François Hollande au Mali : les trois objectifs inavoués de l’opération Serval
Hollande se rend ce samedi au Mali, sur fond de «réussite des troupes françaises sur le terrain», à en croire les déclarations officielles et les médias français. «Jusque-là, indiquent des sources à Algeriepatriotique, l’opération Serval se déroule comme à l’instruction. C’est, de ce point de vue, un atout pour l’armée française qui ne dispose pas en Métropole de terrain de manœuvre, habituée qu’elle est à des sorties de camp ne dépassant pas une compagnie à la fois et par camp d’entraînement.» Pour Paris, il ne s’agissait pas seulement de sauver un régime moribond et donner un coup d’arrêt à des bandes armées semant la terreur. C’est, pour l’armée française, l’occasion de tester ses capacités militaires et la réaction de son dispositif déployé en Afrique. Le Livre blanc des années 2008 et 2010, les accords de défense entre la France et des pays africains – quoique ne contenant pas de clauses secrètes sur des possibilités d’intervention des forces armées françaises en vue du maintien de l’ordre intérieur dans certains pays – pousse les spécialistes à se poser des questions, «quand cette même France maintient un dispositif militaire important en Afrique». Il est question, dans ce document, de «renouvellement de ses accords de défense». Mais lesquels réellement ? En prenant en compte simplement les états des forces en Afrique dans les années 2010, on s’aperçoit que ces forces sont stationnées en Côte d’Ivoire, au Tchad, en République de Centre-Afrique, au Sénégal, au Gabon, à Abou Dhabi et à Djibouti. D’autres forces dites de souveraineté sont stationnées, elles, dans l’île de la Réunion et à Mayotte. Toutes ces forces sont en mesure de se déployer et de monter en puissance lorsqu’il s’agit de faire face aux éventuelles atteintes à la sécurité de la France. Elles constituent des points d’appui pour des capacités d’action et de soutien logistique à ce type d’actions. Il est vrai que tous ces pré-positionnements tiennent compte de ce que les Français appellent «l’arc de crise», tel qu’ils le décrivaient déjà en 2008, qui s’étend de l’Atlantique à l’océan Indien, de la Mauritanie au Pakistan, en recouvrant notamment la zone sahélienne, de la Mauritanie jusqu’à la Somalie. «Il serait faux de croire, notent nos sources, que la France, à travers ce dispositif, ne fait preuve que d’altruisme et n’a pas d’intérêts à défendre. Que non !» Il s’agit pour elle de maintenir sa place dans le monde, ce qui est d’un «intérêt stratégique énorme» afin de «siéger dans la cour des grands et de pouvoir faire activer ses leviers politiques quand cela est nécessaire». Pour étayer leur propos, nos sources citent le rôle de la France dans certains pays de l’Afrique et les conséquences qui s’en étaient suivies. Il s’agit aussi, pour Paris, de défendre ses intérêts immédiats, «sans quoi Areva ne serait pas au Niger tout près du théâtre des opérations, le Mali, et les centrales atomiques qui fournissent à la France les trois quarts de son électricité seraient aujourd’hui à l’arrêt», soulignent nos sources. Disposer d’une force de 15 000 hommes en Afrique, continent pour qui les convoitises sont multiples, est une tête de pont idéale pour tous types d’interventions sans exclusive aucune. «Néanmoins, au Mali, il n’y aura pas d’enlisement de la France.» Nous reviendrons sur ce dernier point dans un prochain article.
M. Aït Amara
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