La France de Hollande est l’héritière du Mitterrand ministre de la IVe République qui guillotinait les militants du FLN

Comprendre ce qui se passe en ce moment en France demande plus, beaucoup plus, que de l’indignation, encore moins que les analyses simplistes des théories du complot –incapacitantes et qui détournent de l’action politique ou des élucubrations antisémites ou négationnistes. La domination politique et idéologique de l’axe américano-sioniste – les deux vont de pair – en France s’explique par des rapports de domination impérialiste et néocoloniaux imposés depuis des décennies. Elle s’explique aussi par une lutte interne au sein des élites françaises, un processus de reconquête politico-idéologique mené dès l’instauration du régime gaulliste en 1958 par les Etats-Unis et l’Otan. Et par le lobby israélo-sioniste après 1967. La «grande politique européenne» de de Gaulle en Europe et dans le monde a été un insupportable défi à l’ordre américain. La «politique arabe» de la France un autre défi, tout aussi inacceptable. Il fallait dès lors ramener à l’ordre la France. Ce sera chose faite avec Sarkozy et Hollande. Le «parti américain», c’est ainsi que Jean Thiriart désignait dès 1962 les partis du système dans toute l’Europe, de l’extrême gauche à l’extrême droite atlantistes, toutes tendances confondues (Thiriart y ajoutait comme «ennemis de l’Europe» les «petits nationalismes» du type FN qui assurent la division intra-européenne face à l’impérialisme). Et que le PCN les désigne plus que jamais. Ce système qui depuis un certain 6 juin 1944 assure la colonisation de l’Europe. Cette UE qui n’est pas une puissance impérialiste – comme certains à Paris la rêvent encore – mais bien la première et la plus riche des colonies américaines. Le «parti américain» c’est ainsi aussi que le général de Gaulle et les gaullistes historiques nommaient à la fois la social-démocratie française et leurs rivaux de droite, les Giscard, Mitterrand, Lecanuet ou Tixier-Vignancourt (qui annonçait le FN). Cette droite atlantiste nostalgique de la sujétion à l’Otan. Ou encore cette démocratie chrétienne tout aussi atlantiste. L’ironie aura été que c’est de l’intérieur même du parti gaulliste, tombé en décadence idéologique, qu’est venue la reprise de contrôle politico-militaire de la France par les Etats-Unis : Sarkozy et ses «néocons» à passeports français. Avec l’incapacitant et vassalisant retour dans l’Otan, car cette dernière n’est pas aujourd’hui que l’URSS n’existe plus, pas plus qu’hier, le «bouclier de l’Europe» (sic), mais son harnais. Un outil politique, militaire et diplomatique de vassalisation et de contrôle qui assure aux Etats-Unis à la fois le dédoublement de ses moyens militaires – l’Otan c’est l’infanterie coloniale du Pentagone –, le contrôle de ses industries d’armement – clé du développement industriel et scientifique –, un marché continental pour le lobby militaro-industriel US, et enfin la sujétion de la diplomatie et de la politique étrangère de l’UE à celles de Washington. Et accessoirement à celles de son allié et complice de Tel-Aviv. Le péché originel de l’UE, cette pseudo «Europe» croupion – qui est tout sauf l’Europe –, est précisément la sujétion, inscrite dès le Traité de Maastricht, de sa défense et de sa politique extérieure à l’Otan et à l’hégémonie américaine. Et c’est cette sujétion qui conduit à l’échec de l’UE, qui l’empêche de devenir Etat et empire transnational, et qui explique l’échec annoncé de l’euro. Car la monnaie unique et le marché unique doivent pour aboutir déboucher sur l’Etat fédéral, voire unitaire (relire Thiriart). Faute d’assurer les pouvoirs régaliens de défense et de désignation de l’ennemi (relire Karl Schmitt), l’UE est incapable d’assumer durablement celui de battre monnaie. Le «parti américain» c’est aussi évidemment la social-démocratie – qui n’a plus rien de «socialiste» depuis août 1914, depuis son ralliement aux nationalismes petits-bourgeois et au parlementarisme bourgeois. Celle des Mitterrand, Jospin, Hollande et autres Valls – la gauche ouvertement américaine, en pâmoison devant Obama – ou Fabius. Cette social-démocratie française et européenne qui a été de toutes les aventures coloniales à l’extérieur et a soutenu toutes les sujétions coloniales à l’intérieur. La France «otanisée» de Hollande, chien courant de l’impérialisme américain au Sahel, en Afrique centrale ou au Moyen-Orient, acharnée à abattre la Syrie, est l’héritière du Mitterrand ministre de la IVe République qui guillotinait les militants du FLN. Ou du Mitterrand de la Ve République qui engagea la France dans la première guerre du Golfe – celle de Bush père – et dans le démantèlement des deuxième (Tito) et troisième Yougoslavie (Milosevic), contre les alliés de la France qu’étaient Belgrade et Bagdad. Dans ces conflits voulus par Washington que le grand géopoliticien autrichien Von Lohausen qualifiait fort justement de «guerres contre la Grande-Europe». J’ai souvent insisté dès l’avènement des années Sarkozy, qui annonçait clairement ses options atlantistes et philo-américaines, sur le fait que la réintégration politico-militaire de la France dans l’Otan mettait un terme à la validité de ce concept. Sans politique réelle gaulliste – hors de l’Otan, contre Washington – plus d’axe Paris-Moscou. Je suis agacé de lire encore sous la plume d’amateurs sans culture historique ou géopolitique la mise en avant de ce concept des années après la trahison fondamentale de Sarkozy.
Luc Michel
 

Comment (2)

    Anonyme
    18 janvier 2014 - 8 h 09 min

    La guillotine au moins quand
    La guillotine au moins quand elle passe plus de souffrance, le terrible couteau du FLN, lui …. parfois il n’était même pas aiguisé il est vrai qu’il était beaucoup trop sollicité surtout pour couper la gorge de civils en général totalement innocents.

    qu'importe
    11 janvier 2014 - 23 h 27 min

    Votre analyse , trotskyste,
    Votre analyse , trotskyste, met dans le même sac l’UE (29 pays)et l’Union Monétaire (18 pays) ; pour nous (tiers monde)confondre les 2 exposerait à de sérieux revers ; l’UE est au service des USA dont elle est le sous traitant , l’UM c’est à dire l’EURO est le concurrent direct des USA c’est à dire du dollar . C’est Pompidou qui a fait rentré l’Angleterre dans la Communauté européenne pour qu’elle ne la sabote pas (alors que De Gaulle s’y était toujours opposé)et c’est le contraire qui s’est produit . Les USA comptent sur l’enchevêtrement des deux pour empêcher L’Allemagne d’émerger en tant qu’unique super-puissance européenne ,ce qui conduirait l’Europe à un rapprochement important avec la Russie et la chine et au détriment des USA ; pour cela (1) l’Angleterre comme cheval de Troie (c’est ce qu’avait toujours craint De Gaulle) (2)La France en tant que parasite.Le problème pour nous c’est que cette lutte tripartite USA-UM-Chine+Russie va faire (fait déjà)des dégâts considérables dans les pays faibles

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