L’hégémon en carton
Par Mrizek Sahraoui – Une posture martiale qui dissimule mal les convulsions d’une France en déclin, une France engluée dans les échecs diplomatiques et les impasses politiques. Ce mercredi 6 août, le président français a brandi la menace d’un durcissement sans précédent contre l’Algérie. Dans une lettre adressée au Premier ministre, le président le plus haï de l’histoire de la Ve République exige «plus de fermeté et de détermination» face à Alger, invoquant des griefs migratoires, sécuritaires et la détention des deux espions, Boualem Sansal et Christophe Gleizes.
Cette décision de suspendre les accords de 2013, accords régissant la délivrance de visas aux diplomates des deux pays, est révélatrice d’une France en déliquescence. C’est également l’ultime soubresaut d’une France dont le déclin stratégique est désormais quantifiable. La réalité est que Macron veut installer un rapport de force, mais une nouvelle configuration où le vaincu d’avance agite des menaces en guise d’exorcisme
Osons la question à propos des menaces répétées proférées par Emmanuel Macron, en campagne perpétuelle, son ministre de l’Intérieur, qui a trouvé son bouc émissaire idéal, et par tous les lévites en mal de notoriété qui l’entourent : la France est-elle réellement en capacité de menacer qui que ce soit ? La réponse coule de source, donnée par plusieurs personnalités politiques lucides, dont Dominique De Villepin. La France de 2025 n’a plus les moyens de ses ambitions hégémoniques, ni n’est capable d’imposer un agenda politique ou diplomatique, encore moins d’édicter ses oukases.
Juste une illusion de puissance. La France de Macron ne fait plus peur à personne. Avec, en effet, une dette publique record à 114% du PIB – 3 345 milliards d’euros –, selon l’INSEE, un décrochage militaire avéré, un contexte politique intérieur volcanique, un règne à la dérive marqué par des scandales à répétition, et un isolement diplomatique scellé par l’échec de [sa] politique africaine, mais aussi et surtout par une servilité effarante au boucher de Gaza et une vassalité au cowboy américain, il vaut mieux faire profil bas en attendant le passage de la tornade.
On ne menace pas un partenaire énergétique vital quand on est soi-même classé par le FMI comme l’économie la plus vulnérable d’Europe occidentale. On n’attaque pas avec une telle virulence un voisin dont la voix compte désormais dans la cour des grands. On ne méprise pas ainsi un acteur de premier plan qui joue un rôle pivot dans la région.
L’ère des diktats est désormais close. Alors, les ultimatums foireux d’Emmanuel Macron sonnent tout juste comme un cri dans l’immense vide du désert. Et les rodomontades élyséennes ne sont rien de plus qu’un écho désespéré du siècle colonial révolu, et non moins synonymes d’une triste fin du régime macroniste moribond.
M. S.