On a vendu la lampe

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Le monde arabe, un grand corps endormi. D. R.

Par A. Boumezrag – Dans les palais feutrés du monde arabe, on attend toujours un Aladin. Quelqu’un qui surgirait du peuple, ou mieux encore : du passé. Un Nasser 2.0, un Saladin réincarné, un Boumediene boosté à la géopolitique du gaz. On attend le miracle. On attend que quelque chose ou quelqu’un vienne réveiller ce grand corps endormi qu’est la «nation arabe». On frotte la mémoire, on récite les communiqués, on fait semblant d’y croire.

Mais on oublie un détail : la lampe a été vendue. Par morceaux. Par tranches. Au plus offrant. A Washington, à Paris, à Tel-Aviv, à Pékin, parfois même à l’ennui.

On a vendu la lampe. Le pétrole contre la paix, puis la paix contre les armes, puis les armes contre les peuples. Les rêves d’unité contre des sommets d’apparat. La souveraineté contre des bases militaires et des accords de libre-service. La voix collective contre des deals bilatéraux, parfois honteux, souvent silencieux. La Palestine contre des tweets de solidarité. Le panarabisme contre le panmarketing.

Aladin ne viendra pas. Pas parce qu’il est mort. Mais parce qu’il ne reconnaît plus les lieux.

Le Sommet arabe se tient à Bagdad, comme un énième acte d’une pièce déjà jouée mille fois. Le décor change, les acteurs vieillissent, le texte reste le même. On parlera de solidarité, d’unité, de coordination. On signera des communiqués qu’aucun peuple ne lit et qu’aucun dirigeant ne respecte. On prendra des photos. On organisera un dîner.

Mais rien ne sortira de cette lampe diplomatique vidée de son huile. Parce qu’il ne reste ni flamme, ni vœu. Seulement la poussière d’un passé glorieux recyclée en éléments de langage.

Comme l’Algérie, présente par son ministre des Affaires étrangères juste pour ne pas laisser la chaise vide. Par lassitude ? Par choix stratégique ? Par rejet d’un théâtre devenu indigeste ? Son silence dérange. Peut-être parce qu’il dit plus que mille discours. Refuser de s’asseoir à une table de jeu truquée, est-ce une faiblesse ? Ou le dernier acte de lucidité ?

Le monde arabe ne manque pas de terres, ni de peuples, ni de ressources. Il lui manque un projet. Une direction. Une vision qui ne soit pas dictée de l’extérieur ou soumise aux querelles intestines. On parle d’avenir en regardant le rétroviseur. On rêve d’unité sans jamais lever les barrières. On exige le respect sans jamais se respecter entre soi.

Le Sommet de Bagdad aurait pu être un tournant. Il n’est qu’un virage de plus en rond-point. On y parle de futur avec les mots d’un passé usé, on y évoque l’unité entre deux désaccords silencieux, et on y brandit la souveraineté comme un talisman que plus personne ne prend au sérieux.

Le monde arabe continue d’attendre un miracle tout en piétinant les conditions de sa possibilité. Aladin ne viendra pas, non parce qu’il n’existe pas, mais parce que dans cette histoire, ce ne sont pas les lampes qui manquent, c’est le courage de les allumer.

Il ne reste plus qu’un théâtre d’ombres, des discours creux, des alliances fragiles, des promesses en papier mâché. Un monde fatigué qui s’accroche à des chimères, ignorant que le vrai changement passe par le regard lucide et la volonté collective.

Quand on vend la lampe, il ne faut pas s’étonner que le génie ne réponde plus aux appels. Et surtout, qu’on se retrouve à parler à des ombres dans une salle vide.

A. B.

Comment (2)

    Anonymat
    18 mai 2025 - 10 h 56 min

    Les régimes arabes n’ont jamais été emballés ou partisans de la cause palestinienne, qui a trahi Nacer, qui a trahi Boumediene, qui a trahi les Assad, qui a liquidé le Roi Fayçal, tous les dirigeants arabe de l’époque qui sont partisans et farouches défenseurs de la cause sont liquidés d’une façon ou d’une autre liquidés ou neutralisés par des complicités internes, juste au début du massacres programmé des palestiniens en 2022, à l’endroit de Antony Blenkin ministre à l’époque des affaires étrangères US, MBS lui dit dans un entretien, « je m’en fou des palestiniens, mais je ne souhaite pas finir comme Sadate », avant ils faisaient cela en cachette par peur de la réaction populaire, aujourd’hui même les peuples sont complices, un jour j’ai regardé un débat diffusé sur You Tube dans lequel il y’avait entre autre un avocat algérien et un ancien officier des services secrets juifs, un moment donné, l’officier juif dit, vos les algériens vous perdez votre temps, tous les autres dirigeants arabes pour la consommation interne nous insulte dans leur discours populistes, mais quand ils viennent nous voir, ils lèchent nos chaussures et nous assures qu’ils sont avec nous et nous soutiennent, et que leurs peuples respectifs sont des ignorants et par voie de conséquence ils tiennent un discours en vue de stérilisé leurs peuples respectifs, je crois qu’ils n’ont pas vendu la lampe, ils ne l’ont jamais eu puisque l’héritage ne s’est pas fait, je ne vois aucun lien ni politique, ni stratégique ni encore de dignité entre un Fayçal et le MBS qui pilote le pays aujourd’hui, c’est la nuit et le jour, et par voie de conséquence, la lampe de Fayçal ne peut pas se retrouver dans les mains d’un MBS.

    Mohamed El Maadi
    18 mai 2025 - 9 h 16 min

    La Ligue Arabe, ce cloaque putride de la trahison institutionnalisée, s’enfonce chaque jour davantage dans les abysses de l’ignominie. Cette assemblée de marionnettes décharnées, dont les fils sont tirés par des mains étrangères, incarne la déchéance absolue d’une civilisation jadis rayonnante.

    Ces fossoyeurs professionnels, experts en génuflexions serviles, excellent dans l’art de transformer chaque sommet en bordel diplomatique où la dignité se brade au prix de quelques médailles en toc. Leur spécialité ? Découper leurs frères en morceaux tout en souriant aux bourreaux, style Kaschoggi.

    Cette collection de parasites politiques, gavés de pétrodollars et de whisky frelaté, a érigé la trahison en système de gouvernance. Ils paradent dans leurs palais dorés pendant que leurs peuples crèvent de faim, transformant l’héritage millénaire arabo-musulman en foire aux vanités.

    La Syrie, dernière prostituée en date de ce lupanar géopolitique, s’apprête à rejoindre le bal des félons, offrant ses charmes flétris sur l’autel de la « normalisation ». Damas, ville millénaire, devient le nouveau bordel régional où se négocient les redditions au rabais.

    Ces eunuques moraux, incapables de prendre la moindre décision sans l’aval de leurs maîtres, filtrent les questions comme on tamise la merde, de peur d’offenser leurs véritables propriétaires. Pendant que Gaza se vide de son sang, ces larbins en costume-cravate n’osent même pas éternuer sans permission.

    Cette assemblée de clowns tragiques, qui confond diplomatie et fellation politique, transforme chaque réunion en orgie de la capitulation. Leurs sommets ressemblent à des séances de spiritisme où l’on invoque l’esprit de la soumission totale.

    Les voilà qui paradent, ces spécialistes de la position horizontale diplomatique, transformant l’histoire arabe en roman pornographique où la dignité n’est plus qu’un lointain souvenir. Chaque communiqué final est un chef-d’œuvre de langue de bois, un monument à la lâcheté institutionnalisée.

    Cette bande de renégats, qui a fait de la trahison son fonds de commerce, excelle dans l’art de vendre ses frères au plus offrant. Ils signent des traités de paix comme d’autres signent des contrats de prostitution, avec la même absence de dignité.

    Ces maîtres de la compromission, qui ont transformé la cause palestinienne en monnaie d’échange, excellent dans l’art de la révérence servile. Ils ont élevé la soumission au rang d’art, chorégraphiant leurs trahisons comme d’autres chorégraphient des ballets.

    La Ligue Arabe n’est plus qu’un club de ratés congénitaux, une association de fossoyeurs professionnels qui creusent la tombe de leur propre dignité. Chaque déclaration est un nouveau clou dans le cercueil de l’honneur arabe, chaque sommet une nouvelle pierre tombale sur la sépulture de leur crédibilité.

    Ces spécialistes de l’autoflagellation diplomatique ont transformé leur organisation en maison close politique où se négocient les redditions au meilleur prix. L’histoire retiendra leur nom comme synonyme de la plus grande trahison collective du monde arabe.

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