A quand la véritable révolution ?
Il y a quelque chose de vulgaire dans cet étalage ostentatoire, cet exhibitionnisme impudique des fortunes de quelques chanceux du système financier mondial corrompu et immoral. Les derniers chiffres de Bloomberg indiquent, en effet, que le Mexicain Carlos Slim est l'homme le plus riche du monde avec une manne qui s'élève à 68,5 milliards de dollars, suivi de Bill Gates qui pèse 62,4 milliards de dollars et de Warren Buffett, avec une cagnotte de 43,8 milliards de dollars. L'agence américaine indique que les vingt plus grandes fortunes du monde combineraient, à elles seules, un total de 677 milliards de dollars et sont réparties entre les neuf pays que sont les Etats-Unis, l’Inde, la Suède, la France, le Mexique, le Brésil, le Canada, la Chine et l'Espagne. Placée côte à côte sur un tableau comparatif avec les pertes causées par les catastrophes naturelles, estimées à quelque 300 milliards de dollars par les Nations unies, et les chiffres de la misère qui affame de plus en plus d’humains, la concentration d’autant de richesses chez une poignée de privilégiés sur les plus de sept milliards d’habitants que compte la Terre, au-delà de la nausée qu’elle provoque, pose la question de savoir si le monde ne tourne pas à l’envers. Au moment où les regards sont rivés sur le Monde arabe où, paraît-il, des «révolutions» seraient en train de se dérouler, l’humanité tout entière, obnubilée par un quarteron de chaînes satellitaires à l’effet hypnotisant redoutable, est détournée de la véritable cause de son infortune : la dictature du dollar. Tout le monde l’aura remarqué, dans cette liste de ploutocrates, il n’y a aucun président arabe déchu ou en poste. Alors, à quand la véritable révolution ?
M. Aït Amara