Ils ne sont pas la solution

Dans les pays arabes où les islamistes ont pris le pouvoir ces derniers mois, les observateurs politiques nourrissent les plus grosses craintes pour l’avenir. Ils n’hésitent pas à envisager le pire, c'est-à-dire la guerre civile dont ils perçoivent la mise en place des ingrédients jour après jour. Tout récemment, Khaled Zeghloul, rédacteur en chef adjoint du célèbre quotidien cairote Al Ahram, confiait à Algeriepatriotique son constat pessimiste sur la situation dans son pays : «Les Frères musulmans conduisent l’Egypte droit vers le chaos, voire vers une guerre civile qui ne dit pas son nom.» Après la démagogie facile des promesses électorales faites par Morsi, les Egyptiens, impatients de cueillir les fruits de «leur révolution», ne voient rien venir et commencent à désespérer, comme le montrent leurs manifestations répétées. En Tunisie, Rached Ghanouchi, qui avoue que son mouvement est en perte de vitesse, se fait maintenant à l’idée que l’exercice du pouvoir est compliqué et ne consiste pas à imposer un changement de comportement aux Tunisiens qui se sont soulevés pour chasser Ben Ali parce qu’ils n’avaient pas de travail, la vie était chère et les libertés restreintes. Or, dans ce pays aussi, rien n’a changé : les taux de chômage et de l’inflation galopent vers le haut, les libertés sont rognées et périodiquement l’insécurité s’installe pour effrayer les touristes qui apportent les devises dont le pays a besoin. Au Maroc, Benkirane se fait agresser à Marrakech, alors que les critiques contre l’action gouvernementale ne cessent pas. Enfin, toutes les informations le confirment, la Libye n’arrive pas à sortir du chaos et ne finit pas de foncer droit vers une guerre civile. Le premier bilan des islamistes au pouvoir dans les pays arabes montre qu’ils ne sont pas la solution.
Lazhar Houari