Politique du livre : le ministère de la Culture reconnaît son échec
L’aveu est de taille ! C'est celui du directeur du Livre et de la Lecture publique au ministère de la Culture, Rachid Hadj Nacer, qui a déclaré, aujourd’hui mercredi, au forum du quotidien El-Moudjahid que le nombre de librairies «répondant aux normes requises ne dépasse pas la quinzaine sur l’ensemble du territoire algérien» ; un chiffre «très bas», a-t-il déploré. En guise d'explication, il avancera que le réseau de librairies n’arrive pas à se développer, car «ceux qui exercent le métier de libraire ne peuvent plus en vivre», en raison notamment des loyers exorbitants pratiqués par les propriétaires de ces fonds de commerce. Il omettra de signaler, cela dit, que nombre de librairies ayant appartenu à l’Etat se sont transformées, ces dernières années, par un enchantement administratif, en fast-food ou encore en magasins de chaussures. En effet, la mutation tant promise du paysage éditorial national s’est soldée surtout par une restructuration économique et immobilière du réseau des librairies étatiques en Algérie. La nouveauté vient du fait qu'après tous les efforts engagés par les pouvoirs publics ces dernières années, durant lesquelles d’importants programmes pour la promotion du livre et de la lecture publique ont été initiés, voilà que le premier responsable de ce secteur vient nous déclarer publiquement, en cette veille d’élections législatives, l'échec «officiel» de cette politique «volontariste» de l'Etat. Insistant longuement sur cette question de la diffusion du livre considéré comme un «parent pauvre» en Algérie, Hadj Nacer a même révélé que le ministère de la Culture réfléchissait, une nouvelle fois, à la création d’une structure de distribution composée d’entreprises, publiques et privées, spécialisées dans l’édition et l’impression, et ayant comme locomotive l’Entreprise nationale des arts graphiques (ENAG). Pour le responsable du ministère de la Culture, il n’est nullement question d'évoquer un «recul de la lecture en Algérie» ni même un taux d’analphabétisme qui reste, malgré la mise en œuvre d’un laborieux processus de réformes dans le domaine de l’éducation, encore effrayant…
Aïcha K.
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