Macron recrute des jeunes délinquants pour mener ses guerres impérialistes
Une contribution de Khider Mesloub – Dans une précédente contribution, j’avais dévoilé comment la bourgeoisie française, dans un contexte marqué par des tensions militaires internationales pandémiques, mobilisait tous les moyens propagandistes pour embrigader l’opinion publique. Notamment les outils de soft power (élément de la guerre de 4e génération). Qu’il s’agisse des médias (réseaux sociaux, presse et TV) ou des instances culturelles (littérature, cinéma, etc.), sans oublier les établissements scolaires, ils sont tous massivement enrégimentés pour propager le virus nationaliste militariste. Cette mobilisation propagandiste, déclenchée dans cette période de marche forcée vers la guerre généralisée, s’intègre dans cette entreprise d’embrigadement idéologique militariste activée par l’Etat français, animé d’une bellicosité hystérique nauséabonde.
Ainsi, l’Etat impérialiste français ratisse large. Après avoir dragué les harkis, récompensés par une «loi pécuniaire» portant reconnaissance de la nation et réparation des préjudices subis aux fins d’enrôler militairement leur jeunesse, encensé les œuvres cinématographiques et littéraires de «supplétifs culturels et intellectuels» issus de ses anciennes colonies, auteurs de productions d’études et d’essais à caractère nationaliste et militariste qui participent à cet effort de guerre idéologique impulsé par le gouvernement Macron, celui-ci cible désormais les jeunes délinquants et les lycéens. Les officiels nazis martelaient souvent ce slogan que semble avoir adopté Macron : «Qui tient la jeunesse maîtrise l’avenir.»
Les médias et les officiels français ne cessent, depuis le déclenchement de la guerre d’Ukraine, de fustiger la Russie pour sa politique de recrutement de criminels pour alimenter le front en hommes, renforcer le groupe Wagner, société de sécurité privée liée au Kremlin. Le groupe Wagner est accusé de recruter des soldats dans les prisons russes, des criminels notoires. Or, le gouvernement français s’apprête à appliquer la même politique de recrutement de délinquants dans l’armée.
En effet, des jeunes délinquants vont être enrôlés dans l’armée française sous couvert de «stage découverte». Les jeunes délinquants, placés en centre éducatif renforcé (CER), se verront proposer, pour susciter des vocations pour les carrières militaires, un «parcours d’inspiration militaire» au sein de l’armée, ont annoncé les ministères de la Justice et des Armées. Ces jeunes délinquants seront encadrés par des militaires.
Aussi, «les parcours d’inspiration militaire seront généralisés à l’ensemble des centres éducatifs renforcés». Pour encadrer les participants, le ministère compte faire appel à «des militaires retraités».
«Favoriser l’insertion sociale et professionnelle des mineurs et jeunes majeurs». «Ces jeunes, ils ont besoin de cadrage, de discipline et de partager toutes les valeurs qui font l’armée, comme le dépassement de soi et la solidarité», a déclaré le garde des Sceaux, Eric Dupont-Moretti.
«L’emprisonnement n’est pas toujours la solution», a expliqué Céline Boulay-Esperonnier, sénatrice LR, rapporteuse du rapport «Prévenir la délinquance des mineurs – éviter la récidive». Selon la sénatrice, il est «important de proposer des mesures alternatives qui peuvent remettre le jeune dans la bonne direction, notamment dans la direction de la réinsertion». «Dans la bonne direction», soutient-elle. Autrement dit, la direction des fronts de guerre, des champs de bataille. Voilà comment le gouvernement Macron compte insérer les jeunes délinquants : en les enrôlant dans l’armée pour en faire de la chair à canon. Somme toute, le gouvernement Macron compte constituer de nouvelles forces spéciales paramilitaires composés de jeunes encore en pleine puberté.
Curieusement, cette nouvelle mesure de recrutement des délinquants dans l’armée française rappelle la loi du 21 mars 1905 sur le service militaire qui énonçait que les effectifs des Bataillons d’infanterie légère d’Afrique [BILA] seraient essentiellement constitués d’appelés ayant été condamnés à plusieurs reprises par la justice. D’après la loi du 21 mars 1905 sur le recrutement, «les individus coupables de crimes et condamnés seulement à l’emprisonnement (…) condamnés à six mois de prison au moins pour outrage public à la pudeur, pour délit de vol, escroquerie, abus de confiance ou attentat aux mœurs (…) ceux qui ont été l’objet de deux ou plusieurs condamnations, dont la durée totale est de six mois au moins(…) sont incorporés dans les bataillons d’infanterie légère d’Afrique (les bats d’Af). Chaque année, la section justice militaire de la 10e région militaire échange avec la préfecture et les sous-préfectures pour statuer sur l’affectation éventuelle de soldats dans ces bataillons disciplinaires, puis transmet les informations recueillies au ministère de la Guerre». Il est utile de rappeler que le premier BILA fut créé en 1832, au lendemain de la conquête de l’Algérie par les troupes coloniales françaises.
Dans cette nouvelle ère marquée par la militarisation de la société et la caporalisation des esprits, outre le recrutement des délinquants dans l’armée, le gouvernement Macron compte également réinstaurer le service militaire obligatoire, sous une nouvelle forme : le Service national universel (SNU). Le dispositif pourrait concerner tous les jeunes âgés de 15 à 17 ans. Tous les élèves de seconde et ceux de première CAP de 6 départements devraient participer obligatoirement au SNU à partir de janvier 2024. Puis, un élargissement progressif à l’ensemble du territoire devrait avoir lieu.
Ces adolescents, dans le cadre du Service national universel, devront apprendre à se lever à l’aube, enfiler l’uniforme, participer à la levée du drapeau français, chanter La Marseillaise avant de se rendre à des activités diverses autour de l’autodéfense et de l’engagement. Mais aussi s’intégrer dans des modules d’apprentissage sur des enjeux liés à la défense, à la mémoire, à la transmission «des valeurs de la République» (c’est-à-dire valeurs bourgeoises françaises impérialistes et belliqueuses).
Ces exercices militaires seront bientôt une réalité pour les 800 000 lycéens. Le coût du SNU est évalué à 6 milliards d’euros par an, selon un rapport sénatorial. «Ces milliards seraient bien plus utiles pour le service public de l’Education nationale qu’aux mains des militaires», estiment nombre de syndicalistes du corps enseignant. «Encadrement militaire, levée du drapeau, chant guerrier, uniforme, parcours du combattant, raid commando, etc. contribueront à l’endoctrinement des jeunes. La propagande visera à banaliser encore plus le rôle de l’armée, alors que celle-ci est en pointe dans la répression, sur le territoire français, dans les colonies et diverses régions du monde», écrivent dans leur tract plusieurs organisations politiques et syndicales.
En tout cas, le Service national universel suscite un déluge de critiques virulentes. «SNU : c’est une certaine conception de l’engagement des jeunes, bien loin du militantisme solidaire mais bien proche des organisations paramilitaires», dénonce un syndicaliste de l’Education nationale.
Dans un contexte de réarmement impérialiste et d’embrigadement militariste de la jeunesse, outre les lycéens, le gouvernement Macron compte enrôler également des étudiants. Les étudiants sont encouragés à devenir réservistes pour l’armée française en échange de l’attribution d’une allocation de 2 500 euros par an pendant cinq ans, et le financement du permis de conduire. «A côté du militaire, il y a le civil et je souhaite que nous renforcions nos capacités à nous défendre face aux nouveaux risques à travers une mobilisation de la nation tout entière et une augmentation des réservistes aux côtés des forces de sécurité intérieure», avait déclaré Macron lors de sa campagne électorale de 2022.
Voilà l’avenir et les perspectives d’emploi offertes à la jeunesse française par le gouvernement Macron : les carrières militaires, les champs de bataille, les fronts de guerre. Hitler voulait une jeunesse allemande «dure comme l’acier». Macron veut façonner une jeunesse française idéologiquement sûre pour l’armée. Macron n’attend pas qu’elle soit «dure comme l’acier», mais sûre pour le sacrifice.
K. M.
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