Libération du Libanais Ibrahim Abdallah : la justice reporte sa décision

Une nouvelle période d'incertitudes s'ouvre pour l'ancien activiste libanais Georges Ibrahim Abdallah, après la décision de la justice française de repousser toute décision sur sa libération conditionnelle dans l'attente d'un hypothétique arrêté d'expulsion. Le tribunal d'application des peines de Paris (TAP), réuni lundi, a finalement convenu d'attendre quinze jours, le 28 janvier, pour dire s'il accorde ou non une remise en liberté à l'ancien chef des Fractions armées révolutionnaires libanaises (Farl), incarcéré depuis 28 ans en France pour complicité dans l'assassinat de deux diplomates. Cette requête bloque actuellement sur l'absence d'arrêté d'expulsion du territoire de Georges Ibrahim Abdallah, sans lequel la justice ne peut l'autoriser à sortir de prison.
En l'attente de cet hypothétique arrêté, dont la signature relève de l'Intérieur, le TAP avait une première fois ajourné sa décision au 14 janvier. Dans le même temps, il avait émis, en novembre, un avis positif de principe sur la libération du Libanais qui n'avait pas valeur définitive. Constatant lundi qu'aucune initiative n'avait été prise place Beauvau, les juges ont donc décidé d'un nouveau délai plutôt que de rejeter la requête de Georges Ibrahim Abdallah, ce qui sera inévitable si l'arrêté d'expulsion n'était pas pris. Cet ajournement traduit, aux yeux des défenseurs du Libanais, un affrontement à fleurets mouchetés entre la justice et l'exécutif français sur le sort de l'ancien activiste. «Est-ce que le gouvernement est contre les juges et contre la liberté, pour les Etats-Unis et pour Israël ?» a fulminé son avocat Jacques Vergès, interrogé par l'AFP.
«Comédie»
Engagé auprès du mouvement palestinien radical FPLP (Front populaire de libération de la Palestine), Georges Ibrahim Abdallah avait été arrêté en 1984 et condamné à perpétuité trois ans plus tard pour complicité dans les assassinats, en 1982 à Paris, de deux diplomates, l'Américain Charles Robert Ray et l'Israélien Yacov Barsimantov.
«Cette comédie dure depuis deux mois et le problème est de savoir si on a un gouvernement ou si c'est le bordel et qu'on se comporte comme un roquet des Américains», s'est indigné Me Vergès. Au Liban, la perspective d'une libération de l'ancien chef des FARL est «accueillie favorablement», avait déclaré vendredi le ministre des Affaires Etrangères, Adnane Mansour, précisant qu'il lui serait délivré «un laisser-passer pour rentrer dans son pays».
Washington, au contraire, a réitéré le même jour son opposition à sa sortie de prison soulignant qu'il n'avait «jamais exprimé de remords pour ses meurtres».
«Nous avons des inquiétudes légitimes quant au danger qu'un M. Abdallah libre représenterait pour la communauté internationale», a fustigé la porte-parole du département d'Etat, Victoria Nuland. Des réserves partagées par le parquet qui avait estimé, en novembre, que «tout risque de récidive» et de reprise d'un combat révolutionnaire au Liban n'était pas garanti. Georges Ibrahim Abdallah n'a jamais commencé à indemniser les parties civiles et continue de revendiquer ses actes, avait encore souligné le ministère public opposé à sa remise en liberté. Cette opposition renforce les incertitudes sur une sortie de prison de M. Abdallah, car si dans quinze jours, arrêté d'expulsion en main, le TAP prononçait une libération conditionnelle, il est probable que le parquet fasse appel. Son comité de soutien prévoit des mobilisations pour dénoncer la «pression américaine, a indiqué à l'AFP l'un de ses membres, Alain Pojolat.
M. L.
 

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