L’Allemagne veut interdire un parti néo-nazi qui menace la démocratie
Il y a plus de vingt ans, conscient du danger que faisait peser le FIS – dont des militants avaient déjà versé dans le terrorisme – sur la démocratie naissante en Algérie –, le gouvernement avait engagé une procédure judiciaire qui conduisit à l’interdiction de ce parti. A l’époque, en mars 1992, cette mesure salutaire a été jugée contraire à la démocratie par bien des hommes politiques occidentaux. Curieusement, lorsque la Turquie (candidate à l’entrée dans l’Union européenne) prononça, quelques années plus tard, en 1998, une mesure similaire d’interdiction du parti islamiste Refah, le Parlement européen avait applaudi. Aujourd’hui, l’histoire se répète… en Allemagne, confrontée à son «FIS». Son nom : Parti national-démocrate (NPD) et il est néo-nazi.
Le NPD est un parti légal, mais il sert de couverture aux nombreux groupes nazis illégaux, partisans de la violence, qui activent en Allemagne. Pour les services de renseignement allemands, le NPD est «raciste, antisémite, et inspiré par l'idéologie national-socialiste». La «bombe» est venue du Spiegel qui rapporte, lundi 3 septembre, que les autorités allemandes ont rassemblé un dossier de plus de 1 000 pages pour tenter de démontrer que le NPD représente un danger réel pour la démocratie, une condition nécessaire pour que la Cour européenne des droits de l'Homme valide une interdiction. Le journal s'est procuré un document qui montre les dérives antisémites et racistes du parti et sa glorification des nazis, et qui «pourrait bientôt être à la base d'une décision pour tenter une nouvelle fois d'interdire» le parti. Le document montre les affinités de ce parti avec l'héritage d'Adolf Hitler, compilant les déclarations négationnistes et antisémites de certains membres.
Jeudi 23 août 2012, la presse a fait état de descentes effectuées par près d'un millier de policiers de l'Etat de Rhénanie-Du-Nord-Westphalie, le plus peuplé d'Allemagne, contre des clubs et des appartements de militants néo-nazis, après l'interdiction de trois organisations recourant à la violence. La police a investi 146 locaux où elle a saisi des armes, des disques durs et des affiches électorales du NPD. Le ministre de l'Intérieur de l'Etat ouest-allemand, Ralf Jäger, a estimé que cette opération pourrait favoriser l'interdiction éventuelle du NPD, qui est représenté au sein des parlements de deux Etats. Les Allemands, inquiets, se demandent s’il ne faut pas faire une entorse aux «fondamentaux» de la démocratie et interdire le NPD, officiellement classé dans l’extrême droite dans le paysage politique du pays. Fin 2011, selon un sondage, trois Allemands sur quatre étaient favorables à une telle interdiction. L’initiative, dit-on, est pour le moment portée par les ministres de l’Intérieur et les gouverneurs des différents Länder, qui essayent maintenant d’obtenir un soutien au niveau fédéral.
Ramdane Ouahdi
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