Logement pour les médecins au sud : Sellal prêche dans le désert
La disponibilité des logements pour les médecins spécialistes est une mesure à laquelle appelle le Premier ministre dans tous ses déplacements à l’intérieur du pays. Lors de sa dernière sortie à Tamanrasset, Abdelmalek Sellal a insisté, ainsi que le nouveau ministre de la Santé et de la Réforme hospitalière, Abdelmalek Boudiaf, sur l’urgence de doter les wilayas du Sud de médecins spécialistes en soulignant l’importance de leur accorder le droit au logement d’astreinte. A Adrar, Sellal a estimé qu’«il est important de consacrer plus de deux logements de fonction pour chaque service de santé dans les établissements hospitaliers». Dans les faits, la plupart des directions de santé publique des wilayas (DSP) font fi de tout cela. Ce n’est pas nouveau, puisque ces orientations émanaient de tous les ministres de la Santé, sans qu’elles soient réellement suivies d’effet. Les témoignages recueillis auprès de jeunes médecins effectuant leur service civil reflètent une situation peu reluisante. En se rendant sur les lieux de leur affectation, la plupart sont confrontés à d’énormes difficultés d’hébergement et de transport. En absence de logement d’astreinte, ceux qui le peuvent préfèrent faire des centaines de kilomètres par jour pour rejoindre leur lieu de résidence au lieu de rester à l’hôpital. D’autres, trop éloignés, sont obligés de se suffire par exemple d’une chambre de résident sur le lieu de leur affectation. Dans ces conditions, une vie décente s’avère impossible surtout lorsque les médecins se déplacent en famille. De plus, de telles conditions de prise en charge et les contraintes multiples auxquelles font face les médecins ne peuvent que se répercuter sur leur travail. Des réalités qui expliquent l’absence d’engouement des spécialistes à travailler loin de leur lieu de résidence, d’où le manque constaté dans les villes de l’intérieur et du Sud. Les responsables qui donnent leurs orientations à partir d’Alger devraient donc prendre des mesures «réelles» et s’assurer de leur application sur le terrain. Ce ne sont pas des effets d’annonces politiques tonitruantes qui régleront le problème.
Meriem Sassi
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