Première mesure contre la France suite à l’affaire de l’exfiltration de Bouraoui
Par Kamel M. – Le feu couve sous les cendres provoquées par le rapatriement de l’activiste Amira Bouraoui par les services secrets français à partir de Tunis. En apparence, l’affaire n’a connu aucun développement depuis le rappel par l’Algérie de son ambassadeur à Paris mais, dans les faits, Alger semble avoir commencé une série de mesures de rétorsion. Selon Sud Radio, ordre aurait été donné par le ministère des Affaires étrangères de suspendre la délivrance des laissez-passer consulaires nécessaires pour l’extradition des ressortissants algériens se trouvant en situation irrégulière sur le territoire français.
Il faut dire que l’affront fait à l’Algérie par des cercles qui semblent avoir agi sans le consentement du président français est resté en travers de la gorge des plus hautes autorités du pays qui y ont vu une traitrise de la part d’Emmanuel Macron et de sa Première ministre, Elisabeth Borne, qui avaient, pourtant, reçu un accueil amical en Algérie lors de leur déplacement à quelques semaines d’intervalle. Les deux responsables politiques ayant fait le panégyrique des relations entre les deux pays et exprimé leur souhait de voir celles-ci se renforcer davantage dans les années à venir. La France avait même fait un premier geste symbolique en décidant de mettre fin au chantage au visa, bien qu’un retour à la normale ne se soit pas fait ressentir par les demandeurs algériens qui continuent de revenir bredouilles des centres VFS et TLS, sans réelle justification du refus par les consulats de France.
En retour, l’Algérie a sursis à délivrer les laissez-passer consulaires sans faire de vagues sur cette démarche, attendant sans doute de voir quelle sera la réaction de Macron qui semble ne pas avoir été informé au préalable de l’opération de la DGSE, bien que celle-ci porte gravement atteinte à la crédibilité du chef de l’Etat français, empêtré dans une profonde crise sociale. Le locataire de l’Elysée s’échine, en effet, en priorité, à désamorcer la bombe de la loi sur les retraites et à chercher un exutoire à son engagement compromettant dans la guerre en Ukraine, de plus en plus de voix s’élevant, aussi bien en France qu’en Allemagne et ailleurs pour exiger qu’il soit mis fin à l’envoi d’armes au régime de Kiev et qu’à cela soit substitué un effort de désescalade pour éviter un embrasement généralisé.
On ne sait pas si une enquête a été diligentée par les services de l’Elysée pour déterminer les responsabilités dans le geste inamical qui a réduit en poussière les inlassables efforts des présidents algérien et français pour essayer d’amorcer un virage difficile dans les rapports délicats qui lient l’ancienne puissance coloniale à son ancienne colonie jalouse de son indépendance et de sa souveraineté. Il sera, en tout cas, malaisé pour Emmanuel Macron, dont le second et dernier mandat tourne au désastre, de regagner la confiance des Algériens s’il ne fait pas un geste concret, en livrant, par exemple, quelques-uns des réfugiés réclamés par la justice algérienne et qui, pour l’instant, poursuivent leur activisme avec un acharnement qui en dit long sur les véritables intentions des officiels français qui les y incitent.
K. M.
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