«Ils craignent Dieu !»

Petits, on nous apprenait qu’un voleur d’œuf finissait forcément par voler un bœuf. Souci de rime, mais aussi de moralisation d’une société qui devait savoir distinguer le bien du mal dès le plus jeune âge. Adultes, on apprend qu’un homme politique égyptien, membre d’un parti religieux, défraie la chronique en simulant une agression physique contre sa personne car, excès de religiosité oblige, il devait trouver un subterfuge pour cacher à la société qui l’a élu au parlement le grave blasphème qu’il venait de commettre en faisant refaire son nez ; grave blasphème parce qu’il y a là une atteinte à la création divine.
Pour sûr, l’homme politique égyptien a dû être confronté à un choix cornélien : se rendre coupable du grave péché qu’est le mensonge ou confesser sa transgression consciente de la loi de Dieu et en subir les conséquences morales et – sans doute – matérielles. Sa prédilection ira bien sûr pour l’hypocrisie !
Cette anecdote rappelle la réponse spontanée d’une électrice de la Haute-Egypte à une journaliste qui lui demandait à l’entrée d’un bureau de vote pour qui elle allait donner sa voix : «Pour les Frères pardi !» répondit-elle sans même prendre le temps d’attendre la fin de la question. «Pourquoi ?» insiste la journaliste. «Parce qu’ils craignent Dieu», rétorque la bonne dame emmitouflée dans son voile, avec une naïveté farouche. «Celui qui triche n’est pas des nôtres», dit le Prophète Mohamed. Le verdict est donc tombé bien avant que les copartisans de l’esthète ne l’excommunient.
S’il est certain que tous les islamistes ne sont pas des imposteurs, il n’en est pas moins certain qu’ils sont loin d’être des nabis.
M. Aït Amara