Ces deux exigences françaises au Maroc formulées en off par Séjourné à Rabat
Par Abdelkader S. – Notre affirmation selon laquelle le ministre français des Affaires étrangères a vendu du vent et de la fumée aux Marocains lors de son récent déplacement à Rabat est partagée par les Marocains eux-mêmes. Selon des médias de ce pays, aucune avancée n’a été enregistrée depuis la visite de Stéphane Séjourné qui n’a fait que réitérer la position de la France par rapport au dossier sahraoui, clé de voûte des relations du Makhzen avec le reste du monde : «Soit vous soutenez notre plan d’autonomie au Sahara, soit vous êtes un allié de notre ennemi algérien.»
Or, Paris n’a pas changé d’un iota sa position qui consiste à effectivement appuyer l’hypothétique démarche marocaine, mais tout en ne dérogeant pas à la légalité internationale, puisque tous les responsables politiques français n’ont de cesse de répéter que la France s’aligne invariablement sur les résolutions de l’ONU, en faveur d’une «solution mutuellement acceptée par les deux parties au conflit». Ce que le chef de la diplomatie française a clairement dit lors de son passage chez Nasser Bourita qui, comme à son accoutumée, a voulu faire croire à une «évolution» française sur la question.
«Aucune avancée», «aucune perspective», «aucune déclaration forte», «rien de concret», constate-t-on à Rabat, où on pense qu’il est encore trop tôt pour parler de «réconciliation» entre la France et son protectorat. Car, au fond, la visite du ministre français au Maroc, sur instruction du président Emmanuel Macron, visait deux objectifs qui concernent les intérêts français en absolue priorité, en contrepartie d’un discours creux sans aucun impact positif pour le Maroc.
Des sources françaises expliquent, en effet, que la France, qui procède aux dernières retouches pour l’organisation des Jeux olympiques de Paris-2024, attend des autorités marocaines qu’elles serrent la vis aux migrants, au moins pendant cette période où l’ensemble des services de sécurité français seront mobilisés pour assurer le bon déroulement de cet événement sportif mondial. Le ministre de l’Intérieur français, Gérald Darmanin, bien que reconduit dans ses fonctions après un énième remaniement, n’en fait pas moins preuve d’une incompétence manifeste dénoncée par les Français qui voient les chiffres de la criminalité exploser et l’afflux des migrants clandestins augmenter de façon exponentielle, faisant pousser des ailes à une extrême-droite de plus en plus violente. Paris compte sur l’étroite coopération du patron des services de sécurité marocains, l’ineffable Abdellatif Hammouchi, décoré par les Français il y a quelques années pour services rendus à la France.
Autre exigence formulée par les Français au Makhzen, une sous-traitance accrue au Sahel d’où l’armée française a été expulsée d’une façon humiliante. Des sources françaises proches de Rabat disent «regretter» que la France n’ait pas fait du Maroc un «acteur structurel» pour la protection des intérêts français dans la région, et que les dirigeants politiques français aient «préféré confier» cette mission à l’Algérie – ces sources ne parlent évidemment pas d’intérêts français mais de «stabilité au Sahel».
La relation entre Paris et Rabat patine, quand bien même Nasser Bourita essaye, à son tour, de vendre du vent et de la fumée à ses concitoyens qui sont moins intéressés par cette idylle fictive que par les graves problèmes sociaux qui préludent une explosion de colère des sujets marocains, assoiffés et affamés chez le richissime roi aux douze châteaux.
A. S.
Comment (39)