Persistance des affrontements intercommunautaires à Ghardaïa : le populisme envenime la situation
Les autorités politiques ont l’air de sous-estimer les risques d’une fracture irrémédiable dans la vallée du M’zab, nonobstant toutes les alertes et toutes ces informations alarmantes qui nous parviennent de cette partie du pays. D’abord, le gouvernement a trop attendu avant de promettre, forcé par la pression des médias, une «initiative» pour bientôt. Il est certainement trop absorbé par ses préoccupations de survie. Or, cette escalade est au moins à son deuxième mois, depuis la reprise des affrontements entre les deux communautés qui occupent les quatre principales villes de la vallée. Qu’a fait le gouvernement pour juguler ce conflit et l’empêcher de se propager et de s’envenimer à part le recours à la force ? Il sait pourtant bien que toutes les recettes, héritées des anciens appareils politiques qui ont régné depuis l’Indépendance, n’ont aucun effet sur le terrain. Ces conseils dits de réconciliation, souvent imposés aux véritables meneurs des deux camps, n’ont fait que discréditer l’Etat et annihiler son rôle d’arbitre dans cette affaire. C’est cette absence d’une approche politique viable qui a certainement fini par exposer les services de sécurité, notamment la police, à la vindicte d’une frange de la population de la région, et laissé le champ libre à toute sorte d’aventuriers politiques. Des éléments des forces antiémeutes qui se mêlent, naïvement ou consciencieusement, à des jeunes manifestants pour lancer des pierres et des cocktails Molotov contre les manifestants de l’autre camp et un militant activiste, connu dans la région, condamné il y a deux semaines à une année de prison ferme par le tribunal de la ville de Ghardaïa, mais qui continue à faire des déclarations incendiaires, sans se sentir inquiété le moins du monde. Nous sommes dans une véritable situation de non-Etat qui appelle des mesures courageuses, loin de tout populisme.
R. Mahmoudi
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