
Ce n’est pas la première fois que l’éventualité d’un dégel dans les relations entre le voisin de l’Est et l’entité sioniste est mise en avant, véhiculée par des cercles qui tentent un hypothétique parallèle entre la Tunisie et le Maroc qui comptent une communauté juive parmi leur population, faisant sciemment l’amalgame entre la confession et un inexistant lien organique entre elle et cette excroissance créée par l’Occident au cœur du Proche-Orient, en prétextant les pèlerinages éminemment religieux effectués par des juifs dans les lieux sacrés présents dans ces deux pays du Maghreb.
En juin dernier, Israël et le Maroc avaient fait un tintamarre sur un prétendu rapprochement entre la Tunisie et l’entité sioniste dans la perspective sous-entendue d’une normalisation des relations entre les deux pays. Le ministère tunisien des Affaires étrangères avait alors apporté un démenti catégorique à tout contact entre responsables israéliens et tunisiens : «Le ministère des Affaires étrangères, de l’Emigration et des Tunisiens à l’étranger dément formellement les informations fallacieuses distillées par des sites relavant de l’entité israélienne sur l’existence de négociations diplomatiques avec la Tunisie.»
«Tout en rappelant que ces sites sont habitués à propager de telles rumeurs dans des tentatives récurrentes visant à porter atteinte à l’image de notre pays et à son soutien immuable au droit palestinien imprescriptible, le ministère affirme que la Tunisie n’est pas concernée par l’établissement de relations avec l’entité occupante et (qu’)elle demeurera un appui officiel et populaire aux frères palestiniens dans leur combat jusqu’au recouvrement de leurs droits légitimes, au premier rang desquels l’instauration d’un Etat indépendant avec Al-Qods comme capitale», avait asséné le ministère tunisien des Affaires étrangères qui coupait ainsi court aux manœuvres maroco-israéliennes dont l’objectif premier est de saper l’entente entre Alger et Tunis.
Ce n’est, en effet, pas un hasard si le média israélien i24 avait allégué que «le rapprochement entre la Tunisie et Israël se heurte à l’opposition de l’Algérie» et que «Tunis craint qu’un rapprochement avec [Jérusalem] – traduire Tel-Aviv – n’affecte négativement ses intérêts avec Alger». Les médias pro-Makhzen et leurs équivalents israéliens s’étaient gargarisés de discussions fictives qui auraient été engagées entre la Tunisie et Israël «pour un éventuel rapprochement, mais la démarche se heurte à l’opposition de l’Algérie, qui voit d’un mauvais œil cet effort de conciliation».
En mars 2021, la présence de l’ex-Premier ministre tunisien, Youssef Chahed, à une rencontre organisée par les Emirats arabes unis et à laquelle avaient été conviés des responsables israéliens avait suscité de vives critiques dans son pays où on subodorait les prémices d’une normalisation avec Israël, d’autant que des observateurs estimaient qu’il n’aurait pas pu prendre part à une telle conférence sans l’accord des autorités tunisiennes. «Ce geste de Chahed entre-t-il dans le cadre d’un début de rapprochement avec l’entité sioniste ?» s’interrogeait-on alors. Le concerné avait tenté de justifier en amont cette «escapade», mais ses concitoyens ne l’entendaient pas de cette oreille, les médias tunisiens regorgeant de commentaires dont l’acerbité était à la hauteur de la qualité des Israéliens que Chahed avait côtoyés à Dubaï : l’ancien ministre de l’Intérieur Sylvan Shalom et le maire-adjoint d’Al-Qods occupée.
H. A.
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