De la saleté à la pourriture

Tant que Netcom continuera d’exister, Alger ne sera jamais la «Perle de la Méditerranée». La capitale était sale ; maintenant elle est pourrie. Que d’institutions existent qui sont censées gérer la ville, améliorer le cadre urbain, faire sentir aux Algériens qu’ils vivent dans des agglomérations et non pas dans des décharges publiques à ciel ouvert. Mais l’Etat se morfond dans ses discours utopiques, faute de pouvoir rendre à nos villes leur âme – il faut le dire sans honte – laissée par la France coloniale. J’entends d’ici des Algériens qui s’offusquent de ce postulat qu’ils qualifieraient presque de nostalgique de l’Algérie française. Mais, entre nous, jusqu’à quand allons-nous continuer à nous mentir à nous-mêmes ? Qui peut nier que la France est sortie d’Algérie en laissant derrière elle des villes dont certaines étaient considérées parmi les plus belles au monde ? N’appelions-nous pas «Petit Paris» Bordj El-Kiffan à Alger et Sidi Bel-Abbès dans l’ouest du pays ? Qu’a-t-on fait de nos villes depuis ? Alger croule sous les ordures et cela ne dérange plus personne. «Nous avons adopté la saleté», disait un citoyen, un jour. «Nous cohabitons avec les rats, les cafards et les moustiques parce que nous vivons comme eux», ironisait un autre. Il est facile de claironner, une fois installé ministre, que «nous allons nettoyer l’Algérie». Encore faut-il savoir par où commencer, car ce qu’il faut nettoyer c’est la mentalité de ces Algériens qui pensent qu’égorger le mouton le jour de l’Aïd sur des trottoirs déjà défoncés est un devoir religieux, ignorant que le premier devoir consiste, en vérité, à veiller à la propreté. «La propreté est une partie intégrante de la foi», dit notre prophète Mohamed (QSSL). A quoi sert-il de bâtir des quartiers d’Affaires et des hôtels de haut standing de grands groupes internationaux, quand leurs fenêtres donnent sur des amas de déchets ménagers et de détritus volant au vent à la moindre bourrasque ? Qu’attend le gouvernement pour faire appel à des sociétés étrangères qui nous débarrasseront à jamais de ces ordures qui nous empoisonnent la vie et nous font honte, puisque nous ne savons pas, cinquante ans après l’indépendance, comme nettoyer nos rues ?
M. Aït Amara