L’Occident et le dangereux néonazisme de la nouvelle génération européenne
Une contribution d’Oleg Nesterenko – Aujourd’hui, le néonazisme de la nouvelle génération qui est en train de lever la tête en Occident orwellien, n’est guère à l’image de celui ancré dans l’imaginaire collectif : il est aussi éloigné du nazisme traditionnel que le néo-libéralisme est éloigné de la théorie libérale.
Le néonazisme de la nouvelle génération dans sa forme la plus dangereuse ne réside nullement dans les êtres primitifs se tatouant la tête d’Adolf Hitler sur leurs poitrails et s’exhibant sur internet sur fond des drapeaux à croix gammée. Ni dans les foules constituées de ces derniers et facilement identifiables, marchant en rang à la tombée de la nuit à la lumière des flambeaux levés et criant à leur propre gloire – comme on les voit de plus en plus en Ukraine depuis 2014. Cette tranche d’extrémistes ne constitue que la partie la plus inoffensive du néonazisme, car porteuse que de capacités intellectuelles résiduelles.
La forme la plus dangereuse du néonazisme est celle de la nouvelle génération qui est constituée non pas de primitifs, mais d’élites politico-financières occidentales convaincues non seulement du caractère exceptionnel de leur mode d’existence et du modèle sociétal qu’ils comparent tout au mieux dans leur tête, voir à voix haute à un «jardin fleuri», mais surtout de l’infériorité quasi génétique de toutes autres formes sociétales qui ne sont donc que des «jungles» et doivent être traitées comme telles.
La majeure partie d’entre eux, faute du manque abyssal de connaissance de l’histoire, seraient fort étonnés d’apprendre qu’ils sont de véritables porteurs de l’idéologie néonazie. Pour que leur étonnement soit rapidement dissipé, il leur suffit d’ouvrir les livres d’histoire et d’apprendre l’idéologie et l’argumentation de leurs aïeux des années 20 du siècle passé et de constater que sur un grand nombre de points ils ne sont que le reflet contemporain dans le miroir modernisé de ces derniers.
A l’instar des idéologues du IIIe Reich, tels que Alfred Rosenberg (pendu en 1946), les idéologues arrivés aujourd’hui au pouvoir en Occident collectif prônent d’une manière peu dissimulée la suprématie du modèle occidental – et donc des Occidentaux – sur le reste de la planète.
Les expressions, telles que «l’Europe est un jardin, le reste du monde une jungle qui pourrait l’envahir» de Josep Borrell, l’ancien haut représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, vice-président de la Commission européenne, ne sont guère différentes des narratifs propagés depuis les tribunes nazies sous le IIIe Reich.
Kaja Kallas, l’ancienne Première ministre du gouvernement chauviniste estonien qui a été propulsée par les idéologues du nouveau régime paneuropéen pour reprendre les fonctions de Josep Borrell parti en repos mérité, a apporté sa pierre à l’édifice du «Nouvel Ordre européen», notamment en août 2022, en affirmant (sur son compte Twitter) que juste «visiter l’Europe [c’est-à-dire même en simple touriste], c’est un privilège et non pas un droit de l’homme».
En parlant de cette Estonienne, quel est le rapport des trois pays baltes, membres de l’Union européenne – Estonie, Lettonie et Lituanie – vis-à-vis du régime nazi du IIIe Reich ? Il est très simple : parallèlement à la «condamnation» officielle, chacun des trois pays en question organise de régulières manifestations et parades annuelles de glorification des divisions de la Waffen-SS et d’autres unités baltes des bourreaux au sein de l’armée et forces d’occupation nazies durant la Seconde Guerre mondiale. Des manifestations et parades parfaitement autorisées et grandement soutenues par les autorités, tant au niveau local que national.
De quelles unités baltes parlons-nous ? Il s’agit de la 15e et de la 19e divisions des volontaires lettons de la Waffen-SS ; de la 20e division des volontaires estoniens de la Waffen-SS ; du Kommando Arajs de la police auxiliaire lettone, entièrement composée de volontaires et responsable du meurtre d’au moins 30 000 personnes, ainsi que des bataillons de Polizei lituaniens ayant assassiné près de 100 000 juifs, dont 9 200 juifs dans la seule journée du 29 octobre 1941 (à ne pas confondre les juifs d’époque avec ceux de la politique de l’Etat d’Israël de nos jours).
Parallèlement auxdites manifestations, une campagne d’une complète destruction de l’ensemble des monuments dédiés aux soldats russes morts au combat contre le nazisme sur les territoires des pays baltes, y compris des monuments se situant sur les tombes des soldats, a été organisée et, à l’heure d’aujourd’hui, s’est achevée pratiquement à 100%. La destruction des monuments est accompagnée de l’interdiction totale par les autorités baltes non seulement de la commémoration du jour de Victoire, le 9 mai, mais l’interdiction, sous peine de poursuites judiciaires, même du dépôt de fleurs sur les lieux des monuments détruits.
Les actuels idéologues de l’UE sont-ils au courant des gravissimes dérives baltes ci-dessus citées ? La réponse : parfaitement au courant. Quelle est leur réaction ? Elle est inexistante. Aujourd’hui, en dehors du néonazisme florissant sur le sol des trois pays baltes, nous faisons face à une véritable réhabilitation juridique du nazisme en Union européenne.
Déjà en 2020, le criminel de guerre Lev Rupnik, chef du gouvernement collaborationniste pronazi de Slovénie (à ne pas confondre avec Slovaquie) durant la Seconde Guerre, condamné par un tribunal yougoslave et fusillé en 1946, a été officiellement réhabilité. La condamnation a été annulée sous le prétexte de «violation des normes procédurales» en 1946. Soit, s’il vivait aujourd’hui, ce bourreau qui a organisé la déportation des juifs vers les camps de concentration et la tuerie de tout résistant à l’occupation nazie, aujourd’hui, il serait acquitté et s’en sortirait qu’avec, peut-être, le port d’un bracelet électronique.
De même que les thèses guère extrémistes – et qui n’ont rien à voir avec l’idéologie nazie de l’ouvrage Das Dritte Reich (Le Troisième Reich), écrit en 1923 par Arthur Moeller van den Bruck* – ont été très gravement perverties par les national-socialiste allemands, au point que l’ouvrage lui-même est devenu le livre de chevet d’Adolf Hitler (le 30 avril 1945, Hitler se donne la mort dans son bunker ; sur son bureau, un livre dédicacé par son auteur est ouvert : Le Troisième Reich de Moeller van den Bruc), les idées parfaitement saines des fondations de l’Union européenne ont été gravement perverties par des générations politiques se succédant, l’une se situant dans un stade de dégénérescence morale plus avancée que la précédente.
Aujourd’hui, nous arrivons à une étape culminante dans laquelle l’Union européenne commencera soit à se désintégrer, soit à muter dans un régime néo-totalitaire dont le gigantesque appareil du «ministère de la Vérité» orwellien, déjà mis en place, s’occupera de la propagande auprès des masses du simulacre de la réelle démocratie et du simulacre de la réelle opposition politique qui n’existeront que d’une manière formelle afin d’afficher la prétendue «diversité démocratique».
O. N.
Président du CCIE, spécialiste de la Russie, CEI et de l’Afrique subsaharienne
Nota bene : Moeller van den Bruck, le théoricien politique allemand, connaissant un grand intérêt des nazis vers son ouvrage, a bien laissé des messages avant sa mort en 1925 afin d’avertir le monde du danger du national-socialisme : «L’idée d’un Troisième Empire pourrait bien se révéler la plus funeste de toutes les illusions», «Il [Adolf Hitler] fera de notre nation de philosophes et de poètes un peuple de criminels et d’assassins».
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