Retraite des fonctionnaires : la circulaire de la discorde

L’application de la circulaire du Premier ministre Abdelmalek Sellal visant à mettre à la retraite les fonctionnaires ayant accompli leurs pleines années de service, au profit de jeunes cadres, donne lieu à une application pour le moins subjective. Alors que certains cadres ayant à peine atteint l’âge requis sont d’ores et déjà remplacés, d’autres «intouchables», parce que protégés par des responsables influents, sont gardés à leurs postes bien qu’ils aient largement dépassé l'âge de départ à la retraite. Leurs liens de parenté ou d’amitié avec tel ou tel responsable les prémunissent, nous disent certains fonctionnaires indignés, contre toute velléité de mise à la porte pure et simple, appliquée à de nombreux cadres. Une situation de passe-droits et d’inégalité devant la loi qui indigne beaucoup de fonctionnaires qui assistent impuissants à cette politique de deux poids, deux mesures. Certains nouveaux ministres ont déjà dégommé tous les fonctionnaires ayant été placés comme le veut la «tradition» par leurs prédécesseurs, et en profitent pour libérer, à leur tour, des postes pour leurs amis et aux cadres qui sont restés en poste dans les départements précédemment occupés avant le changement de portefeuille. Les membres des partis respectifs de certains ministres sont également privilégiés et sont parachutés dans les postes les plus en vue, alors que d’autres fonctionnaires ayant fait toute leur carrière dans un département attendent depuis des années un hypothétique reclassement ou une nomination par décret. Les mesures ne sont pas appliquées uniquement au sein des ministères, mais, fait plus grave, touchent aussi certaines entreprises des secteurs et même les sociétés de gestion des participations (SGP). La logique économique est totalement bafouée, alors que l’on parle de redynamiser le secteur public pour lequel des assainissements se chiffrant en milliards ont été dépensés pour redonner sa place sur le marché à la production nationale. Entre le discours des ministres et leurs actes, il n’y a, comme toujours, aucune commune mesure et l’intérêt national n’est qu’un vain mot devant l’intérêt personnel. Certains cadres ont déjà été touchés par la mesure et évincés au profit de proches et amis des ministres, sans que les aptitudes requises pour manager des entreprises à vocation économique soient prises en compte. Que les ministres s’arrangent pour avoir un entourage en phase avec leur vision et leur objectif au sein de leur administration va encore, mais que les ministres se permettent de «décapiter» les entreprises au mépris de la raison économique est un véritable scandale.
Meriem Sassi
 

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