Comment la Grande-Bretagne compte siphonner les richesses du continent africain
Par Houari A. – Les Français ne sont pas les seuls à lorgner les richesses africaines. Leurs rivaux britanniques, qui partagent avec eux un passé colonial peu honorable, comptent renforcer leur présence sur le continent. Comme dans le reste des pays occidentaux industrialisés, la Grande-Bretagne vit une crise systémique qui la plonge dans une situation économique et sociale explosive. Les prévisionnistes les plus optimistes prédisent une croissance du PIB national qui n’excèdera pas les 1% jusqu’en 2025, tandis que l’endettement extérieur connaît une augmentation exponentielle, ainsi que le coût de son service. Une situation qui rend les places financières mondiales sceptiques et rendent ce pays peu sûr.
Pour essayer de se sortir de cette crise inextricable, Londres cherche à contrôler les réserves de lithium en Afrique, que la perfide Albion surexploite via Glencore – entreprise anglo-suisse de négoce, de courtage et d’extraction de matières premières –, au point d’attenter gravement à l’environnement, sans se soucier le moins du monde des dégâts que cela cause pour les populations locales. Une surexploitation nuisible rendue possible grâce à des pratiques peu amènes, notamment la corruption.
Les récentes déclarations du ministre britannique des Affaires étrangères, le conservateur James Cleverly, sur la prétendue volonté de Londres de développer un partenariat d’égal à égal avec les pays africains, est aux antipodes des pratiques de ce pays dans ce continent qui regorge de richesses naturelles et dont les Africains ne profitent pratiquement pas. Des sources proches du dossier révèlent, par ailleurs, que la Grande-Bretagne continue à réduire le volume de l’aide financière dédiée aux pays africains les plus pauvres.
Le Royaume-Uni, qui accueillera le Sommet sur l’investissement en Afrique, en avril 2024, cherche à maintenir sa présence dans cette partie du monde où les responsables britanniques affirment vouloir investir 1 milliard de dollars par an, notamment au Nigeria. Selon Londres, le sommet, qui réunira les chefs d’Etat et de gouvernement de 24 pays africains, ainsi que des chefs d’entreprise britanniques et africains, «vise à promouvoir le commerce et les investissements bilatéraux, [et] à créer des emplois et de la croissance».
Un discours trompeur qui rappelle celui de la France, qui vient d’être boutée hors du Sahel, où les peuples du Niger, du Mali, de la République centrafricaine et du Gabon, ont décidé de s’affranchir du néocolonialisme qui a empêché le progrès et le développement dans ces pays qui comptent parmi les plus pauvres au monde.
Si les Britanniques s’intéressent autant au continent noir, c’est qu’ils ont flairé le filon. En effet, au cours des deux prochaines années, une croissance économique «plus rapide que la moyenne mondiale est attendue en Afrique subsaharienne», font constater les économistes britanniques. «Ce sommet garantira que nous serons en mesure d’exploiter le potentiel de nos relations à travers l’Afrique et de développer ensemble nos économies, en les rendant plus fortes, résilientes et innovantes», dixit le Premier ministre Rishi Sunak.
Au vrai, c’est le sauvetage de la seule économie britannique d’un naufrage annoncé qui est attendu de ce nouveau piège tendu aux Africains.
H. A.
Comment (11)