Contourner Bruxelles

Algérie UE
L'Algérie doit opérer une fragmentation intelligente des partenariats avec l'Europe.

Par Sid-Ali Mokhefi – Un référent stratégique n’a pas besoin de s’opposer frontalement. Il travaille en silence, avec méthode, en construisant ses propres équilibres. L’Algérie, dans sa position géographique, énergétique, humaine et diplomatique, a, aujourd’hui, une carte à jouer en Europe. Non pas en signant des engagements globaux avec l’Union européenne, mais en menant une politique d’intérêts croisés, ciblés, structurés. Une politique qui contourne les postures, pour aller chercher la valeur là où elle se trouve.

Il ne s’agit pas d’aimer ou de ne pas aimer. Il s’agit de travailler avec ceux qui partagent des intérêts concrets. Si un Etat ou un gouvernement reste hostile ou hésitant, d’autres sont disponibles. Si une institution est lente, un partenaire privé peut aller plus vite. L’Algérie n’a pas à convaincre l’ensemble du bloc européen. Elle peut, au contraire, avancer en construisant des alliances multiples avec ceux qui veulent avancer avec elle.

Pourquoi ne pas travailler avec le Portugal sur les ports, l’agroalimentaire ou la logistique ? Pourquoi ne pas avancer avec les Italiens sur l’énergie, la co-industrialisation et le bâtiment durable ? Pourquoi ne pas s’allier avec la Roumanie ou la Pologne sur la sous-traitance industrielle ? Pourquoi ne pas chercher les pays scandinaves pour les technologies propres, le recyclage, la formation professionnelle ? Chaque pays européen a ses forces. L’Algérie peut les activer une à une, sans passer par Bruxelles.

C’est une stratégie fine : coopérer avec les Européens sans passer par l’Europe. Agir avec les entreprises européennes sans rester prisonnier des rapports de force diplomatiques. Une stratégie de ciblage, de démultiplication, de fragmentation intelligente des partenariats. Ce n’est pas de l’opposition, c’est de la souveraineté appliquée.

Dans cette optique, même les grandes entreprises européennes peuvent devenir des partenaires privilégiés, sans attendre les accords politiques. L’Algérie peut cibler les grands industriels, les acteurs du numérique, du transport, de la pharmacie ou de l’environnement, et leur proposer des terrains concrets de coopération. L’important, c’est l’efficacité. Et non l’étiquette.

Ce positionnement permet à l’Algérie de construire une politique européenne pragmatique, utile, souveraine. Une politique où elle ne subit plus, mais choisit. Une politique fondée sur la diversité des intérêts, et non sur les discours creux. Et, surtout, une politique qui protège l’avenir du pays, tout en le connectant au monde.

S.-A. M.

Comment (8)

    Anonyme
    30 juillet 2025 - 19 h 12 min

    Bonnes idées dans cet article .

    Cependant, il faut tirer les conséquences du soutien généralisé au genocide le plus abject qui soit par la majorité des Etats Européens (a l’exception notable de l’Irlande qui a connu les affres criminels du colonialisme):

    S’il le font c’est qu’ils n’accordent aucune valeur a la vie humaine, et sont dans un atavisme ethno-suprémaciste macabre qui se retournera contre nous tôt ou tard.

    Par conséquent, il faut nous assurer de réduire au minimum toute dépendance chronique vis a vis de l’Europe.

    L’Europe renoue avec une ideologie fasciste profondement enracinée dans son ADN culturel
    Et elle représente une part disproportionnée de nos échanges.

    Il y a là une anomalie à laquelle il conviendrait de remédier.

      Anonyme
      30 juillet 2025 - 20 h 57 min

      J adhère 100%

    Anouar Macta
    30 juillet 2025 - 18 h 00 min

    C’est on ne peut plus juste. L’Europe en tant qu’unité politique n’existe pas ; autant traiter avec ceux qui ont un nom, une voix et une histoire, pas un drapeau en carton.

    Le parlement européen est un foyer de corruption. Les élus qui y siègent? Un nid de corrompus. Les scandales du qatargate et du marocgate sont là pour nous rappeler ce qui se cache réellement derrière cette institution.
    Il ne pas contourner Bruxelles mais plutôt l’éviter.
    Et ce n’est pas rachida dati qui pourra nous contredire. Quant à l’extrême droite française, on leur dit de bien la boucler. N’est-ce pas marine le pen et tutti quanti …

    Slim Bensali
    30 juillet 2025 - 12 h 14 min

    Tres bien dit, en toute clairvoyance.

    Anonyme
    30 juillet 2025 - 11 h 22 min

    Des relations économiques bilaterales avec des pays européens, c est ce qui se passe actuellement, non ?
    On a des relations avec des pays européens, avec lesquels on a des intérêts communs et peu de relations avec ceux avec qui on a peu d intérêts.
    Est-il écrit dans les accords d association avec l eu qu on doit acheter le blé français, même trop cher ou de mauvaise qualité ? Non, machi makla forci comme aux jeu de dames.
    Il est important pour l Algérie de limiter notre relation avec la France au strict minimum. Trop d entraves au développement de la part de ce pays
    Enough is enough, basta!

    🇩🇿 Fodil Dz
    30 juillet 2025 - 11 h 05 min

    L’union européenne traverse une grave crise. Il suffit de voir comment s’est aplatie ursula von der leyen face à donald trump dans le dossier des droits de douane. Sans oublier qu’elle a également signé le 6 décembre 2024 l’accord de libre-échange avec les pays du mercosur malgré l’opposition de certains gouvernements dont celui de la france.
    Mieux vaut que notre pays privilégie les relations bilatérales d’état à état. La recente visite du président algérien M. Abdelmadjid Tebboune en Italie et tous les accords structurants qui ont été signés nous montre bien que c’est cette démarche qui s’avère être la plus constructive.
    Le bloc européen est fissuré et n’est pas un ensemble homogène pour qu’on puisse parler de partenariat fiable et stable.

    Anonyme
    30 juillet 2025 - 10 h 37 min

    Mais c’est déjà le cas.

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