Les magistrats décidés à poursuivre Sellini en justice

Une vive tension règne encore à la cour d’Alger. Le divorce est bien consommé entre les juges et les avocats après le grave incident qui a eu lieu entre le président de la 8e chambre criminelle, Tayeb Hellali, et le bâtonnier d’Alger, Abdelmadjid Sellini. Le syndicat des magistrats, présidé par Djamel Aïdouni, a décidé de poursuivre ce dernier en justice. Bien que la décision finale sera prise ce mercredi lors d’une réunion extraordinaire du syndicat, la sentence semble avoir été déjà dite. «Le comportement du bâtonnier d’Alger est inadmissible», aux yeux de Djamel Aïdouni qui estime que rien ne peut justifier «un tel dérapage verbal» à l’égard d’un magistrat. De leur côté, les avocats estiment que cet incident en dit long sur l’emprise des juges sur l’appareil judiciaire et sur le déséquilibre des pouvoirs et des rapports entre avocats et magistrats qui met en danger le droit à la défense constitutionnellement garanti. Les deux ligues des droits de l’Homme, la LADDH de Noureddine Benissad et la LADH de Boudjemaâ Ghechir s’érigent en digue contre cette «attaque massive» contre les avocats. Ces derniers comptent bien défendre l’honneur de leur profession et se concertent, depuis leur action de boycott des audiences largement suivi hier, pour une riposte «globale et groupée». Ils profitent de ce dérapage pour remettre sur la table leur revendication d’une loi régissant la profession qui protège l’avocat en sa qualité du garant du droit à la défense. Ces tensions reflètent le malaise que connaît la justice algérienne depuis longtemps.
S. Baker
 

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