Quand le DRS dérange les agents d’influence de l’étranger

Les Algériens ont suivi les publications de l’attaque du secrétaire général du parti FLN contre le Département du renseignement et de la sécurité (DRS). Jamais de mémoire un responsable politique dans le monde ne s’est attaqué directement aux services secrets de son pays, comme il est le cas aujourd’hui avec un homme sorti de l’ombre pour se mettre sous les feux de la rampe. Certains ont pris des références, d’autres se sont contentés d’apprendre la nouvelle bouleversante. Cette attaque, qui peut être considérée comme une action subversive, a surtout un but didactique. Il s’agit moins de relater des faits nouveaux que d’une lecture qui fait le lien entre des événements souvent connus, spectaculaires ou non, qui paraissent plutôt disparates et conjoncturels mais derrière lesquels se profilent toujours des motivations de géostratégie politique et de raison d’Etat. L’Algérie n’a jamais depuis le recouvrement de sa souveraineté été à l’abri des destructeurs, des services de renseignement de puissance étrangers, en particulier des services français et du Mossad. Si l’ancienne génération avait appris en quelque sorte des événements survenus durant les années soixante, soixante-dix et quatre-vingt, celle d’aujourd’hui, vu l’absence des repères d’histoire et des publications sur ces événements, est dans une ignorance totale. En art, elle ne connaît que le raï, en politique les généraux, en ce qui concerne la Révolution, beaucoup de jeunes nous demandent pourquoi la France était chassée de l’Algérie, beaucoup de zones d’ombre enveloppent la vie de cette jeunesse. D’abord, les Algériens n’ont qu’une seule patrie qui est l’Algérie, et ce pays très riche est convoité depuis 1962 par les ennemis d’hier. La période de la décennie noire (terrorisme) n’est qu’une mauvaise partie du long feuilleton. Déjà en 1976, les services algériens avaient fait face à de redoutables espions et traîtres qui ont tenté de déstabiliser Alger par la pose de bombes. En toute âme et conscience, nous relatons les faits tels qu’ils se sont déroulés en ce mois de janvier 1976. Cette soirée du 3 janvier vers 21h45, en plein centre d’Alger, une explosion déchire le silence glacial qui régnait dans l’entrée de l’immeuble qui abrite les locaux du quotidien national d’information El Moudjahid, au 20, rue de la Liberté. Rapidement, les pompiers se rendent sur les lieux, suivis par des éléments de la police, qui sans peine, déterminent l’origine cette explosion. La Sécurité militaire est appelée : «Il s’agit bien d’un acte terroriste et l’explosion est provoquée par une bombe déposée par une main criminelle.» L’information sera classée en premier temps top secret pour faciliter le déroulement de l’enquête. Quant à l’APS, elle ne parle que d’un accident probablement dû à une accumulation de gaz. Trois jours après, les éléments des services de sécurité arrêtent un groupe d’espions qui se compose de nostalgiques de l’Algérie française, de traîtres et de mercenaires liés directement à des services spéciaux étrangers : Tadesco Ignaso, Roméo Bertin et Haroun Mohamed. Ils n’en étaient pas à leur premier crime. Voici leurs opérations antécédentes : 14 décembre 1973 : attentats terroristes contre le consulat général d’Algérie à Marseille. Le 3 février 1975, pose de bombes au siège de la représentation d’Air Algérie à Lyon. Le 26 juillet 1975 : pose de bombes dans les locaux de l’Amicale des Algériens en Europe de Paris, de Roubaix et de Lyon. Le 18 août 1975 : pose de bombes aux sièges des ambassades d’Algérie à Rome, Londres et Bonn. Le 3 novembre 1975 : pose de bombe au consulat d’Algérie à Nice (France). Arrêtés, les espions terroristes affirment être membres d’une organisation clandestine : SOA (Soldat de l’opposition algérienne) dont les faits remontent au 18 décembre 1975, lorsque le nommé Rousseaux Claude Pascal, de nationalité française, débarque à l’aéroport d’Alger en provenance de Marseille. Les formalités de police se passent, apparemment sans difficultés. De l’aéroport même, Rousseaux téléphone à ses responsables en France pour leur communiquer que tout allait comme prévu. Il prend un taxi et s’installe à l’hôtel de Genève, rue Abane Ramdane, à Alger-Centre, et attend l’arrivée des autres agents. Douze jours après, le 30 décembre, deux Italiens, Tedesco Ignasco et Bertin Aureolio, débarquent au port d’Alger, en provenance de Madrid via Palma de Majorque avec un véhicule de marque Seat immatriculé en Espagne sous le numéro M768401 Ils quittent le port et s’installent à Alger-Centre. Le lendemain, 31 décembre 1975, dans le drugstore de la rue Didouche Mourad, ils prennent contact avec Rousseaux après avoir échangé le mot de passe et deux moitiés d’un même billet de dix francs français. Les trois terroristes conviennent de se rencontrer de nouveau le 2 janvier 1976 dans un lieu isolé de la ville d’Alger. L’espion Rousseaux reçoit un colis contenant huit bombes et des documents qui avaient été acheminés dans une cache à bord de la Seat, les douaniers n’ont vu que du feu, après quoi Bertin et Tedesco contactent par téléphone un certain Laurent Jean à Madrid pour l’informer de la bonne marche de la première tranche de la mission. Dans la soirée du même jour, les trois agents étrangers se retrouvent de nouveau. Bertin, un spécialiste en explosifs, explique le fonctionnement du système de mise à feu des bombes conçues selon une technique de pointe propre aux services secrets. Rousseaux entre en contact, dans la journée du 3 janvier 1976, avec Chami Amrane et Haroun Mohamed auxquels il explique à son tour la mise à feu des bombes. Pourquoi Chami et Haroun ? Tout simplement parce qu’ils passent inaperçus pour poser l’engin explosif, le réseau étant surveillé par la Sécurité militaire depuis son arrivée. Rousseaux est arrêté le 3 janvier ainsi que Daniel Paul Danielo, de nationalité française, qui était chargé de financer les espions terroristes devront opérer à Alger. Le SDECE et le Mossad n’ont jamais fait le poids devant la redoutable SM. Rousseaux, lors de son interrogatoire, a déclaré : «La préparation de cette mission qui devait être une action d’éclat a commencé lors de mon recrutement à Paris, en 1973, par l’officier Benêt Jacques, des services spéciaux français exerçant sous couverture à la Direction du plan, au boulevard de la Madeleine, à Paris. Après une période de mise au point de formation et de contrôle, un salaire mensuel de 36 000 FF m’a été attribué non compris les primes qui s’ajouteront. On m’a mis en contact avec Kaâouane, j’ai exécuté alors l’attentat contre le consulat général d’Algérie à Marseille le 29 décembre 1973, puis j’ai participé avec mon organisation à la pose des bombes à la représentation d’Air Algérie à Lyon le 3 février 1975 et contre les locaux de l’Amicale des Algériens en Europe à Paris, Lyon et Roubaix le 26 juillet 1975, et contre les ambassades d’Algérie à Londres, Bonn et Rome, le 18 août 1975. J’ai moi-même déposé la bombe à l’ambassade algérienne à Bonn. Juste après, j’ai franchi la frontière allemande, et je me suis rendu en RDA. Le mois de septembre 1975, j’ai été envoyé à Toulon sur ordre de l’officier traitant Benêt. J’ai été pris en charge par un certain Joseph Ortiz, ancien membre de l’OAS (agent du Mossad) et en octobre 1975, j’ai assisté à une réunion avec Joseph Ortiz, Kaâouane et Eugène Ibanez et d’autres personnes, tous des agents des services spéciaux comme Rousseaux René et le colonel Roger (René qui est parfois agent immobilier à Brignoles dans le Var, parfois propriétaire agriculteur dans le Gard, est en réalité un cadre des services spéciaux et l’un des hommes clés des opérations menées contre les Algériens et l’Algérie.» Quant au colonel Roger, connu pour son appartenance au SDECE, il avait piteusement échoué dans l’envoi en Algérie d’agents de renseignement (espions) recrutés et formés en France ; plus tard, durant les années quatre-vingt-dix, le colonel Roger serait impliqué dans l’affaire des assassinats des moines de Tibhirine où il a débarqué en Algérie en qualité d’officier traitant de Jamel Zitouni, chef du GIA et très familier avec le siège de l’ambassade de France à Alger. Rousseaux Claude Pascal relate dans sa déposition : «Au cours de cette réunion, il a été décidé de créer une nouvelle organisation à partir de la fusion des anciens membres de l’OAS et du SOA, qui devait prendre le nom de l’ALP. Armée de la libération populaire.» Le recrutement au sein de cette organisation répondait à certains critères. Il fallait être ex-harki, fils de harki, ancien collabo (traître), fils d’anciens collabos, pied-noir, colon, juif raciste et sioniste. Bertin et Tedesco, arrêtés en flagrant délit, n’ont pas nié qu’ils fussent détenteurs de vraies fausses pièces d’identité. Ainsi, Bertin Aurelo se nomme en réalité Grégorie Villagran Anderson né le 28 juillet 1937 à Ascension, au Paraguay, de nationalité paraguayenne ; il détenait un passeport guatémaltèque au nom de Pais Ochoa Ricardo né le 28 juillet 1937 au Guatemala, fils de José Maria et de Maria Louisa, et domicilié à Madrid. Il a exercé avec le consul général du Guatemala à Ottawa (Canada), où il a eu pour mission de s’occuper de l’émigration aux USA. Il avait été recruté à Laurent Jean, à Madrid, par une Américaine nommée Gilles Maxwell, employée dans une agence immobilière, laquelle agence dirigée par un ancien colonel de l’aviation US, Auguste Woltz, était en réalité une antenne de la CIA. Tedesco ignazio se nomme en réalité Xavier Lecumberi Martinez né le 8 juin 1941 à Marseille, fils d’Antoine et de Juliette Martinez. Il avait séjourné auparavant, pendant plusieurs années en Algérie, notamment à Bab El-Oued, 8, avenue de la Mairie, avant d’émigrer en Espagne, à Alicante. Parmi les deux agents entraînés aux actes de sabotages, Bertin, alias Pais Ochoa, qui a servi depuis 1958 plusieurs services spéciaux, reconnaît avoir déposé la bombe qui a explosé le 18 août 1978 à l’ambassade d’Algérie à Londres. Et c’est Laurent Jean alias Gusto qui, en Espagne, avait remis les huit bombes et les nouveaux systèmes de mise à feu aux espions terroristes dont il avait eu la charge de former. Quant à Martinez Lucumberie, son rôle s’était limité à faire exploser la bombe du siège d’El Moudjahid. Ainsi, à l’époque déjà, le Service de documentation externe du contre-espionnage français, SDECE, avait utilisé et continue aujourd’hui à le faire un ramassis de mercenaires, de traîtres, de collaborateurs, de nostalgiques de l’Algérie française et de fils de harkis pour semer les troubles en Algérie. Qui est Kaâouane d’origine algérienne, de nationalité française, né en 1930 ? Il quitta l’Algérie en 1942 pour rejoindre son frère installé en France. Recruté par les services spéciaux français, il fut chargé d’infiltrer la fédération FLN de France, avec pour mission de repérer les responsables FLN, à leur tête Abou Daoud, et les militants français qui avaient prêté assistance au FLN, les porteurs de valises ou le réseau du professeur Francis Janson, appelé aussi le réseau des prêtres. Démasqué par la sécurité du FLN-ALN, il fait l’objet d’une condamnation à mort. Depuis son exécution ratée, le 20 août 1958, il est resté au service de ses employeurs (SDECE). En 1963, sur ordre de ses employeurs, il crée un pseudo-mouvement inspiré des idées anachroniques et destiné en réalité à perpétuer le néo-colonialisme en Algérie. Kaâouane retourna en Algérie en 1965 où il est chargé d’installer un nouveau mouvement ; dès son arrivée, il est arrêté par les jeunes éléments de la SM, il reconnaît alors avoir été recruté et manipulé par le colonel Fourcaud, élément connu des services spéciaux dont le nom a été cité dans cette affaire. A sa libération, Kaâouane rejoint la France, il lui arrive de séjourner au Portugal aussi. En 1970, il publie en France un livre dont le titre est en lui-même un aveu : Reconstruire l’Occident, ouvrage préfacé par Georges Bidault connu pour ses positions réactionnaires et colonialistes sionistes. Dans le courant du mois d’octobre 1973, Kaâouane crée, toujours sous les ordres du même employeur, un nouveau mouvement du nom de SOA, abattant ainsi ses cartes et clarifiant aussi publiquement sa position. Ce mouvement s’attaque aux représentations et aux travailleurs algériens en France et en Europe. En 1975, les services secrets d’outre-Méditerranée ont imaginé l’histoire de la disparition de Noël Kaâouane entre la Suisse (Lausanne) et la France (Paris). Cette nouvelle avait été propagée avec la complicité de l’AFP, Agence France Presse, plus exactement par le journaliste Caccille Gilles, connu pour ses attaches extra-professionnelles. A retenir, aussi, l’impunité de Kaâouane alors qu’il revendiquait à plusieurs reprises les attentats commis contre les représentations diplomatiques et consulaires de l’Algérie en Europe, animé par un sentiment hostile envers l’Algérie. Il collaborait aussi avec le Mossad. En réalité, Kaâouane était un juif d’Algérie.
Nos services n’ont jamais failli dans leur mission, il n’est pas question de défendre ou prendre position pour le DRS, cet appareil est capable de se défendre lui-même, mais la réalité devrait être connue par les Algériens. Cet appareil sécuritaire n’a jamais chômé depuis sa création et même avant. Au Maroc, lors de la visite de Jamal Abdenasser, le Mossad avec l’assistance de quelques juifs marocains a préconisé l’assassinat du leader égyptien, et c’est grâce à la vigilance et la mobilisation des agents algériens, l’assassinat a été déjoué et des arrestations opérées. En 1987, l’Algérie a été impliquée dans un type de transaction politique, mais un procès bien géré a étouffé le scandale et les services secrets algériens ont saisi cette opportunité pour nettoyer les écuries d’Augias. Les conséquences de l’héritage historique sont infiniment plus dévastatrices, elles sont en train de faire imploser plusieurs pays africains. En Algérie, elles déterminent presque toutes les démarches des différents acteurs politiques et impulsent à la société des pressions dont les effets se propagent jusqu’à la cellule familiale. Prenons un exemple concret pour illustrer ce phénomène : lorsque, en 1988, une dame algérienne politique et deux militantes de son mouvement reçoivent, à Paris, trois chèques pour organiser «une journée d’étude» sur la femme algérienne et la démocratie, aucun journal français n’en fait état. Pourtant, la rencontre a bien lieu dans une institution française, l’Institut du monde arabe (IMA) dirigé alors par M. Edgar Pissani. La plus grosse partie de la subvention venait de trois ministères français, autrement dit, des fonds de l’Etat constitués en partie des impôts publics.
Une saine approche de cet événement voudrait qu’il ne s’agisse là que de la concrétisation du soutien de la France à la culture, au droit à la démocratie et bien sûr à la protection des droits de la femme quelle que soit son origine ou sa nationalité. Cette dame politique représentait une organisation, un mouvement féministe et un programme politique pour lesquels d’autres citoyens algériens et français militaient depuis 1981 et continuent de militer dans les deux pays. En outre, cette dame n’était pas la seule à bénéficier de l’aide française, il faut de la publicité, des billets d’avion, entretenir partout les sphères politiques, payer les factures de téléphone…
Cette Sécurité militaire qui devient DRS (Département du renseignement et de la sécurité (DRS)) n’est qu’un service qui protège le pays et la nation, à l’instar des autres services de sécurité et les patriotes de ce pays. Certains individus sans scrupule frappés par la nostalgie du colonialisme continuent à le désigner de tous les noms comme si c’était un «ghoul». Que ceux qui sont frappés d’amnésie jettent un regard vers la CIA, la NSA, la DGSE, le Mossad et les services marocains et égyptiens, pour connaître et surtout apprendre que le DRS Algérien n’a rien de commun avec ces services sanguinaires.
A. B.
 

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